Ryder Cup 2018: Tiger Woods «n’a pas l’impression d’avoir mal joué», et pourtant il passe encore à côté de la compétition

GOLF L’Américain a perdu ses trois matchs de double à Paris…

Julien Laloye
Tiger Woods, le 29 septembre 2018 au Golf National.
Tiger Woods, le 29 septembre 2018 au Golf National. — FRANCK FIFE / AFP

C’est le moment de retourner sa veste du bon côté, mais dans la dignité. Si Tiger Woods n’a sans doute pas réalisé le come-back du siècle le week-end dernier en remportant son premier tournoi en cinq ans, comme nous l’avons peut-être écrit prématurément, [Enfin les collègues, Dieu nous garde d’écrire quoi que ce soit de prématuré sur 20minutes.fr, vous nous connaissez], il n’est pas (re) devenu une pipasse intergalactique en cinq jours. Simplement faut-il constater que dans la forme de sa vie ou revenu des limbes de l’oubli, le Tigre se transforme immanquablement en petit Tigrounet tout peureux en Ryder Cup.


Déjà pas bien brillant avant ce retour dans l’équipe américaine que beaucoup pensaient impossible à cause de ses problèmes de dos, le bilan de la star du golf s’est assombri encore plus sur le Golf National, avant une dernière chance de faire mieux dimanche. Trois nouveaux doubles perdus en autant de tentatives, ce qui nous donne une 20e défaite en Ryder Cup pour une poignée de victoires bien maigrichonne (13 en tout). On peut donc tranquillement ressortir les papiers qu’on écrivait avant chaque édition jusqu’à récemment : Tiger n’arrive pas à jouer en équipe et son équipe n’arrive pas à jouer avec lui, même quand tout le monde y met de la bonne volonté.

Le pire bilan de l’histoire en fourballs

Celle-ci semble bien présente à Paris, au moins. Les jeunots de la Team USA ne font pas de complexes vis-à-vis d’un joueur qu’ils ont surtout vu gagner à la télé, et ils lui ont même réservé une blague potache lundi à son arrivée à l’hôtel renaissance. De grands silences indifférents et aucun mot sur sa victoire, avant que n’y tenant plus, un des gars n’éclate de rire et ne ruine la surprise. Woods lui-même semblait profiter de la semaine plus que d’ordinaire, exprimant sa joie de voir sa présence « adoubée par ses équipiers » et son envie « d’améliorer un bilan pas terrible en Ryder Cup ». Phil Mickelson avait même tweeté que c’était le meilleur Tiger qu’il avait jamais vu à l’entraînement, mais on aurait dû se méfier vu le niveau cataclysmique de Mickelson depuis qu’il est descendu de l’avion.


C’est un retour raté, donc, et pour un peu près les mêmes raisons que d’habitude. Jim Furyk, le capitaine américain, n’a pas réussi à lui apporter un équipier capable de sublimer son jeu en double. Son parcours du matin avec Patrick Reed a même ressemblé à un long chemin de croix, tant « Capitaine America » aurait mieux fait de rester au lit plutôt que de nous faire mal aux yeux avec ses coups de golf. On espérait un peu mieux de son alliance avec le fantasque Dechambeau, le génie de physique théorique au nom à jouer les méchants dans un film de Tarantino, mais le jeune homme a mis trop de temps à rentrer dans son double, entraînant le Tigre vers le bas malgré une bonne entame de sa part et quelques « checks » du poing rageurs avec son jeune partenaire.


Des équipiers qui l’ont tiré vers le bas

On s’étonnait d’ailleurs de voir Woods reconduit l’après-midi, surtout face à la paire survitaminée Molinari-Fleetwood, qui joue tellement chaleur depuis vendredi qu’elle pourrait prendre un double Nadal-Federer les yeux dans les yeux en tennis avant dimanche soir. C’est du hasard, certes, mais c’est du hasard qui ressemble à de la malchance pour un Tigre pas catastrophique mais pas flamboyant non plus.


Des rumeurs ont couru dès le premier jour sur son état de santé, une bonne part de suiveurs craignant une rechute ou au moins des douleurs dorsales. Raphaël Jacquelin, membre du staff européen, avait eu une petite prémonition écoutée à la volée vendredi : « Je l’ai croisé à l’hôtel, je l’ai trouvé fatigué, les traits tirés, très lent dans tout ce q’il faisait. On va voir sur le parcours ». C’est vrai que Tiger a fait son âge, de près. Raide comme un piquet de grève entre ses coups, il s’est parfois étiré sur le green, et des observateurs avisés (un consultant ricain dont on a oublié le nom notamment) soupçonnaient de légers changements dans son swing, le rendant moins aérien que les semaines précédentes. Répondant à une interview exclusive NBC-La dêpeche du Midi featuring 20 minute juste après sa défaite, l’homme aux 14 Grands Chelems a nié le coup de moins bien

« Je me sens relativement bien. Je suis juste énervé d’avoir perdu mes trois matchs. Je n’ai pas l’impression d’avoir mal joué, c’est le côté frustrant des matchs-plays, on peut bien jouer et rien ne se passe en votre faveur. Sur les trois matchs que nous avons joués contre eux, ils n’ont jamais raté une balle à moins de 3,50m. Dans cette situation, il faut mettre un paquet de birdies, et on ne l’a pas fait. Il faut espérer qu’on ait un bon départ et faire tomber les premiers matchs de notre côté et tourner un peu la rencontre ».

Un discours lisse et sans saveur, assez peu fidèle à la réalité du week-end. Tiger Woods n’a pas vraiment bien joué, ou en tout cas pas assez pour ne serait-ce que faire exister ses matchs plus loin que le 15e trou. Il n’a plus remporté un match de Ryder Cup depuis 2010 ​et une démonstration… en simple face à Francesco Molinari au Pays-de-Galles, pour rien. Vu la dynamique des deux joueurs à Paris, on ne lui souhaite pas de retomber face à l’Italien dimanche après-midi.