REEMPLOILe verre consigné a (enfin) fait son grand retour

Zéro déchet : Comment le verre consigné a (enfin) fait son grand retour

REEMPLOICette méthode écologique et économique séduit à nouveau bon nombre de consommateurs et de producteurs
La consigne des contenants permettrait de réduire l'empreinte écologique de 65 à 85 %
La consigne des contenants permettrait de réduire l'empreinte écologique de 65 à 85 % - iStock / City Presse
M.K pour 20 Minutes

M.K pour 20 Minutes

Rapporter sa bouteille de lait ou de soda en magasin afin de la remplir à nouveau, c’était une habitude largement démocratisée jusqu’au début des années 1990, avant qu’elle ne tombe en désuétude avec l’essor des contenants jetables, puis recyclables. Si la consigne est encore généralisée chez certains de nos voisins, comme en Allemagne, la France a en effet depuis longtemps abandonné cette pratique.



Pourtant, à l’heure où réduire ses déchets est indispensable, cette bonne vieille technique séduit à nouveau certaines régions qui ont pris l’initiative de la remettre au goût du jour.

C’est ainsi 1,4 million de bouteilles qui ont été réemployées en 2022 selon l’association Réseau Consigne, soit environ 700 tonnes. Un bon début mais un niveau bien en deçà des 2 millions de tonnes de verre recyclées chaque année…

Alors, la consigne, chimère ou avenir de notre consommation ?

Le déclin de la consigne, le triomphe du plastique

Les plus âgés d’entre nous ont bien connu le système de la consigne qui consistait à payer une petite somme d’argent supplémentaire (en général quelques centimes) lors de l’achat d’une bouteille. Une fois vide, il était possible de la re-remplir en magasin, et la consigne était reversée lorsque le contenant en verre était définitivement rendu.

Ainsi, des années 1960 à l’aube des années 1990, ce système a permis de limiter considérablement les déchets en verre. Mais avec le déploiement général des contenants en plastique et des emballages jetables, cet usage a peu à peu disparu. En effet, pour les industriels, empaqueter leurs produits dans du plastique revenait moins cher que d’utiliser du verre.

Néanmoins, les conséquences désastreuses de la prolifération du plastique ont remis à l’ordre du jour la consigne. La guerre en Ukraine a également rebattu les cartes car le pays a vu sept de ses usines de fabrication de verre fermer. Produire du verre est donc actuellement beaucoup plus cher (environ + 60 %).

Des intérêts écologiques et économiques

Au-delà du coût de fabrication qui pousse les industriels à revoir leurs méthodes, la consigne a des intérêts écologiques majeurs.


Le verre consigné a des intérêts écologiques majeurs
Le verre consigné a des intérêts écologiques majeurs - iStock

Si le verre est aujourd’hui largement recyclé – 95 % sur le territoire français selon Citeo, 85 % selon l’Ademe –, ce processus reste coûteux et énergivore du fait de l’utilisation d’énergies fossiles. Une bouteille jetée dans une benne de recyclage est en effet fondue dans un four à 1.500 °C, avant de servir à la fabrication d’autres bouteilles.

La consigne, en revanche, permet de réutiliser le même contenant de nombreuses fois. On estime ainsi qu’elle permet de réduire l’empreinte écologique de 65 à 85 %.

Une étude menée en Alsace pour une marque de bière a également démontré que la consigne permettait d’économiser jusqu’à 75 % d’énergie et 33 % d’eau par rapport au recyclage.

Mais cette méthode est aussi économique pour les consommateurs puisque les industriels impactent le coût de production des contenants sur les prix des produits. Pouvoir réutiliser ses bouteilles et bocaux permettrait donc de réduire les tarifs de vente.

De plus, la taxe d’enlèvement des ordures ménagères que l’on paie tous comptabilise les coûts liés au recyclage (environ 35 € par tonne), là où la consigne ne coûte rien. Le calcul est vite fait…

Néanmoins, même si 88 % des Français se disent favorables au retour de la consigne, selon un sondage de WWF France réalisé en 2019, cette pratique n’est pas forcément la panacée.

D’après le Plan national de prévention des déchets 2014-2020, ce système ne serait pas toujours pertinent et son efficacité dépendrait de plusieurs critères, à savoir la distance de transport entre le conditionneur et le lieu de distribution, le mode de transport retenu, le poids des emballages (le verre des consignes étant renforcé, il est généralement plus lourd et génère donc plus de dépenses en carburant), le taux de recyclage des emballages à usage unique et enfin le nombre d’utilisations des emballages re-remplissables.


88 % des Français se disent favorables au retour de la consigne
88 % des Français se disent favorables au retour de la consigne - iStock

Des initiatives qui se multiplient

Toutefois, de nombreux producteurs, entreprises et associations sont convaincus du bien-fondé de cette méthode et ont pris l’initiative de remettre la consigne dans leur système de distribution.

C’est le cas, par exemple, de Rebooteille en région lyonnaise, Haut la consigne dans le Nord, Consign’up en Occitanie, Bout à bout dans les Pays de la Loire, la Consigne de Provence, mais aussi de Jeanbouteille.fr, présent dans plus de 1.000 points de vente en vrac sur tout le territoire.

Sur leurs sites, on trouve des cartes répertoriant les vendeurs de vin, de limonade, de lessive, etc., qui ont adopté la consigne.

Même les grandes enseignes commencent à s’y mettre ! Ainsi, Carrefour a mis en place une consigne dans quelques-uns de ses magasins bretons.


Notre dossier « Déchets »

Si ces actions sont pour l’instant localisées, nul doute qu’elles finiront par se généraliser : la loi antigaspillage de 2020 impose en effet aux producteurs et distributeurs faisant plus de 50 millions de chiffre d’affaires de réemployer 10 % de leurs emballages d’ici 2027. La consigne a donc un bel avenir devant elle !

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