Coupe du monde 2023 : Irlande ou Afrique du Sud, peste ou choléra, on préfère qui pour les Bleus en quarts ?

RUGBY Le XV de France est promis à un quart de finale de Coupe du monde infernal contre l’une des deux meilleures nations du monde. Alors, Irlande ou Afrique du Sud ?

William Pereira
Alors, Johnny ou Kolbe?
Alors, Johnny ou Kolbe? — SIPA - montage WP
  • L'Irlande et l'Afrique du Sud s'affrontent samedi soir à Saint-Denis. Le perdant défiera très probablement les Bleus en quarts de finale.
  • Difficile de savoir quelle est l'option préférable pour les Bleus entre la meilleure nation mondiale du moment et le champion du monde en titre
  • 20 minutes essaie quand même de trancher, sans jamais parler sport. 

Irlande, Afrique du Sud, Afrique du Sud, Irlande. On a beau tourner la question dans tous les sens, la réponse reste la même : « fait chier ». Le XV de France disputera quoi qu’il arrive un quart de finale de l’enfer contre l’une des deux meilleures nations mondiales. Au choix, les Irlandais, invaincus depuis plus d’un an, vainqueurs du tournoi des VI Nations avec Grand chelem et ascendant psychologique sur les Bleus en prime, ou bien l’Afrique du Sud, championne du monde en titre. Les deux s'affrontent ce soir au stade de France pour savoir qui terminera second de poule et jouera les Bleus en phase finale. Plutôt que d’épiloguer en vain sur la puissance des Springboks, l’intensité du jeu irlandais et autres considérations tactiques que vous pourrez lire ailleurs, nous optons pour le contrepied et plus précisimént le premier degré. On préfère qui, entre l’Afrique du Sud et l’Irlande ?


Les hymnes

Chacun se sera fait massacrer le sien par la chorale des enfants à qui il manquait visiblement un Gérard Jugnot. Sur ce point, c’est match nul. Pour le reste, c’est tout aussi serré. On est là sur deux des plus beaux hymnes de cette Coupe du monde de rugby. Musicalement, on appréciera les notes festives de « the Soldier’s song », qui s’écoute aussi bien avant d’aller faire la guerre à la police britannique qu’entre potes autour d’une Guinness. L’hymne sud-africain porte quant à lui une haute valeur symbolique puisqu’il combine les cinq langues les plus parlées du pays dans un chant composé de l’ancien hymne de l’Afrique du Sud et un chant liturgique africain cher aux mouvements anti-apartheid. Verdict : match nul

Les coiffures

Dans le coin bleu, il nous vient d’Afrique du Sud, mesure 1m34 (1m70 pour de vrai), pèse 80 kg et joue pour les Yokohama Canon Eagles. Demi de mêlée reconnu parmi ses pairs, il n’arrive néanmoins pas à la cheville d’Antoine Dupont. Faf De Klerk se distingue par son style capillaire marqué par un amour du balayage blond. Son crâne suinte les années 2000, celles de Britney Spears et David Beckham. 

Dans le coin rouge, né en Nouvelle-Zélande, et autrement grand et costaud (1m88 pour 101kg), il évolue au Leinster comme tout Irlandais qui se respecte. Ailier voire arrière, James Lowe arbore une crinière en apparence discrète par effet de constriction. Une fois l’élastique détaché, ses cheveux révèlent leur vraie nature : indisciplinés comme un ado en pleine puberté, tentaculaires et d’un noir perçant, difficile de ne pas voir chez cet homme la version moins chère d’Aquaman. Son style est plus contemporain que celui du Sud-africain et, comme on n’est pas des boomers nostalgiques, on vote logiquement Irlande.

Parce qu'il le vaut bien
Parce qu'il le vaut bien - Steve Haag Sports//SIPA

La politique

L’Afrique du Sud est championne du monde en titre de rugby… et d’inégalités structurelles. Un rapport de la banque mondiale daté de 2022 épinglait le pays austral, où l’héritage de l’apartheid demeure. Au lieu de voler un essai à Abdelatif Benazzi en 1995 pour la belle histoire (et pour offrir un super rôle à Matt Damon), il eut mieux valu se pencher sur le rééquilibrage d’une société toujours plus arrangeante pour les blancs que les noirs : les premiers bénéficient toujours des richesses accumulées sur des générations à l’époque de la ségrégation et les seconds font face à des « inégalités d’opportunités » héritées à la naissance, souligne le rapport.

Rien de tout cela en Irlande, quoique tout aussi accommodante vis-à-vis des plus forts. Paradis fiscal pour les GAFAM du fait de d’un impôt sur les sociétés extrêmement bas (12,5 %), l’Irlande a signé un accord avec l’OCDE pour le monter à 15 % pour les entreprises générant plus de 750 millions de chiffres d’affaires (soit la plupart des grands groupes technologiques installés dans le pays). Ne comptez pas sur nous pour applaudir ce minuscule effort. Verdict : match nul

Les supporters

Gueulards et sans-gêne, les supporters sud-africains nous avaient laissé une très mauvaise impression en 2019 au Japon, où ils n’avaient pas brillé par leur respect du pays hôte. Quatre ans plus tard, on les attend logiquement au tournant. Le supporter irlandais est quand même un peu plus marrant. Seul bémol, le nombre : on l’a vu à Nantes, un raz-de-marée celte (bourré), c’est autant de pollution sonore que le périph en heure de pointe. Victoire irlandaise quand même.

Le degré de francité (coefficient béret baguette)

Qui n’a jamais commis l’erreur de terminer une soirée bien arrosée au Sullivan ? Dix euros la pinte, cher payé pour danser dans l’équivalent festif d’une rame de métro bondée à 8h du mat, avec bonus sol collant à force de renverser de la bière partout (jamais une bonne idée de gesticuler verre à la main). Aux Irish pub de la capitale, on favorisera l’approche sud-africaine, plus centrée sur l’affect. Le capitaine Siya Kolisi, a par exemple parfaitement su mettre la Corse, terre d’accueil des Springboks avant le Mondial, dans sa poche. Il aura suffi d’une déclaration :

Je veux remercier une fois encore les Corses pour leur accueil, leur soutien et tout l’amour qu’ils ont donné. Nous représentons bien sûr l’Afrique du Sud mais également, dans notre cœur, nous représentons le peuple corse. »

Ajoutez à cela la liste infinie de rugbymen sud-africains passés par le Top 14 (dont les deux tiers par Toulon époque Boudjellal) et la bonne dizaine qui a fini par porter le maillot du XV de France (Paul Willemse et Bernard Le Roux pour les plus récents), et vous obtenez une victoire haut la main des Springboks.

Les célébrités

En nombre, difficile de rivaliser avec le réservoir irlandais. Du talent pur au m². Bono, Conor McGregor, Colin Farrell, Pierce Brosnan (celui de Mamma Mia, pas le James Bond tout nul), la liste est bien longue. Mais l’Afrique du Sud, c’est la qualité plutôt que la quantité. Nelson Mandela, Charlize Theron, du haut niveau. Mais aussi Elon Mu… Heu non beurk pas lui, Oscar Pist… Bon ok, victoire Irlande.

La musculature

Il y a des images qu’on n’oublie pas. Celle des Springboks, torse nu, congestionnés à mort et secs comme une part de gâteau basque lors de leur préparation d’avant Coupe du monde 2019, en fait partie. De quoi intimider le plus vaillant des gaillards à l’heure d’aller plonger la tête dans un ruck. Pourtant, les Sud-Africains perdent à qui est le plus lourd : le poids moyen du pack irlandais leur met 5kg dans la vue (112kg contre 107kg). Mais au poids des chiffres ont préfèrera celui de l’image. Avantage Afrique du Sud.


Les joueurs (quand même)

Equation très simple. Dans quelle équipe joue Jonathan Sexton ? L’Irlande. Le théorème de l’anti-Sextonisme primaire veut que l’on supporte l’équipe opposée, il faut donc soutenir les Springboks. Eh oui, être un super joueur arrogant pendant plus d’une décennie – la comparaison avec Zlatan ne vient pas de nulle part - ça se paye au bout d’un moment. Et puis de toute façon, on préfère largement les « ish, ish » de Cheslin Kolbe, seul rugbyman au monde avec des appuis de joueur de five. Avantage Afrique du Sud.

Score final : 3-3, décidément, impossible de choisir…