Equipe de France : « Il s’est passé ce qu’il s’est passé », Deschamps joue le Grand Pardon avec Adrien Rabiot
FOOTBALL Deux ans après son départ fracassant de l’Equipe de France, Adrien Rabiot revient
- Didier Deschamps a rappelé Adrien Rabiot en équipe de France, deux après que ce dernier a refusé d'être suppléant au Mondial 2018.
- Une décision qui a surpris et qu'on peine toujours un peu à comprendre.
Le Grand Pardon, donc. Pas grand-chose à voir entre le clan des Bettoun et celui des Rabiot, mais on ne pouvait pas passer à côté de cette référence cinématographique avec « le Parrain à la Française », les années 80 et notre Roger « Navarro j’écoute » Hanin national. Bref, Adrien Rabiot est rappelé en équipe de France par Didier Deschamps deux ans après sa trahison nationale, un refus d’être dans la liste des réservistes pour la Coupe du monde 2018. Et disons-le comme on le pense : ce coup-là, personne ne l’avait vu venir.
Disons-le comme on le pense bis : on s’imaginait que si Adrien Rabiot revenait un jour en bleu, ce serait soit parce que Didier Deschamps n’en est plus le sélectionneur soit parce qu’il enchaînait des perf’tellement incroyables en club que le rancunier DD n’aurait d’autre choix sous la pression populaire. Ce n’est ni l’un ni l’autre et force est de constater qu’on s’est trompé sur tout et tout le monde. Le temps a simplement passé, quelques absents ont libéré des places et Rabiot a « retrouvé un très, très bon niveau », selon Deschamps.
Et c’est tout ? Aussi surpris que nous, les journalistes présents dans l’auditorium de la Fédération française de football, relancent DD une, deux, trois fois. Pour comprendre. « Il s’est passé ce qui s’est passé, je ne suis pas quelqu’un qui aime prendre des positions radicales. Depuis cette période-là, il est resté sélectionnable. C’est ce qui a conduit à sa convocation ».
Et Benzema, alors ?
On en aura guère plus, à part que Deschamps est tellement sûr de son coup qu’il n’a même pas appelé Rabiot avant cette convocation pour s’assurer qu’ils étaient tous les deux sur la même longueur d’onde. « J’ose penser qu’il sera là lundi », sourit-il. Ce n’était qu’il y a deux ans, pourtant, que Rabiot créait autour des Bleus le genre de polémique que Deschamps déteste, qu’il refusait la sélection – le pire des outrages – et qu’en prime il se permettait de critiquer les choix « sans aucune logique sportive » du sélectionneur. La réponse de Deschamps était alors cinglante : « Les trois matchs qu’il a joués avec nous cette saison, il n’a qu’à bien les regarder. Je sais que je ne peux pas compter sur lui. Il se met à la faute, point barre. Il assumera ».
Depuis, les Bleus ont été champions du monde sans lui, mais Rabiot a découvert un autre univers avec la Juventus et gagné deux ans d’âge, ça aide pour mûrir. Et s’il n’a sûrement pas oublié, Deschamps semble donc avoir pardonné. « Ce ne sont pas des propos durs [que Rabiot a tenus en 2018], explique-t-il aujourd’hui. Il a pris une décision. Je considère que c’était une erreur de sa part. Je pense que chez lui il n’y a pas eu d’agressivité. C’est un joueur qui a encore beaucoup d’années devant lui. Je suis quelqu’un de pragmatique. Si je pense que c’est bien pour l’équipe de France [et] qu’Adrien se dit sélectionnable, je le remets. »
Deschamps le miséricordieux, 2020 ne nous aura donc rien épargné. N’allons pas trop vite, quand même. A un journaliste qui lui a demandé si ce retour de Rabiot ne fragilisait pas son autorité, Deschamps a gentiment menacé de lui enlever « dans la seconde » le moindre doute qu’il pourrait avoir sur ladite autorité. A un autre qui envisageait qu’après tout, si on a pardonné Rabiot, pourquoi pas Benzema, il s’est contenté d’en rire avant de partir. « Bien amené, je m’y attendais à celle-là. Magnifique. » Peut-être qu’il ne sait pas qu’il y a eu un Grand Pardon 2. Avec les mêmes acteurs, en plus !