mémoireLe portefeuille du soldat était perdu sous un tas de foin depuis 84 ans

Haute-Saône : La belle histoire du portefeuille d’un soldat découvert 84 ans après sous un tas de foin

mémoirePortefeuille, stylo, lettres, photos… A Colombier, près de Vesoul, un couple de retraité s’est lancé dans une véritable enquête pour retrouver le soldat de la Seconde Guerre mondiale qui avait perdu ce trésor dans leur grange
Des documents découverts près de Vesoul par Jean-François Maillot et Angela Williamson dans le portefeuille d'un soldat de la Seconde Guerre mondiale
Des documents découverts près de Vesoul par Jean-François Maillot et Angela Williamson dans le portefeuille d'un soldat de la Seconde Guerre mondiale  - Jean-François Maillot / Jean-François Maillot
Gilles Varela

Gilles Varela

L'essentiel

  • Jean-François Maillot et son épouse Angela Williamson, un couple de retraités du village de Colombier, près de Vesoul, en Haute-Saône, ont découvert un portefeuille sous du foin dans le grenier de leur grange.
  • Un portefeuille contenant des photos, une lettre manuscrite et un stylo appartenant à un soldat français de la Seconde Guerre mondiale.
  • A la recherche de ses descendants pour leur remettre le précieux trésor, c’est surtout pour la famille Maillot un devoir de mémoire et un avertissement sur la guerre qui s’épand en Europe.

Bien plus qu’une banale histoire de portefeuille découvert au fond d’un grenier. Que de l’or ou des pierres précieuses retrouvées, promettant fortune et gloire. Pour Jean-François Maillot et son épouse Angela Williamson, un couple de retraités du village de Colombier, près de Vesoul, en Haute-Saône, c’est avant tout le trésor d’une mémoire retrouvée, d’un lien renoué avec le passé et d’un avertissement pour l’avenir…

Imaginez : sous du foin bien tassé, stocké dans le grenier d’une ancienne étable, ils ont découvert il y a quelques mois un vieux portefeuille en cuir, celui d’un soldat de la Seconde Guerre mondiale. A l’intérieur, une lettre manuscrite et parfaitement conservée datant de 1940, quatre photographies, un stylo-plume, des papiers… Une trouvaille fortuite, alors que le couple effectuait des travaux d’isolation dans cette partie un peu isolée de la ferme acquise il y a une trentaine d’années. Mais surtout le début d’une aventure, relayée dans la presse, qui va les conduire sur la piste des descendants du soldat.

Une piqûre de rappel

« Sur le moment, on a été surpris, explique Jean-François Maillot. Je ne pensais pas du tout que l’on pouvait trouver quelque chose d’ancien dans ce grenier avec des éléments incroyablement bien conservés, un courrier très lisible, des photos en très bon état, une adresse. … » Une surprise mais aussi une « grande émotion », poivrée de l’étrange sentiment, pour lui et son épouse, d’un devoir à accomplir. Car, à bien y regarder, ce trésor de la dernière guerre n’est pas tombé entre n’importe quelles mains, à une époque où certains relents « du passé sont toujours plus d’actualité », fait remarquer le retraité. Pas seulement parce que son épouse est britannique, mais aussi par l’histoire personnelle de sa famille. « Je suis attaché à ce qui s’est passé pendant la Seconde Guerre mondiale car mon oncle, qui était un résistant, a été fusillé par les Allemands le 6 avril 1944, confie Jean-François Maillot. Alors à chaque fois que l’on parle de cette période, ça remue, c’est une émotion forte. »

Ancien enseignant, il se servait d’ailleurs déjà des documents que son propre oncle avait écrits pour communiquer afin d’animer ses classes, notamment en prévision des célébrations du 8-Mai et du 11-Novembre. « Alors si je peux utiliser la moindre chose comme ce portefeuille, j’essaye de le faire intelligemment. Notamment pour prévenir des risques, car malheureusement, nous ne sommes toujours pas protégés d’une guerre, on s’en rend compte aujourd’hui », retrace le sexagénaire.

Le portefeuille et le stylo d'un soldat retrouvés  sous du foin 84 ans après dans une grange de Colombier
Le portefeuille et le stylo d'un soldat retrouvés sous du foin 84 ans après dans une grange de Colombier - Jean-François Maillot

Une véritable enquête

Le couple joue alors les enquêteurs, notamment pour identifier la bonne personne à qui remettre ce précieux portefeuille. Avec un point de départ : le nom du soldat, Vincent Soubielle, comme en atteste la lettre datée du 4 avril 1940. Devenu photographe professionnel, Jean-François Maillot est le photographe officiel du Festival des cinémas d’Asies (FICA). Un détail qui n’est pas si anodin car son œil avisé lui a permis de remarquer, et surtout d’identifier, une église sur une des photographies. Elle est située à Formiguères, dans les Pyrénées-Orientales.

Contacts pris avec la mairie, avancées dans les recherches notamment via Internet, échanges avec des membres de la famille du soldat, l’affaire est rondement menée. Angela Williamson s’attache même à retracer l’arbre généalogique de la famille. « C’est très complexe car il y a énormément de Soubielle dans les Pyrénées-Orientales. Dans le cimetière du village, il y en a un nombre incroyable », sourit la retraitée.

Jean-François Maillot et Angela Williamson mènent l'enquête pour donner à la famille du soldat son portefeuille.
Jean-François Maillot et Angela Williamson mènent l'enquête pour donner à la famille du soldat son portefeuille.  - Jean-François Maillot

Renseignements obtenus, le soldat Vincent Soubielle est né en 1901. Des témoignages d’anciens de Colombier attestent des passages des troupes françaises dans le village, situé près des frontières suisse et allemande. Le soldat aurait fait halte dans la grange en y oubliant son portefeuille. Il est décédé en 1957, comme l’atteste une photographie de la pierre tombale obtenue auprès de la famille du soldat. Si Jean-François Maillot et Angela Williamson ne connaissent pas encore les raisons de sa mort, ils se disent soulagés de savoir qu’il n’a pas été tué pendant la guerre. Le soldat Vincent Soubielle était boulanger de métier, comme son père. Il ne s’est pas marié et n’a pas eu d’enfant.

Pour l’heure, des prises de contact avec un de ses petits-neveux ont été établies. Une rencontre avec plusieurs membres de sa famille devrait avoir lieu fin mars afin de leur remettre le portefeuille presque centenaire. Pour un retour définitif du soldat à la maison.

Sujets liés