Cabanas dans toutes les têtes
MONDIAL2010 Le Paraguay espère dédier une victoire contre l'Espagne à sa star, restée au pays après avoir pris une balle dans la tête...
De notre envoyé spécial à Johannesburg,
Des absents à ce Mondial, il y en a eu quelques uns. Certains avaient un mot du médecin (Essien, Ballack, Beckham). D’autres n’ont pas été invités (Ronaldinho, Totti). Il y en a même un qui a pris une balle dans la tête. Il s’appelle Salvador Cabanas, il est Paraguayen, et c’est pour lui que les Guaranis vont tenter de renverser l’Espagne en quart de finale. En janvier, à l’aube, dans un bar de Mexico, le meilleur buteur de son équipe lors des éliminatoires (6 buts) a perdu toutes ses chances de voir l’Afrique du Sud.
«El Mariscal», «el Contador» et «Tata» Martino
C’est une histoire de dingue, à mi-chemin entre «Traffic» et «Goal». Dernier rebondissement de l’affaire la semaine dernière. Francisco José Barreto, dit «El Contador» (l’expert comptable), est arrêté par les autorités mexicaines. Trafiquant de drogue présumé, il est suspecté d’être le complice de José Jorge Balderas Garza. En appuyant sur la gâchette, ce chef d’un cartel local a enlevé à Gerardo «Tata» Martino, le sélectionneur paraguayen, son meilleur attaquant. Le mobile? Cabanas ne marquait pas assez en club. Longtemps, le joueur a cru pouvoir accrocher le wagon du mondial. Dans une vidéo de la puissante chaîne «Televisa» datée du mois de mars, il y affirme avoir «repris le jeu avec le ballon et être quasiment prêt». Evidemment, il ne le sera jamais, mais les images choquent tout le contient sud-américain.
Ligne directe à l’hôpital
Alors en posant le pied en Afrique du Sud, la sélection paraguayenne savait pour qui elle était là. «Salvador est un sujet très sensible pour nous et pour tout le Paraguay. Il sera bien sûr une inspiration pour nous. Nous voulons être capables de lui rendre hommage car il serait là avec nous s'il n'y avait pas eu cette agression», a promis Garardo «Tata» Martino lors de sa première conférence de presse. Depuis, le destin des Guaranis s’est emballé. Et Cabanas, depuis sa chambre d’une clinique de Buenos Aires où il est en rééducation, n’a pas loupé une miette de la victoire de ses petits camarades contre le Japon. «Il criait, il sautait. Il était même très nerveux pendant la séance de tirs au but», raconte son agent. Il faut dire qu’il est resté en ligne directe avec ses potes. «Nous l'avons appelé depuis notre chambre d'hôtel, la semaine dernière, et nous continuerons de le faire. Il est toujours dans notre esprit», explique Cristian Riveros. Et si les Paraguayens passent dans le dernier carré, ça ne risque pas d’arranger la note de téléphone.