Bordeaux : Caractère, Urios, effectif, Radradra… Comment expliquer la métamorphose de l’UBB ?

RUGBY Derrière leur entraîneur, les Bordelais continuent de surprendre tout le monde grâce à un nouvel état d’esprit à l’image de leur victoire au Racing 92 (34-30)

Clément Carpentier
L'UBB de Matthieu Jalibert continue de surprendre cette saison.
L'UBB de Matthieu Jalibert continue de surprendre cette saison. — Philippe Lopez / AFP
  • L’UBB a réalisé un nouveau gros coup ce week-end en s’imposant au Racing 92 (34-30).
  • Les Bordelais montrent enfin du caractère cette saison dans les pas de Christophe Urios.
  • Deuxième du Top 14, l’Union Bordeaux-Bègles s’appuie également sur un effectif étoffé et composé de très gros talents comme Radradra ou Jalibert.

« Des dauphins, t’en fait pas des requins », cette expression rendue célèbre lors de par Laurent Sciarra (entraîneur de basket) à l’occasion d’un énorme coup de gueule envers ses joueurs et bien en train d’être démentie par ceux de l’Union Bordeaux-Bègles. Des beaux joueurs, des gentils garçons mais au final une équipe sans caractère, voilà à quoi était régulièrement résumé le club girondin depuis des saisons avec notamment cette incapacité chronique à ne pas se qualifier pour les phases finales.

Eh bien, aujourd’hui, les coéquipiers de Matthieu Jalibert ne sont clairement plus du tout les mêmes à l’image ce week-end de cette dernière séquence défensive pour aller chercher une victoire de prestige sur le terrain du Racing 92 (34-30). Cette équipe ne lâche plus : « Ça, c’est la nouveauté cette saison », reconnaît Christophe Urios. Si le très charismatique manager de l’UBB y est beaucoup dans cette métamorphose, il y associe ses joueurs : « Quand je suis arrivé, j’ai dit que c’était les anciens qui devaient changer et ils ont changé ! »


Maintenant, il y a la tête en plus des jambes

Cette saison à part à Brive, l’Union Bordeaux-Bègles n’est jamais passée à côté d’un match. Deuxième du Top 14 à un point du leader après 10 journées, elle tient enfin ses promesses. Et justement à ce sujet le patron a une petite anecdote :

« Quand on a fait le bilan en fin de saison dernière, les mots d’un joueur m’avaient marqué. Il avait dit : "Il y a des années-lumière entre ce qu’on dit et ce qu’on fait." Là, on est capable de dire les choses et de les appliquer. L’intention, l’action, c’est important cette histoire. »
L'international argentin, Santiago Cordero, a régalé l'U Arena avec l'UBB.
L'international argentin, Santiago Cordero, a régalé l'U Arena avec l'UBB. - Philippe Lopez / AFP

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que sur la pelouse synthétique francilienne l’UBB a montré du caractère mais surtout fait le spectacle (quatre essais) comme à la bonne vieille époque. Au-delà de cette métamorphose dans l’état d’esprit, l’effectif girondin a encore gagné en qualité cette saison. Aux Tamanivalu, Jalibert ou Radradra, ce sont ajoutés les Cordero, Higginbotham, Lamerat… Ça fait du talent au mètre carré et pour faire la différence dans les matchs serrés comme au Racing, ça aide.

Oui, oui, Christophe Urios sait jouer au rugby

Et puis il ne faut pas avoir peur des mots, le club de Laurent Marti compte peut-être aujourd’hui dans son effectif le deuxième meilleur joueur du monde derrière Kobe avec Semi Radradra. Avant de rejoindre l’Angleterre, la star fidjienne continue de faire merveilleux en Top 14 (deux essais dont celui de la victoire ce week-end). Un phénomène qui « justifie son salaire » pour le taquin manager bordelais mais dont l’UBB « espère regretter très fort le départ jusqu’au bout » selon son président ce qui voudra dire que son club a fait une excellente saison.


Les résultats sont là, le jeu est de retour et pourtant un homme, certes heureux, en avait tout de même gros sur la patte après cette magnifique victoire de son équipe. Alors de lui-même sans qu’un journaliste ne l’interpelle, Christophe Urio a pris la parole :

« Je vais le dire parce que je l’ai sur le cœur. Ce match, c’est une dédicace à tous les incompétents du rugby qui pensaient que je ne savais pas jouer au rugby et que mes équipes ne savaient pas jouer au rugby »

Une punchline dont il a le secret. Face au Racing 92, l’UBB « voulait montrer qui elle était aujourd’hui, dixit le demi de mêlée Maxime Lucu, montrer qu’elle peut rivaliser avec les grosses équipes. » Et elle l’a fait et pas seulement dit comme par le passé.