JO 2016: Douches en panne, vestiaires pourris et gnons dans la face, comment les boxeurs français ont préparé leur razzia à Cuba

JEUX OLYMPIQUES Les Bleus ramèneront au moins cinq médailles de Rio...

Romain Baheux
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Tony Yoka lors de son quart de finale à Rio le 16 août 2016.
Tony Yoka lors de son quart de finale à Rio le 16 août 2016. — Yuri CORTEZ / AFP

De notre envoyé spécial à Rio,

C’est du jamais vu depuis… Non, c’est juste du jamais vu. Pour la première fois de leur histoire, les boxeurs français rentreront des JO avec six médailles, quatre ans après un épisode londonien qui sentait bon l’enfumage par les juges. Et pour en arriver là, Sofiane Oumiha, qui peut devenir dans la nuit le premier Français en or depuis Brahim Asloum, et ses partenaires sont allés prendre des gnons là où ça fait mal: à Cuba.

Si votre culture boxe est aussi épaisse qu’un sandwich SNCF, petit cours de rattrapage. L’île castriste est LA référence de la boxe olympique, avec plus de soixante médailles ramenées à La Havane. « Ça a été notre destination de prédilection pendant ces quatre années, raconte Daniel Emelin, DTN adjoint. On en prend une dizaine et on les emmène au centre national cubain. Bon, il aurait besoin d’un coup de toilettage en revanche… »

Au pays du mojito, l’immersion passe aussi par les conditions d’entraînement. Oubliez les petits rings proprets de l’Insep, place à la boxe à la dure (pas celle où on vous fait monter des marches à Philadelphie), où vous vous frottez aux poulains locaux. « Les mecs n’ont pas de pompes aux pieds et te rentrent dedans, raconte Tony Yoka, déjà qualifié en demie chez les poids lourds. Et là, tu bosses… »

Guidés par Luis Mariano Gonzalez Cosme, entraîneur cubain des Bleus, les boxeurs tricolores se sont rendus deux fois à Cuba en 2016. « On voulait les couper de l’Insep, les isoler de ce qu’ils peuvent connaître », poursuit Daniel Emelin. « Là-bas, tu te retrouves à bosser dans des conditions particulières, raconte le préparateur physique Mehdi Nichane. Tu rentres d’un entraînement ? Il n’y a pas d’eau, les boxeurs ne se douchent pas. Tu demandes des appareils pour la musculation ? On t’amène une barre rouillée et trois poids. »

« C’est comme ça qu’on s’est construit un mental », poursuit Tony Yoka, avant de quitter la zone mixte. Le colosse part retrouver Mathieu Bauderlique, qui se contentera du bronze après s’être fait sortir en demi-finale chez les mi-lourds. On vous laisse deviner la nationalité de son adversaire.