France-Irlande : « Aujourd’hui, on peut dire que je suis bien »… Tchouaméni, l’empereur du milieu des Bleus

FOOTBALL Monstrueux de bout en bout de la rencontre face aux Irlandais, et auteur du premier but libérateur des Bleus jeudi soir, Aurélien Tchouaméni s’impose de plus en plus comme un rouage essentiel du système de Didier Deschamps

Aymeric Le Gall
Aurélien Tchouaméni a été le grand monsieur des Bleus jeudi soir face à l'Irlande.
Aurélien Tchouaméni a été le grand monsieur des Bleus jeudi soir face à l'Irlande. — FRANCK FIFE
  • L’équipe de France a battu l’Irlande, jeudi soir, en éliminatoires à l’Euro 2024, au Parc des Princes.
  • A cette occasion, le milieu de terrain Aurélien Tchouaméni a brillé à la fois par sa capacité à récupérer des ballons, à orienter le jeu et à marquer des buts de loin.
  • Après une saison en dents de scie avec le Real Madrid, l’ancien Monégasque semble aujourd’hui avoir franchi un cap, pour le plus grand bonheur des Bleus.

Au Parc des Princes,

Le public de l’équipe de France n’est pas celui du PSG, on l’a encore vu jeudi soir avec cette succession un peu balourde de « Ola », mais il devait bien y en avoir, lors du match France-Irlande délocalisée au Parc pour cause de rugby vendredi à Saint-Denis, qui supporte à la fois les Bleus et les Rouge et Bleu. Ceux-là ont dû avoir la larme à l’œil en se souvenant que l’été dernier, Paris avait fait des pieds et des mains pour recruter Aurélien Tchouaméni, avant que celui-ci ne choisisse finalement de poser ses valises à Madrid.

Car le milieu de terrain Merengue a donné à voir face aux Irlandais un condensé du formidable joueur qu’il est (et qu’il sera encore plus dans les années à venir). Il y a évidemment ce but de loin tout en caresse, du plat du pied droit, direction le petit filet opposé de Bazunu, pour l’ouverture du score tricolore (19e). Mais il y a surtout eu cet abattage de zinzin au milieu du terrain, de bout en bout de la rencontre. A l’inverse d’un Ousmane Dembélé, toujours prompt à mettre le bordel sur son côté droit avant de faire le ménage lui-même en ratant à peu près tous ses derniers gestes, Tchouaméni termine toujours ce qu’il a commencé.

Deschamps espère tenir son nouveau gars sûr

En récupérant d’abord un nombre incroyable de ballons (10 face aux Irlandais), puis en les bonifiant dans la foulée, soit par une passe laser (avec un taux de réussite de 95,3 % siouplé), soit par une remontée de balle, soit par un tir. « Il a cette capacité de frappe de balle et de marquer mais, là où il a été vraiment très performant, c’est dans la récupération, acquiesçait Didier Deschamps jeudi soir, au micro de TF1. Il doit avoir ça. Il ne l’a pas tout le temps mais l’équipe de France a besoin d’un Aurélien Tchouaméni au maximum dans ce domaine. »

Ceci étant posé, on peut maintenant revenir sur cette frappe artistique de la 19e minute. En posant simplement son plat du pied pour se servir de l’inertie du ballon, après la subtile passe en retrait de Mbappé, là où 90 % des joueurs auraient préféré la frappe de mulasse, Tchouaméni a montré que le travail payait. Croisé en zone mixte, il nous raconte : « On travaille beaucoup les frappes au club, à Madrid, à la fin des entraînements. Le coach Ancelotti nous chambre pas mal avec "Cama" [Camavinga], il dit qu’on ne marque pas assez de buts, donc on essaye de travailler notre technique de frappe, ça a payé aujourd’hui, il faut continuer dans cette voie. »


Une première saison d’adaptation au Real

Conscient de tenir un sacré poulain entre ses mains, le coach italien du Real ne lui passe rien. La saison dernière, alors qu’il le sentait en deçà de ce que son potentiel laisse pressentir, notamment à son retour du Mondial, Ancelotti n’avait pas hésité à le mettre régulièrement sur le banc. A l’arrivée, si l’ancien Monégasque avait disputé 51 rencontres au total, il n’en avait commencées que 28, pour 14 petits matchs joués en intégralité. Ce n’est plus la même musique cette saison. Titularisé au poste sentinelle dans un 4-4-2 en losange lors des quatre premiers matchs de championnat, le Français est en passe de devenir une pièce maîtresse du nouveau système d’Ancelotti.

S’il a un peu tiqué en zone mixte quand on lui a fait remarquer qu’il avait changé par rapport à la saison dernière, le garçon a fini par admettre volontiers qu’il « monte en puissance ». « J’ai été blessé, j’ai été malade, donc on va dire que la dynamique la saison dernière était un peu moins positive. Mais j’ai gardé confiance en moi, j’ai continué de travailler tout en gardant la même mentalité et aujourd’hui on peut dire que je suis bien. » Deux ans quasiment jour pour jour après sa première sélection en Bleu (le 21 septembre 2021 contre la Serbie), Tchouaméni fait désormais partie des tauliers de cette équipe de France. Au point de nous faire oublier N’Golo Kanté le Saoudien et Pogba le grand blessé, quand ils étaient à leur prime en 2018 ? Il n’y a qu’un pas qu’on ne tardera pas à franchir.