Critérium du Dauphiné : Après « la galère », David Gaudu monte en puissance en vue du Tour de France
CYCLISME Aligné sur le Dauphiné, David Gaudu prépare le Tour de France de la meilleure des manières après des dernières semaines compliquées
- Après presque deux mois sans course, pour récupérer de chutes et de maladies, David Gaudu est présent sur le Dauphiné cette semaine.
- A la surprise générale, il a remporté une étape au sprint (en bosse) devant Wout Van Aert.
- S'il n'a pas de véritables objectifs lors de ce Dauphiné, il se prépare au mieux en vue du Tour de France, où il fera partie d'un trio de leaders en compagnie de Thibaut Pinot et Michael Storer.
Si vous êtes un peu branché réseaux sociaux, vous en avez sans doute vu passer. Et puis, vous avez poussé un soupir de détresse, voire de dégoût. Les messages motivants, à base de « l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt », « on nourrit le corps et l’esprit » ou « on ne perd pas, on apprend » pullulent, notamment sur LinkedIn. Pas suffisant, évidemment, pour vous faire lever de votre canapé et courir ces 5 km autour du lac proche de chez vous.
Il y a bien plus efficace : la petite voix qui résonne dans le cerveau de David Gaudu, par exemple. Celle qui permet au coureur de la Groupama-FDF de se dépasser. Dernier exemple en date, mercredi lors du contre-la-montre du Dauphiné. Auteur d’un chrono « très correct », selon ses dires et ceux de son coach, David Han, il a surtout voulu que Wout Van Aert, parti deux minutes plus tard, ne le dépasse pas. La petite voix s’est alors mise en marche : « Quand on m’a dit qu’il était à six secondes, j’ai tout mis, a raconté Gaudu. Je me suis dit : “il ne faut pas qu’il rentre.” Je m’en foutais du temps à l’arrivée, je voulais juste qu’il ne rentre pas. »
Chutes, maladie, la mauvaise série
Même scénario la veille, toujours avec les mêmes protagonistes, lors de l’arrivée à Chastreix-Sancy. Alors que la victoire semble promise au Belge, qui lève même les bras avant la ligne, Gaudu arrive de nulle part pour griller le champion de Belgique. « J’ai vu qu’il commençait à se relever parce qu’il pensait avoir suffisamment d’avance, commentait le Breton à l’arrivée. Je me suis dit : "Je vais le bouffer", et je l’ai bouffé. » Victoire au sprint à l’arrivée et retour au premier plan après quelques semaines compliquées au début du printemps.
S’il avait « bien abordé la saison en Algarve », selon Han, avec une victoire d’étape, il a ensuite enchaîné les galères. Une chute au Trophée Laigueglia, deux autres à Paris-Nice, avec une petite fracture à une vertèbre à la clé, une bronchite au Tour du Pays basque. « Après une petite série comme ça, quand tu abordes une étape, tu es plus sur la retenue, commente l’ancien coureur de la FDJ, Lilian Jégou. Pas forcément parce que tu as peur de la chute, mais parce que tu sais tout le travail que tu as à faire pour revenir au haut niveau. Et plus tu doutes, plus tu es sur la retenue. C’est une mauvaise spirale. »
« Voir Liège-Bastogne-Liège à la télé a pu être dur »
« Après toutes les galères que j’ai eues en mars, c’est une explosion de joie, reconnaissait Gaudu après son succès. Je suis un peu ému, j’étais à la recherche d’une victoire comme ça depuis le début de l’année. » David Han tient à tempérer un peu les galères vécues par son poulain, qu’il entraîne depuis six ans : « Les blessures ont bien évolué, on a pris le temps de revenir, ce n’était pas non plus une grosse fracture. Je pense que c’était plus le fait d’accepter de ne pas aller sur ses objectifs de Paris-Nice ou d’être compétitif sur le Tour du Pays basque qui était dur, comme de regarder Liège-Bastogne-Liège à la télé. »
Au lieu de ça : repos, récupération, remise en forme, entraînement, stage… Quasiment deux mois sans course avant de recommencer au Mercan’Tour Classic, fin mai, « à la recherche de sensations ». A l’arrivée, une troisième place qui lui a permis de basculer avec confiance sur le Dauphiné, toujours dans cette optique de préparer au mieux la Grande Boucle. « Ça nous permet de monter en pression avant le Tour de France, avance David Han. Le Dauphiné n’est pas un objectif, il a de bonnes jambes mais, logiquement, il sera encore en meilleure forme sur le Tour. »
S’affirmer en tant que leader
De bon augure, d’autant que le coureur de 25 ans a été désigné comme l’un des trois leaders de la Groupama-FDJ pour la course de trois semaines, avec Thibaut Pinot et l’Australien Michael Storer. Et le voir ainsi en confiance, et vainqueur d’une étape face à une grosse concurrence, à quelques semaines du grand départ, ne peut être que positif. Lilan Jégou :
Quand on est leader, on se doit d’apporter des victoires à son équipe. Le fait d’avoir gagné mardi va le conforter, non seulement dans son statut, mais aussi auprès de ses coéquipiers. Quand vous gagnez, vos coéquipiers donnent encore plus et l’équipe est plus soudée. C’est aussi plus facile lors des briefings le matin d’imposer sa stratégie perso, car on sait qu’il est capable de gagner au sprint, pas forcément sur son terrain. »
Surtout, cela va permettre à Gaudu d’arriver « sans pression » (dixit son coach) sur le Tour, fort de cette victoire sur le Dauphiné, de ses progrès en chrono et de ce triumvirat à la tête de l’équipe française. « Le fait de répartir le leadership n’est pas une mauvaise idée, reconnaît Jégou. N’avoir qu’un seul leader, surtout avec cette première semaine avec les pavés, ce n’est pas forcément une bonne stratégie. L’équipe se recentrera peut-être sur une seule personne après la première semaine. » D’ici là, la petite voix a le temps de préparer ses speechs motivants.