Roland-Garros 2014: Fabio Fognini, la plus grosse tête à claque du circuit?
TENNIS L’Italien, adversaire de Monfils samedi au troisième tour, est réputé pour ses sautes d’humeur sur le court…
De notre envoyé spécial à Roland-Garros,
Avec Fabio Fognini, même les conférences de presse de fin de soirée s’apprécient comme une bonne pièce de commedia dell'arte. Et que ça se regarde les ongles quand on lui pose une question, et que ça lève les yeux au ciel dès qu’un confrère ose formuler une critique, et que ça râle en permanence, du style à commencer ses tirades systématiquement par un «Qu’est-ce que tu veux que je réponde à ça?» dissuasif. Le show intégral. C’est simple, on n’a pas vu meilleur acteur italien depuis Toni Servillo dans la Grande Belleza.
«Fabio je le connais depuis tout petit, il est comme ça depuis tout petit»
Il faut dire que le scaramouche du circuit a des années de pratique derrière lui. Ses caprices légendaires sont guettés comme on attend un bon film les doigts dans le pot de pop-corn au cinéma. Gaël Monfils, son adversaire samedi, sourit encore en repensant à ce match improbable de 2010 sur le Chatrier, joué à la bougie jusqu’à ce que l’arbitre envoie tout le monde se coucher à 5-5 dans le dernier set: «Fabio n’était pas content du tout. Il a insulté tout le monde dans le vestiaire pendant une demi-heure en rentrant! Mais moi, il ne m'énerve pas forcément. Je trouve ça marrant. C'est un énervement marrant, disons (rires). Fabio, je le connais depuis tout petit, il est comme cela depuis tout petit. Il a un bon caractère. C'est un guerrier. Il a beau parler, faire semblant de nous entuber, de s'énerver, c'est un bon ratasse!»
Pourtant, Fognini n’aime pas spécialement se faire titiller sur le sujet. «Ca m’arrive de perdre un peu mes nerfs sur le terrain, mais je ne suis pas le seul. Quand Murray le fait, ça ne choque personne. Et mes résultats des derniers mois parlent pour moi». Pas faux. Car le bonhomme serait tout juste divertissant s’il n’avait pas le talent d’un top 10 en puissance, enfin mis en valeur par un entraîneur capable de le supporter et de l’encadrer.
«Fabio doit faire face à la même difficulté que pas mal de joueurs français, raconte Javier Perlas. Confirmer un potentiel entrevu dès son plus jeune âge. Et quand on n’arrive pas à le confirmer tout de suite, parfois on s’égare». L’ancien coach de Moya, Coria, ou encore Ferrero, a mis le cerveau torturé de l’Italien entre les mains de sa femme, Ana Puente, psychologue à Barcelone, et toujours à portée de Skype pendant les tournois.
«Pas plus mal qu’il reste quelques gars avec son caractère dans le circuit»
«Nous travaillons beaucoup ensemble et cela m’aide énormément sur l’aspect mental», admet Fognini, devenu un top 15 solide en deux ans. Andra Seppi, son partenaire de Coupe Davis, a vu le changement s’opérer. «Ce n’est pas quelque chose dont on parle entre nous. Moi je vois que c’est un super joueur. Ce n’est pas plus mal qu’il reste quelques gars avec son caractère dans le circuit, non? Et puis il a beaucoup progressé là-dessus». Beaucoup, sûrement, mais pas encore assez, pour ceux qui ont assisté au dernier dégoupillage en règle de l’Italien à Monte-Carlo. L’arbitre, le juge de ligne, son entraîneur, tout le monde y était passé, y compris un match jusque-là bien mené face à Tsonga. Entre les excentricités de Monfils et les encouragements du public, il devrait y avoir matière à nous rendre Fognini tout colère samedi.