Snapchat: L'application (encore) accusée de voler ses filtres à des artistes

HIGH-TECH Des maquilleurs professionnels accusent Snapchat d’avoir volé certaines de leurs œuvres pour créer ses célèbres filtres…

C.W.
L'artiste Pinal soupçonne Snapchat d'avoir été très inspiré par ses créations
L'artiste Pinal soupçonne Snapchat d'avoir été très inspiré par ses créations — Capture d'écran Instagram

Certains sont désormais célèbres, comme la gerbe arc-en-ciel ou le petit chien mignon qui tire la langue. Depuis des mois, les filtres de Snapchat (« lenses » en anglais), affolent la planète et divertissent les 150 millions d’utilisateurs de l’application à travers le monde.

Un véritable phénomène donc, et ce n’est pas terminé puisque Snapchat vient d’acquérir la start-up Seene pour de futurs et mystérieux selfies en 3D. Malgré le succès notable, l’application a son petit caillou dans la chaussure. Comme le révèle le site The Ringer, le joujou d’Evan Spiegel vient d’être accusé de plagiat concernant ses filtres. Et ce n’est pas la première fois.

Le Joker de la discorde

Sur Snapchat, il y a les filtres classiques et temporaires (le petit chien et la petite moue par exemple), et d’autres beaucoup plus rares et éphémères. Comme celui du Joker. Et c’est par un pur hasard, que Pinal, un maquilleur professionnel suivi par plus de 126.000 abonnés sur Instagram, a découvert que ce filtre n’était autre que son œuvre. Un maquillage qu’il avait réalisé sur un modèle un mois avant que Snapchat le reprenne. Sans lui avoir demandé son avis.

« Je suis très flatté qu’ils aient choisi mon maquillage alors qu’ils sont clairement en manque d’inspiration », écrit-il, « mais ils auraient au moins pu le demander à l’artiste pour qu’il leur donne les droits ».

Un cas qui n’est pas isolé

Un histoire qui n’est pas sans précédent, tel que l’explique le site The Ringer. En mai dernier, l’œuvre déstructurée et multicolore d’Alexander Khokhlov, un artiste Russe, avait elle aussi fortement « inspiré » Snapchat. Encore une fois, sans sa permission. L’application avait alors formulé ce qui ressemble à un mea culpa : « Nous admettons que ce filtre est similaire à des créations d’artistes et nous l’avons enlevé. Nous sommes désolés pour cette erreur embarrassante et nous prenons des mesures pour faire en sorte que cela ne se reproduise pas. » Mais rebelote.

Mykie, une « make-up artist » suivie par des millions de followers sur les réseaux sociaux (dont Instagram), a, elle aussi, reconnu l’une de ses œuvres, « empruntée » par Snapchat.

« J’ai déposé un rapport via l’application pour leur signaler mon cas dès l’apparition du filtre et ils m’ont répondu qu’ils » ne croyaient pas qu’il porte atteinte à un droit d’auteur. « Ce serait finalement à un juge de décider si l’œuvre avait été assez modifié pour être considéré comme une nouvelle création ». Ce que l’on appelle notamment «une œuvre dérivée ».

S’inspirer oui, copier, non !

Le point commun entre le Joker et la petite dame qui pleure de la peinture ? Ces deux filtres ont été inspirés par des créations d’artistes maquilleurs, très peu protégés par des droits d’auteur. « Si je comprends bien », explique Mykie, « il est difficile pour les artistes maquilleurs de protéger leur travail puisque le maquillage n’est pas systématiquement considéré comme un support éligible aux droits d’auteur, contrairement à d’autres supports ». Il est donc difficile de faire valoir ses droits en cas « d’emprunt ».

Contacté par The Ringer, Snapchat a quant à elle démenti avoir piqué les œuvres d’autres artistes pour créer ses filtres : « Le processus créatif implique parfois l’inspiration, mais il ne doit jamais résulter de la copie. Nous avons déjà mis en œuvre des étapes supplémentaires de révision pour tous les modèles. Copier d’autres artistes n’est pas quelque chose que nous tolérons, et nous prenons actuellement les mesures appropriées en interne avec les personnes concernées ». Les make-up artistes n’ont plus qu’à croiser les doigts pour que l’application ne s’inspire plus de leurs œuvres.