Cérémonie d’ouvertureAya Nakamura, sororité et transgression, c’était la cérémonie de l’ouverture

JO 2024 : Aya Nakamura, sororité et transgression… C’était la cérémonie de l’ouverture à la française

Cérémonie d’ouvertureContrairement à la cérémonie d'ouverture un poil réac de la Coupe du monde de rugby 2023, celle des Jeux olympiques 2024 a joué l'ouverture à fond, sans pour autant renier ses classiques. Le message positif est passé
Aya Nakamura, une des têtes d'affiches de la cérémonie d'ouverture, a tenu son rang. Comme d'autres, elle a symbolisé la diversité mise en avant pendant toute la soirée
Aya Nakamura, une des têtes d'affiches de la cérémonie d'ouverture, a tenu son rang. Comme d'autres, elle a symbolisé la diversité mise en avant pendant toute la soirée - Esa Alexande / POOL
William Pereira

William Pereira

L'essentiel

  • L'ouverture des Jeux Olympiques 2024 était un spectacle inclusif et moderne célébrant la diversité de la France, en opposition à la cérémonie conservatrice de la Coupe du Monde de Rugby 2023.
  • De la Cène revisitée par des artistes queers à la performance d'Aya Nakamura, la soirée a clairement été frappée du sceau de la diversité.
  • La cérémonie s'est terminée en apothéose avec Céline Dion en blanc sur la Tour Eiffel reprenant « L'hymne à l'amour » d'Edith Piaf.

De notre envoyé spécial sous le déluge,

L’épiphanie nous est tombée dessus comme le ciel noir du Trocadéro. On ne saurait pas trop dire quand, probablement quelque part entre le featuring improbable et magique d’Aya Nakamura avec la garde républicaine et la Marseillaise chantée par une Marianne à la peau moins claire que ne l’auraient voulu les obscurantistes passés tout près du pouvoir il y a peu. Mais il nous est apparu évident que la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques 2024 était l’exact opposé du spectacle de coup d’envoi de la Coupe du monde de rugby 2023. A dix mois d’intervalle, les woke ont répondu aux réacs et le verdict est sans appel : victoire par KO des JO.

On vous voit venir : oui, mais pas les mêmes moyens, gnagnagna. Bien sûr. Mais l’argent ne fait pas les intentions. Là où Jean Dujardin, sa charcuterie et son coq immonde avaient livré au monde la vision obtuse d’une France engluée dans un passé révolu, la fête de vendredi a prouvé que la fierté nationale pouvait se conjuguer au présent et les bras grands ouverts. Blancs, noirs, maghrébins, asiatiques, femmes, hommes, queers, vieux, jeunes, classicistes et modernistes : la France appartient à tout le monde.

Sororité et diversité, maîtres mots de la soirée

L’inclusion n’est pas un gros mot, et les maîtres des festivités ont eu raison de le rappeler, avec la touche transgressive qui va bien à l’image d’une Marie-Antoinette décapitée pour lancer du Gojira ou encore la cène redessinée par des artistes queers. Sans oublier ce liberté, égalité, fraternité, sororité ouvrant la voie à un hommage à dix femmes qui ont façonné la France, dont Louise Michel, la Comunarde. Une ref de plus pour courroucer les disciples de Pascal Praud, probablement déjà bien irrités par l’apparition de la reine Aya Nakamura, qu’ils avaient jugée indigne de se produire dans un contexte si prestigieux.

Sa superbe performance a démontré tout le contraire. Qui n’a pas vibré sur son apparition pour reprendre ses plus grands classiques (Pookie et Djadja notamment), après une entrée en scène servie explosive par l’homme masqué, aka LE fil conducteur de la soirée.

Arno en personnage principal de la cérémonie d’ouverture

Pour ceux qui n’ont pas la référence, il s’agissait là d’un double clin d’œil. Le premier à Arno, héros français de la franchise Assassin’s Creed, jeu développé par Ubisoft, entreprise également française. Sur les réseaux, les comptes du jeu n’avaient d’ailleurs pas pu s’empêcher de spoiler la surprise : « gardez un œil sur les toits de Paris : Arno pourrait bien regarder d’en haut ». Et quel kiffe, pour les amoureux du jeu, de voir le mot « synchronicité » s’afficher sur l’écran au moment où l’homme à capuche s’approchait du sommet de Notre-Dame. A vous donner envie d’allumer la Playstation et de refaire tout le jeu en one shot. La deuxième référence est à chercher dans le mode de déplacement des héros d’Assasin’s Creed, le Parkour. Lui aussi né en France. Comme quoi, il y a plein de manières innovantes de célébrer la France.

Arno, c'est toi?
Arno, c'est toi?  - Peter Cziborra

Comme il fallait bien donner à manger un peu de béret-baguette au monde qui n’attend visiblement que ça de Paris, il a tout de même été décidé de leur livrer un hommage des danseurs du moulin rouge au french cancan. C’était soit ça, soit un épisode d’Emily in Paris diffusé sur les écrans installés le long du parcours. A choisir, on préfère la première option, mais dans le genre classique, on préfère encore la playlist à base de Claude François, Daniel Balavoine, France Gall et bien sûr Zizi Jeanmaire, par Lady Gaga. Le meilleur était pour la fin. Céline Dion seule sur la Tour Eiffel, toute de blanc vêtue pour nous chanter une puissante reprise de l’hymne à l’amour d’Edith Piaf, dont elle seule a le secret. On en frissonne encore.