France-Argentine : Les Blacks ? Interdit d’en parler chez les Bleus

RUGBY Les joueurs et le sélectionneur ont soigneusement évité toutes les questions sur la Nouvelle-Zélande après leur victoire difficile contre l’autre équipe de l’hémisphère sud de la tournée

Julien Laloye
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Antoine Dupont et les Bleus ont souffert face à l'Argentine.
Antoine Dupont et les Bleus ont souffert face à l'Argentine. — Anne-Christine POUJOULAT / AFP
  • Fabien Galthié n’a pas souhaité évoquer le dernier match de la tournée d’automne après la victoire contre l’Argentine.
  • Les Bleus n’ont que quinze jours pour peaufiner des réglages apparus hésitants au Stade de France

Au stade de France,

Gabin Villière n’a pas vu ballon potable à Saint-Denis ou presque, mais alors que de crochets en visio devant les journalistes. Lancé plus ou moins adroitement sur les pistes d’amélioration avant l’éléphant au milieu du couloir, à savoir l’ogre néo-zélandais au même endroit dans quinze jours, l’ailier des Bleus a slalomé entre les piquets tel un Alexis Pinturault des grands jours pour ne jamais évoquer le match que tout le monde attend. Quitte à en passer par des expressions toutes faites qu’on pensait réservées à la Liguain.

- « On va prendre les matchs les uns après les autres ».

Mais encore ?

- « Il faut prendre les matchs les uns après les autres »

C’est-à-dire ?

- « On prend les matchs les uns après les autres »

Véridique, le Toulonnais a tourné autour du pot à trois reprises, avant d’oser prononcer le nom du grand méchant loup : « On a encore du pain sur la planche avant cette ultime échéance. Tâchons déjà de faire une belle prestation avec la Géorgie avant d’affronter les Blacks ».

Au moins a-t-il osé prononcer le nom maudit, contrairement à Fabien Galthié, qui a pris l’autoroute jusqu’à Lille avant de la prendre en sens inverse pour répondre à côté :

« Elle est très difficile cette tournée. On a d’abord joué des Latins qui savent comment nous prendre. On s’attendait déjà à un match dur, avec un rugby proposé qui allait poser des problèmes. La Géorgie, ce sera aussi un match avec beaucoup de combats. La plupart jouent en France aussi donc il y aura un gros défi. On parlera en temps voulu du troisième match ».

Evidemment, c’est le jeu, mais on se croirait parfois revenu au temps de Bernard Laporte qui nous faisait la leçon sur le thème « on dit pas les Blacks, on dit la Nouvelle-Zélande », comme si démystifier le nom pouvait nous empêcher de prendre une rouste.

Ledesma enjôleur en français, un peu moins en espagnol

Du reste, on voulait juste se faire une idée du chantier qui attend le staff tricolore pour monter le niveau de trois crans en quinze jours, quand les tout noirs dorment ensemble depuis six mois et viennent d’en coller 60 aux Gallois pas plus tard que la semaine dernière. Alors on a demandé à Mario Ledesma, le coach argentin, bien plus disert sur le sujet.

« Est-ce que la France a progressé ? C’est à la vue de tout le monde, non ? Je me rappelle qu’il y a quelques années, Hugo Mola m’avait dit que cette génération pouvait être championne du monde si on faisait bien les choses. Il ne s’est pas trompé. Pour moi la France fait partie des trois meilleures équipes du monde, pas de doute là-dessus. L’équipe de France est largement au niveau des nations du Sud ».

C’est gentil Mario, mais nous on parle surtout de LA nation du Sud. Parce qu’il ne faut pas se voiler la face : si les Pumas ont tapé les Blacks il y a un an, depuis c’est Waterloo tous les week-ends, et pourtant, on en a bavé comme des escargots pour les calmer samedi soir. D’ailleurs, au moment de répondre en espagnol aux habituels suiveurs de son équipe au pays, Ledesma a eu un discours bien différent :

« On a eu beaucoup plus le ballon dans leur camp que dans le Championship, où on joue le plus souvent dans nos 40 mètres. Là, on est allés chez eux et on a eu pas mal de touches dans leurs 22 mètres, ça fait longtemps que ça ne nous était pas arrivé ». Entre les lignes ? Les Blacks, c’est autre chose. Bref, on est pressés d’y être, mais pas trop non plus.