Philip Cocu: «Nous avons les moyens d’être champions du monde»

INTERVIEW L'entraîneur adjoint des Pays-Bas voit grand pour sa sélection...

Propos recueillis par Romain Scotto, à Port-Elizabeth
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Le sélectionneur des Pays-Bas, Bert van Marwijk (à dr.) et son adjoint Philip Cocu (au second plan), lors d'une séance à Seefeld, en Autriche, le 20 mai 2010.
Le sélectionneur des Pays-Bas, Bert van Marwijk (à dr.) et son adjoint Philip Cocu (au second plan), lors d'une séance à Seefeld, en Autriche, le 20 mai 2010. — AFP

De notre envoyé spécial à Port-Elizabeth (Afrique du sud),

Philip Cocu n’a pas beaucoup changé depuis 1998. Pas une ride, pas un  kilo en trop pour l’actuel entraîneur adjoint des Pays-Bas qui préfère  le costume cintré au survêtement flottant. Au même titre que Frank de  Boer, l’ancien international néerlandais épaule Bert van Marwijk à la  tête de la sélection batave. Interrogé dans les travées du stade Nelson  Mandela de Port-Elizabeth, après la victoire des Pays-Bas face au  Brésil, l’ancien milieu défensif explique pourquoi son équipe, qui  affrontera l’Uruguay mardi en demi-finale, peut légitimement viser un  premier sacre mondial…

Cela fait 32 ans que les Pays-Bas n'ont pas joué une finale de Coupe du  monde. Avez-vous le sentiment que votre équipe n'a jamais été si près de  remporter la compétition?
Je ne sais pas... Pour être champions du monde, on devait battre une  équipe comme le Brésil, avec de grands joueurs. Je suis vraiment très  content pour mon pays. Mais nous ne sommes pas surpris d’être là. On  savait qu’on avait notre chance. Nous sommes confrontés à de grandes  équipes, avec de grands joueurs, mais nous sommes aussi une grande  équipe, avec de grands joueurs. Nous savons quels détails font la  différence. Nous savons aussi être un peu plus en forme que nos  adversaires sur un match. On l’a vu face au Brésil, où nous avons  souffert pendant 45 minutes et après ça, nous avons fait la différence  physiquement pour gagner le match.

Pour vous qui avez perdu face au Brésil en Coupe du monde, il y a douze  ans à Marseille, ce devait être un moment particulier?
Oui, ils nous avaient battus aux tirs aux buts en 1998. Mais ça fait  très longtemps maintenant. Ce n’est pas une revanche pour moi. Je ne  suis pas dans cet état d’esprit-là. Face au Brésil, nous avons réalisé  un grand match. C’est tout.

Quelle différence y a-t-il entre l’équipe qui a perdu en demi-finale de  la Coupe du monde 98 et celle-ci?
Vous avez vu le potentiel de cette équipe? Elle n’a rien à envier à ses  adversaires. Nous, à l’époque, on avait atteint les demi-finales de la  Coupe du monde et on était plutôt contents. Ce ne sera pas le cas de  cette équipe-là. Elle veut être championne du monde. Et les joueurs ne  pourront pas se satisfaire d’un autre résultat qu’une victoire finale.  On a les moyens d’être champions du monde cette année. Cette équipe est  très forte. Beaucoup de joueurs évoluent dans les meilleurs clubs  européens. Entre les anciens et les jeunes, l’équilibre est bon. On a  tout pour gagner la compétition.

Votre équipe a rarement possédé un tel potentiel offensif. C’est encore  là-dessus que vous vous appuierez pour faire la différence en  demi-finale?
Nous avons de très bons attaquants, mais notre équipe mérite d’abord de  gagner parce qu’elle conserve le ballon et joue un football très  plaisant, avec des passes rapides. C’est une équipe qui va de l’avant,  qui joue pour gagner. Et c’est pour cela qu’elle gagne. Même quand on ne  joue pas très bien, on a le contrôle du ballon. C’était déjà le cas en  poule, c’était le cas face au Brésil en première mi-temps. Les équipes  que l’on affronte pensent d’abord à défendre parce qu’elles savent qu’on  a un gros potentiel offensif. Les Pays-Bas sont redoutés par toutes les  équipes.

Cette victoire face au Brésil doit vous apporter une dose de confiance  supplémentaire…
Oui, ça rassure. On doit s’en servir pour la suite. Les joueurs ont  réalisé le match qu’il fallait. Ils le savent. On doit aussi en  profiter, mais dans un tournoi, le temps entre les matchs est très  réduit. Et il ne faut pas relâcher la pression.

Quelle est votre part de responsabilité dans les succès de l’équipe?
On essaye d’apporter de l’expérience, par rapport à ce que nous avons  nous-mêmes vécu. On parle beaucoup aux joueurs. On les conseille parce  que certains sont jeunes. Sinon, l’important, ce sont les entraînements.  On s’attache à faire progresser l’équipe lors des séance, souvent intenses.