Cabanas dans toutes les têtes

MONDIAL2010 Le Paraguay espère dédier une victoire contre l'Espagne à sa star, restée au pays après avoir pris une balle dans la tête...

Antoine Maes
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Salvador Cabanas brandit un drapeau paraguayen à Asuncion le 15 juin 2010.
Salvador Cabanas brandit un drapeau paraguayen à Asuncion le 15 juin 2010. — SIPA/AP Photo/Rene Gonzalez

De notre envoyé  spécial à Johannesburg,

Des absents à ce Mondial, il y en a eu quelques uns. Certains avaient un  mot du médecin (Essien, Ballack, Beckham). D’autres n’ont pas été  invités (Ronaldinho, Totti). Il y en a même un qui a pris une balle dans  la tête. Il s’appelle Salvador Cabanas, il est Paraguayen, et c’est  pour lui que les Guaranis vont tenter de renverser l’Espagne en quart de  finale. En janvier, à l’aube, dans un bar de Mexico, le meilleur buteur  de son équipe lors des éliminatoires (6 buts) a perdu toutes ses  chances de voir l’Afrique du Sud.

«El Mariscal», «el Contador» et «Tata» Martino
C’est une histoire de dingue, à mi-chemin entre «Traffic» et «Goal».  Dernier rebondissement de l’affaire la semaine dernière. Francisco José  Barreto, dit «El Contador» (l’expert comptable), est arrêté par les  autorités mexicaines. Trafiquant de drogue présumé, il est suspecté  d’être le complice de José Jorge Balderas Garza. En appuyant sur la  gâchette, ce chef d’un cartel local a enlevé à Gerardo «Tata» Martino,  le sélectionneur paraguayen, son meilleur attaquant. Le mobile? Cabanas  ne marquait pas assez en club. Longtemps, le joueur a cru pouvoir  accrocher le wagon du mondial. Dans une vidéo de la puissante chaîne  «Televisa» datée du mois de mars, il y affirme avoir «repris le jeu avec  le ballon et être quasiment prêt». Evidemment, il ne le sera jamais,  mais les images choquent tout le contient sud-américain.

Ligne directe à l’hôpital
Alors en posant le pied en Afrique du Sud, la sélection paraguayenne  savait pour qui elle était là. «Salvador est un sujet très sensible pour  nous et pour tout le Paraguay. Il sera bien sûr une inspiration pour  nous. Nous voulons être capables de lui rendre hommage car il serait là  avec nous s'il n'y avait pas eu cette agression», a promis Garardo  «Tata» Martino lors de sa première conférence de presse. Depuis, le  destin des Guaranis s’est emballé. Et Cabanas, depuis sa chambre d’une  clinique de Buenos Aires où il est en rééducation, n’a pas loupé une  miette de la victoire de ses petits camarades contre le Japon. «Il  criait, il sautait. Il était même très nerveux pendant la séance de tirs  au but», raconte son agent. Il faut dire qu’il est resté en ligne  directe avec ses potes. «Nous l'avons appelé depuis notre chambre  d'hôtel, la semaine dernière, et nous continuerons de le faire. Il est  toujours dans notre esprit», explique Cristian Riveros. Et si les  Paraguayens passent dans le dernier carré, ça ne risque pas d’arranger  la note de téléphone.