France-Italie: Cartons, en-avants et mental... Le quart d'heure de galère des Bleus qui aurait pu coûter cher

RUGBY Le XV de France a souffert pendant un quart d'heure en première période contre l'Italie

William Pereira
L'Italie a réussi à étonner Antoine Dupont
L'Italie a réussi à étonner Antoine Dupont — Francois Mori/AP/SIPA

Si c’est trop facile, c’est pas marrant. On a de la chance, avec ce XV de France, c’est rarement du gâteau. Et quand ça l’est, l’équipe fera toujours en sort de se faire peur, comme ça, juste pour le kif. Tenez, vendredi : même après avoir ouvert la marque  contre l’Italie via un essai de  Yoann Huget à la troisième minute, les Français ont réussi à se mettre dans la sauce, comme diraient les jeunes. De 5-0, ils sont rapidement passés à 5-7.

Tout part d’une action pourtant très favorable aux Bleus : sur le reculoir au niveau de la ligne médiane, Tebaldi est en déséquilibre à tel point qu’un courant d’air aurait suffi à faire tomber l’Italien. Manque de bol, Yacouba Camara (auteur cela dit d’un très bon match) préfère un plaquage haut à la délicatesse et rend le ballon aux Italiens. « Ce sont des fautes stupides, et je crois que c’est moi qui fais la première », analyse-t-il, lucide en zone mixte. S’ensuit un renvoi en touche dans le 22 mètres français et le début des galères. Florilège :

  • Des fautes de main qui débouchent sur des en-avants
  • Un nombre incalculable de pénalités concédées en un temps record
  • Une faute d’inattention indigne du très haut niveau qui mène au premier essai italien
  • Deux cartons jaunes. Un pour Picamoles, pour répétition de fautes, l’autre pour Slimani quatre minutes plus tard, obligeant la France à jouer à 13.


Comment expliquer cette frayeur venue d’ailleurs en plein amical contre une équipe à laquelle on se sait supérieure ? Réponse d’Arthur Iturria. « C’était peut-être un excès de générosité. On avait à cœur de pas se faire bouffer les avants et peut-être qu’on a manqué un peu de lucidité. C’est des erreurs… Mais je pense qu’on s’en est bien sortis à 13. »

La solidarité de l’équipe mise à l’épreuve

Certes, mais encore faut-il rappeler qu’il s’en est fallu de peu pour que l’Italie fasse le break. Si Gaël Fickou n’intercepte pas cette passe dans les 22 après un déboulé de l’ailier adverse sur la gauche avec la suite qu’on connaît – le raid d’Huget qui débouchera sur un essai de pénalité – l’histoire n’aurait sans doute pas été la même. Inquiétant de notre point de vue, le quart d’heure de gloire de la Squadra a été vu comme une épreuve salutaire par les joueurs. Après la défaite encourageante, le quart d’heure pourri encourageant. Wen Lauret :

 « On a su s’appuyer sur la solidarité. On a été à 13 dans la partie et heureusement qu’on a gardé cette solidarité parce qu’à 13 on n’a pas encaissé d’essai et on en a marqué. On s’est parlé, on s’est dit les choses pour rester dans le match. On sait qu’on a pu faire basculer les choses grâce à l’équipe et la cohésion qu’on a eue sur cette période difficile. »
 

Yacouba Camara abonde : « Après ça nous a ressoudés. Ce sont des moments difficiles qui permettent de voir comment l’équipe sort la tête de l’eau. » A défaut de sortir la tête du sable, donc. Sauf peut-être Lauret, conscient que face à des équipes de top niveau, mieux vaudrait se garder de passer par ce genre de situations embarrassantes. « On s’est beaucoup fait pénaliser et c’est un secteur qu’on doit corriger pour éviter de se mettre à mal contre les équipes contre affrontera. C’est un gros point sur lequel on doit travailler. » Il reste aux Bleus trois semaines pour le faire. Parce qu’on imagine mal l’Argentine faire don de trois ou quatre essais comme l’Italie vendredi au Stade de France.