UEFA : Alexander Ceferin a reçu le négociateur de la Super Ligue (et lui a réservé une petite surprise)
football Le patron de l’agence représentant les intérêts de la Super Ligue s’attendait à un rendez-vous en face-à-face, et a priori, ça ne s’est pas tout à fait passé comme prévu
Les partisans de la Super Ligue ne désarment pas. Ce mardi, Bernd Reichart, récemment nommé à la tête d’A22 Sports, la société promotrice de cette compétition européenne dissidente, a été reçu par le président de l’UEFA Alexander Ceferin. Ce dernier est, évidemment, le premier pourfendeur de ce projet qui vise à supplanter la Ligue des champions. Autant dire que la discussion ne promettait pas d’avancée majeure. Selon le compte rendu qu’en a fait A22 Sports en début d’après-midi, cela a effectivement été le cas. Mais au moins les deux hommes se sont parlé.
Bernd Reichart a exposé au cours de cet entretien les raisons pour lesquelles il estime que les compétitions européennes ne peuvent rester en l’état. Selon lui, le développement du football continental est entravé par « l’implication des clubs dans la gouvernance des compétitions, l’incapacité des compétitions de clubs en Europe à atteindre leur plein potentiel, l’absence de contrôles financiers adéquats, l’accessibilité pour les fans et les besoins d’investissement pour financer le football féminin, les infrastructures et, surtout, la solidarité ».
Ce que ne dit pas le communiqué envoyé par A22 Sports, en revanche, c’est que « ce moment de dialogue » n’avait rien d’un face-à-face dans le bureau du patron de l’UEFA - contrairement à ce qui avait été promis. Le journaliste de CBS Ben Jacobs, toujours bien informé sur les arcanes de l’instance européenne, assure qu’à la surprise de Reichart, plus de 30 personnes avaient en réalité été conviées à cette réunion. Parmi elles, le président de l’Association européenne des clubs (ECA) Nasser Al-Khelaïfi, celui de la Liga Javier Tebas, des représentants des syndicats de joueurs et des associations de supporteurs. Bref, que des farouches opposants au projet.
« Clairement, les représentants d’A22 ont été surpris par le nombre de personnes présentes, et ils ont été massacrés pendant deux heures », donnant « l’impression d’improviser » sur le sérieux de leur projet, a rapporté une source à l’AFP. Le communiqué officiel de l’UEFA au sortir de ce rassemblement se veut très clair : « L’opposition à cette auto-proclamée Super League reste aussi écrasante aujourd’hui qu’elle l’a été depuis avril 2021 », fait savoir l’instance.
Un point étonnant, toutefois, est que Bernd Reichart a affirmé à plusieurs reprises que la société qu’il représente et la nouvelle compétition proposée n’avaient rien à voir avec le projet démoli en à peine 48 heures au printemps 2021. Selon le récit de Ben Jacobs, le dirigeant allemand s’est même désolidarisé du Real Madrid, du Barça et de la Juventus, les trois clubs qui défendent ouvertement la création de la Super Ligue. Interrogé maintes fois sur l’origine de l’agence A22 Sports et les personnes qui la soutenaient, il a passé son temps à botter en touche. Comme si personne ne savait que l’un des actionnaires est l’homme d’affaires franco-marocain Anas Laghrari, proche de Florentino Pérez, le boss du Real.
La bataille continue
L’ECA a elle aussi publié un communiqué à la suite de cette séance. Elle assure qu’elle reste « fermement contre » une Super Ligue européenne, la qualifiant de « ligue séparatiste élitiste » et qualifiant A22 Sports « d’entité de relations publiques commerciales non représentatives ». De son côté, l’agence souhaite continuer de batailler contre la position de monopole de l’UEFA concernant l’organisation de compétitions, au sujet de laquelle une plainte a été déposée devant la Cour de justice de l’UE.
« La liberté de parole et de libre expression sont des droits fondamentaux. Malgré la position prise par l’UEFA, A22 poursuivra ses efforts pour réformer le football, en s’appuyant sur les retours de toute la famille du football, soutient Bernd Reichart. Nous échangeons avec de nombreux clubs qui souhaitent prendre part à ce dialogue pour développer des fondations durables pour le football européen, ce qui est très encourageant. Ces esprits libres sont l’avenir de ce sport. » Rien que ça.