Philip Cocu: «Nous avons les moyens d’être champions du monde»
INTERVIEW L'entraîneur adjoint des Pays-Bas voit grand pour sa sélection...
De notre envoyé spécial à Port-Elizabeth (Afrique du sud),
Philip Cocu n’a pas beaucoup changé depuis 1998. Pas une ride, pas un kilo en trop pour l’actuel entraîneur adjoint des Pays-Bas qui préfère le costume cintré au survêtement flottant. Au même titre que Frank de Boer, l’ancien international néerlandais épaule Bert van Marwijk à la tête de la sélection batave. Interrogé dans les travées du stade Nelson Mandela de Port-Elizabeth, après la victoire des Pays-Bas face au Brésil, l’ancien milieu défensif explique pourquoi son équipe, qui affrontera l’Uruguay mardi en demi-finale, peut légitimement viser un premier sacre mondial…
Cela fait 32 ans que les Pays-Bas n'ont pas joué une finale de Coupe du monde. Avez-vous le sentiment que votre équipe n'a jamais été si près de remporter la compétition?
Je ne sais pas... Pour être champions du monde, on devait battre une équipe comme le Brésil, avec de grands joueurs. Je suis vraiment très content pour mon pays. Mais nous ne sommes pas surpris d’être là. On savait qu’on avait notre chance. Nous sommes confrontés à de grandes équipes, avec de grands joueurs, mais nous sommes aussi une grande équipe, avec de grands joueurs. Nous savons quels détails font la différence. Nous savons aussi être un peu plus en forme que nos adversaires sur un match. On l’a vu face au Brésil, où nous avons souffert pendant 45 minutes et après ça, nous avons fait la différence physiquement pour gagner le match.
Pour vous qui avez perdu face au Brésil en Coupe du monde, il y a douze ans à Marseille, ce devait être un moment particulier?
Oui, ils nous avaient battus aux tirs aux buts en 1998. Mais ça fait très longtemps maintenant. Ce n’est pas une revanche pour moi. Je ne suis pas dans cet état d’esprit-là. Face au Brésil, nous avons réalisé un grand match. C’est tout.
Quelle différence y a-t-il entre l’équipe qui a perdu en demi-finale de la Coupe du monde 98 et celle-ci?
Vous avez vu le potentiel de cette équipe? Elle n’a rien à envier à ses adversaires. Nous, à l’époque, on avait atteint les demi-finales de la Coupe du monde et on était plutôt contents. Ce ne sera pas le cas de cette équipe-là. Elle veut être championne du monde. Et les joueurs ne pourront pas se satisfaire d’un autre résultat qu’une victoire finale. On a les moyens d’être champions du monde cette année. Cette équipe est très forte. Beaucoup de joueurs évoluent dans les meilleurs clubs européens. Entre les anciens et les jeunes, l’équilibre est bon. On a tout pour gagner la compétition.
Votre équipe a rarement possédé un tel potentiel offensif. C’est encore là-dessus que vous vous appuierez pour faire la différence en demi-finale?
Nous avons de très bons attaquants, mais notre équipe mérite d’abord de gagner parce qu’elle conserve le ballon et joue un football très plaisant, avec des passes rapides. C’est une équipe qui va de l’avant, qui joue pour gagner. Et c’est pour cela qu’elle gagne. Même quand on ne joue pas très bien, on a le contrôle du ballon. C’était déjà le cas en poule, c’était le cas face au Brésil en première mi-temps. Les équipes que l’on affronte pensent d’abord à défendre parce qu’elles savent qu’on a un gros potentiel offensif. Les Pays-Bas sont redoutés par toutes les équipes.
Cette victoire face au Brésil doit vous apporter une dose de confiance supplémentaire…
Oui, ça rassure. On doit s’en servir pour la suite. Les joueurs ont réalisé le match qu’il fallait. Ils le savent. On doit aussi en profiter, mais dans un tournoi, le temps entre les matchs est très réduit. Et il ne faut pas relâcher la pression.
Quelle est votre part de responsabilité dans les succès de l’équipe?
On essaye d’apporter de l’expérience, par rapport à ce que nous avons nous-mêmes vécu. On parle beaucoup aux joueurs. On les conseille parce que certains sont jeunes. Sinon, l’important, ce sont les entraînements. On s’attache à faire progresser l’équipe lors des séance, souvent intenses.