Pourquoi les amours réchauffées font toujours vibrer au ciné

Ils se sont aimés et se retrouvent quinze ans après s’être séparés. Lui (Guillaume Canet) est un acteur célèbre en dépression. Elle (Alba Rohrwacher) est mariée, mère de famille et professeur de piano. Stéphane Brizé délaisse sa veine politique ouverte avec La Loi du marché pour confronter ces anciens amants à leur passé dans le sensible Hors-saison.

On verse des larmes pendant la projection et, en sortant, on se demande franchement pourquoi on a tant aimé ça. « Les amours réchauffées parlent à tout le monde, explique Guillaume Canet à 20 Minutes. Même si on est heureux dans sa vie sentimentale présente, penser au passé ouvre des portes sur des sentiments doux-amers. »

Explorer les banlieues de l’âme

Il faut donc être masochiste pour prendre du plaisir à voir Hors-saison ? « Pas du tout !, s’exclame Alba Rohrwacher. Ce film permet d’explorer les banlieues de l’âme, ce qui fait du bien. L’introspection est un plaisir et c’est ce qu’offre le film. Je n’ai rien en commun avec mon personnage mais je me suis identifiée à cette femme qui joue le bonheur parfait alors qu’elle s’ennuie un peu dans sa vie. » La mélancolie tendre du film gagne progressivement le spectateur emporté dans des paysages balayés par le vent et les embruns.

« On peut aimer marcher sous la pluie avec un bon manteau, assure Guillaume Canet et je crois que c’est ce que propose ce film : un frisson passager avant de déguster une boisson bien chaude. » On retrouve l’atmosphère mélancolique de Mademoiselle Chambon dans cette chronique d’un amour qui s’offre une deuxième chance. « Réchauffé n’est pas le mot que j’emploierai, déclare Alba Rohrwacher. Je vois plus cela comme une parenthèse, un retour à une jeunesse envolée et le moyen de mettre – ou non – un point final à une belle histoire. »

Une affaire de choix

L’humour fait parfois une apparition dans les rapports du personnage de Guillaume Canet à la célébrité : la star du grand écran qu’il incarne doit faire face à ses fans et composer avec une épouse aussi célèbre que lui qui n’a que peu de temps à lui consacrer. « Cet aspect m’a amusé car j’ai montré dans mes propres films que je n’avais rien contre l’idée de jouer avec mon image », dit-il. Ces clins d’œil malicieux apportent une bouffée d’air frais fort bienvenue rendant le héros encore plus attachant. « Faire carrière contraint obligatoirement à des sacrifices, explique Guillaume Canet et cela pas seulement quand on est comédien ! On repense tous parfois à ce qu’auraient pu être nos vies si nos choix avaient été différents. »

Comme celui de renoncer à sa vie professionnelle qu’a fait l’héroïne sans doute promise à un avenir de musicienne virtuose qu’elle a abandonné pour devenir une provinciale aux joies conventionnelles. « On aime regarder ce type d’histoire parce qu’elles ouvrent de nouveau les possibles qui ont disparu avec le temps et la maturité », insiste Alba Rohrwacher. Hors-saison est proche du plaisir délicat qu’on éprouve à titiller une écorchure, une plaie sans gravité qu’on ne laisse pas tout à fait se refermer.