Coupe du monde 2014: Karim Benzema, de l'impasse au retour en grâce en moins d'un an
FOOTBALL L’attaquant des Bleus a tout connu cette saison avec l’équipe de France…
De notre envoyé spécial à Ribeirao Preto
De Gomel à Porto Alegre, Karim Benzema a tout connu avec les Bleus sous l’ère Deschamps. Un record (1.222 minutes sans marquer), le banc et la gloire. Remplaçant pour la première fois de l’ère Deschamps en Biélorussie début septembre après avoir aligné des performances fantomatiques, il a marqué de son empreinte le début de la Coupe du monde neuf mois plus tard en inscrivant deux buts face au Honduras. Et cette métamorphose, c’est encore lui-même et son sélectionneur qui en parlent le mieux. Verbatim.
L’impasse, 1.222 minutes sans marquer (de l’Euro 2012 à octobre 2013) – «J’ai eu des choses à lui dire»
Didier Deschamps: «Je pense qu’il en a appris beaucoup. Il y a eu des périodes moins agréables pour lui, ou j’ai eu à lui dire des choses, et je les lui ai dites. J’ai des discussions aussi pour que le joueur comprenne et après il fait en sorte de corriger ou pas. Peut-être que c’était un mal pour un bien? C’est son mérite [d’en être sorti]. C’est lui, ce qu’il va chercher au bout de lui-même. Quand il a en plus cette force qui vient de l’intérieur, cette rage, ça le rend plus important.»
Karim Benzema: «Je ne sais pas si ça m’a fait du bien. C’est sûr que j’étais dans une mauvaise phase. A ce moment-là, d’autres attaquants marquaient des buts. On a discuté avec le sélectionneur et j’étais le premier à reconnaître que je n’étais pas à mon meilleur niveau, qu’il fallait que ça change. Je me suis recentré sur le travail: venir plus tôt à l’entraînement, répéter les gammes, faire attention à l’hygiène de vie… J’ai décidé de ne pas me prendre la tête là-dessus et que ça tournerait.»
Le retour en grâce (d’octobre 2013 à mai 2014) – «Avec des moments comme il y a eu contre l’Ukraine…»
Deschamps: «Il y a eu un moment important quand il est rentré au Parc des Princes, le public le chatouillait et sa réaction a changé beaucoup de choses [il a marqué son premier but face à l’Australie et le public a scandé son nom]. Plus le même visage, celui de quelqu’un de fermé, et tous ces trucs négatifs qui ont pu être dits. Tout ça, ce n’est pas Karim. Entre ce qu’il est et ce que le joueur peut laisser transparaître, il y a un décalage.»
Benzema: «Cette image est belle. J’ai rigolé avec les supporters. Je sens maintenant qu’ils sont tous derrière moi, mais c’est dû aux performances sur le terrain. C’est sûr que je me sens bien. Ca fait un moment que je suis en équipe de France, avec des moments comme il y a eu contre l’Ukraine [il marque un but très important au retour], il se passe quelque chose. Aujourd’hui je suis heureux d’être en équipe de France, on gagne les matchs en famille.»
Une star au Mondial (de juin… au 13 juillet 2014?) – «Je veux juste prendre du plaisir»
Deschamps: «Vous aimez bien mettre des étiquettes. Karim est un joueur de très de haut niveau. Il arrive en pleine possesion de ses moyens. Il faut qu’il garde ce naturel, ce n’est pas seulement un buteur c’est un joueur qui participe aussi aux actions. Je veux surtout pas qu’il se sente investi d’une mission spéciale, que tout dépende de lui. Evidemment, il a la confiance de tout le monde. Mais qu’il ne se sente pas obligé de forcer, d’être décisif. Qu’il reste sur ce qu’il sait faire.»
Benzema: «C’est possible, j’ai la chance de participer à une Coupe, d’être décisif. C’est la plus belle des compétitions. Mes objectifs personnels, je les garde dans ma tête. Je veux juste être bon, prendre du plaisir. […] J’ai progressé. Bien sûr que je me sens fort. Il y a eu des critiques, des bonnes choses, des mauvaises choses… Je fais partie des plus anciens en équipe de France et je dois montrer l’exemple aux plus jeunes. Mais la star, c’est l’équipe, tu ne peux rien faire sans elle.»