RUGBYLes All Blacks sont-ils redevenus « la meilleure équipe du monde » ?

Coupe du monde de rugby : En trois raclées de rang, les All Blacks sont-ils redevenus « la meilleure équipe du monde » ?

RUGBYComme contre la Namibie et l’Italie, la Nouvelle-Zélande a signé un festival offensif, jeudi au Parc OL, face à l’Uruguay (73-0). De quoi reprendre un statut de grand favori de la Coupe du monde de rugby, malgré le revers initial contre les Bleus ?
Tout l'effectif néo-zélandais semble accompagner Will Jordan dans la zone d'en-but, alors que celui-ci file tranquillement inscrire l'un des onze essais de la rencontre contre l'Uruguay jeudi (73-0).
Tout l'effectif néo-zélandais semble accompagner Will Jordan dans la zone d'en-but, alors que celui-ci file tranquillement inscrire l'un des onze essais de la rencontre contre l'Uruguay jeudi (73-0). - Andrew Fosker//SIPA / SIPA
Jérémy Laugier

Jérémy Laugier

L'essentiel

  • La Nouvelle-Zélande a obtenu sans trembler sa qualification pour les quarts de finale de la Coupe du monde de rugby, jeudi au Parc OL, en atomisant l’Uruguay (73-0).
  • Les trois carnages enchaînés, avec 73 points d’écart en moyenne, révèlent une montée en puissance des All Blacks.
  • Supposés affronter l’Irlande le 14 octobre, les hommes de Ian Foster se replacent gentiment parmi les favoris dans la conquête d’un titre mondial.

Au Parc OL,

On se demande parfois durant cette Coupe du monde si les All Blacks fascinent toujours autant le monde du rugby en 2023 que dans leurs années les plus fastes. Si on en croit l’émerveillement du trois-quarts centre uruguayen Juan Manuel Alonso Dieguez, jeudi soir malgré la rouste subie face à la Nouvelle-Zélande à Lyon (0-73), la réponse ne fait pas le moindre doute. « Sam Whitelock et Damian McKenzie sont venus boire une bière avec nous dans le vestiaire, raconte l’intéressé en zone mixte avec un sourire d’enfant. C’est vraiment un honneur et un rêve pour moi d’affronter cette équipe. J’ai regardé les All Blacks toute ma vie et le simple fait de voir de près le haka m’a donné la chair de poule. J’ai pris des photos avec Ardie Savea, Beauden Barrett, Caleb Clarke et je les ai envoyées à mes amis, qui sont devenus fous. »

Tels certains adversaires de la Dream Team américaine de basket, lors des JO de Barcelone en 1992, des rugbymen n’hésitent donc pas à assumer leurs postures de fans devant une équipe qui n’était pas encore officiellement qualifiée au coup d’envoi jeudi soir. En trente et un ans, les selfies sur smartphones ont simplement remplacé les appareils jetables. Contestée après sa défaite historique (7-35) contre l’Afrique du Sud fin août, puis après son revers logique en ouverture de la Coupe du monde face aux Bleus (13-27), cette sélection néo-zélandaise semblait destinée à rentrer dans le rang et à gentiment quitter le plateau des grandissimes favoris de la compétition la plus prestigieuse qui soit.

Les All Blacks sont « incroyables à regarder »

Mais ses trois démonstrations dans la foulée, avec 73 points d’écart en moyenne contre la Namibie, l’Uruguay et surtout l’Italie, ont marqué les esprits, quoi qu’on pense de la qualité de l’opposition. « On a clairement vu une différence par rapport à nos précédents matchs, note le capitaine sud-américain Andres Vilaseca. On vient de jouer contre la meilleure équipe du monde. » L’expression est posée : les partenaires d’Aaron Smith, qui s’est tranquillement reposé hors du groupe des 23 jeudi, tout comme Ardie Savea, sont-ils donc redevenus les grands favoris de ce Mondial en France ?

On a pu poser la question à Juan Manuel Alonso Dieguez, et les yeux de l’amour étaient encore de sortie de son côté : « Quand ils ont le ballon, ils sont tout simplement la meilleure équipe du monde. Toutes les options, tous les coups de pied croisés, les coups de pied à suivre… C’est incroyable à regarder. » On oublierait presque de préciser que l’Uruguay a résisté à la marée noire pendant vingt minutes, s’offrant même un essai refusé à Ardao à quelques centimètres près (0-0, 13e). A partir du premier essai de Damian McKenzie (7-0, 20e), il faut reconnaître que l’artillerie lourde des All Blacks était inarrêtable, façon théorie du ketchup de ce cher Cristiano Ronaldo.

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« On a su être chirurgicaux et patients »

« L’Uruguay nous a donné du fil à retordre, note le capitaine des All Blacks Sam Cane. Dans les 20 premières minutes, on a gardé notre sang-froid et on a su être patients pour ne pas laisser les erreurs nous faire douter. » Non, le doute n’habite pas ces joueurs, précieux mélange d’expérience (Smith, la Barrett connection, Cane, le nouveau recordman des capes chez les All Blacks Sam Whitelock) et de polyvalence (McKenzie, Fainga’anuku). « Très fier » de la réaction de son groupe depuis ce délicat 8 septembre, Ian Foster apprécie : « Je pense qu’on a bien rebondi après le premier match et qu’on en a tiré les leçons. J’ai la sensation qu’on monte en puissance. Là, on a su être chirurgicaux et patients ». Deux vertus qui ne seront pas de trop lorsque va se présenter en quarts de finale l’Irlande ou l’Afrique du Sud, le 14 ou le 15 octobre.

« Ce qui est bien avec ce tirage au sort, c’est que peu importe si on finit premiers ou deuxièmes de notre groupe [en fonction du résultat de France-Italie ce vendredi], on aura face à nous un match monstrueux », sourit ironiquement Ian Foster. »

Damian McKenzie, qui est loin d’avoir une place de titulaire garantie au vu de la concurrence, effectue la même projection collective : « Les derniers matchs ont été ouverts. On a trouvé le bon équilibre entre jeu à la main et jeu au pied. On sait que ce sera plus fermé en quart de finale, il faudra donc retrouver le bon équilibre ».

« Les All Blacks vous fatiguent petit à petit »

Pas certain que le blondin de 28 ans se fende de passes dans le dos ou à une main au vu de l’opposition XXL qui s’annonce. Pour lui, l’important était déjà de flamber là, dans un match à la pression relative, afin de convaincre son sélectionneur de miser sur lui. « Il faut tout faire pour se montrer, précise l’arrière. La concurrence est saine à l’entraînement, on se tire vers le haut. »

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L’Uruguay a violemment fait les frais de cette montée en puissance, comme en témoigne son sélectionneur Esteban Meneses : « Les All Blacks vous fatiguent petit à petit, et c’est comme ça qu’ils finissent par gagner, c’est bien la meilleure équipe du monde. » On n’en veut pas à Esteban Meneses : vu la tronche du match livré par un XV de France remanié contre sa sélection (27-12), il n’allait pas faire des Bleus les favoris pour décrocher leur première couronne mondiale.

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