Roland-Garros: Le gentil Chardy a «des armes fantastiques», selon Guy Forget

INTERVIEW L'ancien capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis parle du discret Jérémy Chardy avant le 8e de finale contre Murray...

A Roland-Garros, Nicolas Camus
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Guy Forget lors d'une séance de dédicaces à Paris, le 19 mai 2015.
Guy Forget lors d'une séance de dédicaces à Paris, le 19 mai 2015. — WEISS ALINE/SIPA

Petite devinette : quel le plus beau match d’un Français depuis le début de ce Roland-Garros ? Gasquet qui s’arrache pour sortir Anderson ? Monfils qui revient de nulle part pour éliminer Cuevas ? Oui, ok, c’est pas mal, mais non. Clairement, la performance tricolore la plus impressionnante est à mettre au crédit de Jérémy Chardy, qui a rossé le Belge David Goffin, 17e joueur mondial, au 3e tour (6-3, 6-4, 6-2).

Sauf que les performances de l’ami Jérémy passent souvent au second plan. Il faut dire que le « 5e homme », 28 ans, n’a pas fait la une de Tennis Magazine à 9 ans, ne fait pas de blague en conférence de presse et n’a jamais, il est vrai, marqué les esprits par un parcours hors-norme en Grand Chelem. Avant le 8e de finale qui l’oppose à Andy Murray lundi sur le Central, Guy Forger, qui l’a lancé en Coupe Davis en 2011, estime que ce n’est pas une raison pour le sous-estimer.

Si l’on vous dit que Chardy, c’est ce joueur dont le grand public a entendu parler mais que personne ne connaît vraiment, qu’en pensez-vous ?

Oui, c’est sûr, le grand public ne le connaît pas car les gens suivent plus Nadal, Djokovic, Federer et les noms français les plus connus. Il est moins médiatique que ces joueurs-là. Mais cela va peut-être changer, il n’est pas trop tard. Quand on le voit jouer sur ce Roland, ce sont des victoires amplement méritées. Et cela me fait très plaisir qu’il soit à ce niveau.

Quel sont ses points forts ?

On le sait depuis toujours, c’est un garçon qui a des armes fantastiques dans son jeu, à savoir son service et son coup droit. Ces deux coups-là sont incroyables. Et puis maintenant il commence à avoir de l’expérience. Ce n’est plus un petit jeune qui débarque. Il est capable de s’adapter à des styles différents, on l’a vu avec la manière dont il a enchaîné ses matchs contre Isner et Goffin, qui ont quand même des caractéristiques très différentes. Il joue probablement le meilleur tennis de sa carrière en ce moment.

 

Guy Forget conseille Jérémy Chardy lors d'un Autriche-France de Coupe Davis, le 4 mars 2011. - SAMUEL KUBANI / AFP

 

De l’extérieur, il renvoie l’image de quelqu’un de calme, posé. Comment est-il au quotidien?

Il est comme ça. C’est un garçon très équilibré, respectueux des gens et des autres joueurs, humble. En Coupe Davis, c’est un super équipier. Je peux vous assurer que vous aurez du mal à trouver quelqu’un qui dira quelque chose de pas gentil sur Jérémy.

N’est-il pas trop « lisse », justement, pour se faire véritablement un nom?

Non, ça, je trouve que c’est toujours un mauvais angle d’attaque pour parler d’un joueur. Il y a eu des tas d’exemples de garçons qui étaient comme ça en dehors du terrain, comme Wilander, Edberg, Kuerten, qui sont très humbles et souriants avec tout le monde et qui ont été des champions hors-norme. Ce n’est pas parce qu’on a une grande gueule, qu’on est désagréable ou hyper démonstratif qu’on est un grand champion, capable de gagner des matchs difficiles. Le plus important reste forcément le jeu.

De ce point de vue, que lui manque-t-il alors pour franchir un palier?

Jérémy a un jeu très explosif, alors quand il est moins bien il donne beaucoup de points à l’adversaire. Là, depuis le début de cette quinzaine, ce n’est absolument pas le cas. Il est bien, il met quand même trois sets à zéro à Goffin, qui est très en forme en ce moment. C’est impressionnant. Et je crois sincèrement qu’aujourd’hui il a tout pour continuer à ce niveau.