Equipe de France féminine : Sobriété, chemise noire et retour des frondeuses… Hervé Renard impose son style

FOOTBALL Hervé Renard s’est présenté devant la presse pour la première fois en tant que sélectionneur des Bleues. S’il a mis sa chemise blanche au placard, il a aussi rappelé Wendie Renard

Aymeric Le Gall
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Hervé Renard s'est présenté pour la première fois devant la presse ce vendredi dans le costume de sélectionneur de l'équipe de France féminine.
Hervé Renard s'est présenté pour la première fois devant la presse ce vendredi dans le costume de sélectionneur de l'équipe de France féminine. — LoIc Baratoux/LABEL IMAGE/SIPA
  • Hervé Renard, ex-sélectionneur de l’Arabie saoudite, a été officiellement nommé jeudi à la tête de l’équipe de France féminine.
  • Il succède à Corinne Diacre, limogée le 9 mars, en conflit avec plusieurs joueuses de la sélection française.
  • Avec un staff plus élargi, le technicien s’est présenté ce vendredi devant la presse.
  • Le sélectionneur des Bleues a aussi annoncé le retour de la capitaine frondeuse Wendie Renard et de la meilleure buteuse des Bleues Eugénie Le Sommer, en vue du Mondial 2023.

Au siège de la FFF,

Après trois semaines d’attente, à la suite du renvoi de Corinne Diacre à la tête des Bleues, on n’était plus à une quinzaine de minutes près. C’est donc avec un bon quart d’heure de retard sur l’horaire initialement prévu que l’équipe de France féminine est officiellement entrée dans une nouvelle ère, celle du Renard, Hervé Renard, ce vendredi, au siège de la 3F.

Là même où, quelques semaines plus tôt, on tirait des tronches d’enterrements pour solder l’affaire Le Graët. En cette toute fin de mars, les sourires étaient enfin revenus sur les visages de Philippe Diallo, Jean-Michel Aulas et d’Aline Riera, tous trois venus accompagner le nouveau sélectionneur des Bleues sur l’estrade de la salle de presse du 87 boulevard de Grenelle.

Une salle de presse qu’on n’avait jamais vue aussi garnie pour une conférence de presse autour de l’équipe féminine, preuve que, sur ce point au moins, celui de l’attrait médiatique autour des Bleues, les têtes pensantes de la FFF ont déjà réussi leur pari. Après avoir brièvement présenté son nouveau poulain, un homme « qui a l’expérience du haut niveau, un sélectionneur à succès et un personnage charismatique », Philippe Diallo en a glissé une petite pour Corinne Diacre – sans la nommer, bien sûr – et son fonctionnement à l’ancienne, son staff minimaliste et sa propension à ne pas trop partager le pouvoir.


Enfin un vrai staff pour les Bleues

« Notre ambition collective dépasse le changement de nom, il s’inscrit dans une volonté plus large de faire franchir au football féminin et sa sélection une marche supplémentaire, a déclaré le nouveau président de la FFF. Avec un staff plus élargi, renforcé, qui correspond au standard des meilleurs clubs européens et qui devait se retrouver au niveau de la sélection nationale. » De son côté, Jean-Michel Aulas a loué la volonté de Philippe Diallo de faire que ce choix de sélectionneur soit collégial et non plus le seul fait du prince, histoire de rappeler au passage que l’ère du père Le Graët était, elle aussi, bel et bien révolue. Sans oublier, en bon argentier qu’il est, de saluer sans le dire le sacrifice financier de l’ancien sélectionneur saoudien, qui s’est assis sur ses 300.000 euros mensuels du côté de Riyad. « Il a fait ce qu’il fallait pour qu’il soit là aujourd’hui, et ça, il faut le souligner », a ainsi salué JMA.

Vint enfin l’heure pour Hervé Renard de prendre la parole, tout en sobriété, à l’image de cette chemise noire qu’il arborait à la place de sa légendaire liquette blanche de beau gosse. Où quand le style Bernard Henry-Lévy sur le front syrien laisse place à l’élégance version George Clooney dans les pubs Nespresso. « C’est une fierté d’être assis devant vous. Je remercie toutes les personnes qui m’ont fait confiance. Et maintenant place au travail et cap sur cette Coupe du monde 2023 qui va arriver très vite », a-t-il simplement déclaré avant de laisser les journalistes le bombarder de question.

Les frondeuses de retour

Pourquoi avoir accepté ce challenge alors que tout se passait bien en Arabie saoudite ? « J’avais fait part à mes proches qu’un jour j’aimerais bien à la tête de cette équipe de France, a-t-il rétorqué. Je ne vais pas vous cacher que ça en a surpris plus d’un. Mais rien ne remplace les grandes compétitions, et là, avec le Mondial cet été et les JO 2024 à Paris, on est servi ! Il n’y a pas meilleure explication que celle-ci pour comprendre mon choix. Et je pense aussi qu’il y a un groupe de qualité et que tous ensemble on est capable de faire de belles choses ».



Réfutant l’idée d’avoir une revanche à prendre dans son pays après son échec lors de son passage sur le banc du Losc en 2015, le double vainqueur de la CAN avec la Zambie et la Côté d’Ivoire a rapidement basculé sur le volet sportif de sa mission, non sans filouter pour éviter LE sujet qui fâche dans cette équipe, à savoir la fronde des joueuses qui ont eu la tête de Corrine Diacre. « La Fédération m’a donné une liste élargie de joueuses sélectionnables [comprendre : avec les frondeuses], j’ai donc pu choisir celles que je voulais. »

Et voilà donc la capitaine et chef de file de la Révolution de mars, Wendie Renard, de retour en Bleue, accompagnée par 25 autres joueuses, dont Eugénie Le Sommer, en froid avec Diacre et que l’on avait plus vu en équipe de France depuis près de deux ans, au lendemain de l’élimination en quart de finale face aux Etats-Unis au Mondial 2019.

« De la vitesse, un pressing haut »

Hervé Renard a également laissé entendre qu’il pourrait bien faire appel à Amandine Henry, autre cible de l’ancienne sélectionneuse, une fois que celle-ci sera de retour de blessure. L’idée étant de s’appuyer sur leur grande expérience de la sélection pour accompagner un effectif plutôt jeune. Enfin, il n’aura échappé à personne l’absence de Kheira Hamraoui, en froid avec deux des leaders du vestiaire tricolores aujourd’hui blessées, Kadidiatou Diani et Marie-Antoinette Katoto, après l’affaire de son agression au Paris Saint-Germain. Pour Renard, ce choix est purement « sportif », ce qu’on est en droit de croire ou non.


Matez la classe du bonhomme
Matez la classe du bonhomme - JOHN SPENCER/SIPA

Quant au style de cette nouvelle équipe, du moins sur le papier, le voici : « De la vitesse, un milieu de terrain avec de jeunes joueuses pour apporter du dynamisme et être conquérante, un pressing haut, une pression constante et de l’efficacité devant. » Et ce joli programme commence dès lundi, à l’occasion du premier rassemblement des Bleues à Clairefontaine avant les deux derniers matchs de prépa face à la Colombie (le 7 avril à Clermont) et au Canada (le 11 avril au Mans) avant le Mondial. « J’ai hâte de prendre le pouls de ce groupe, a conclu le nouveau roi du bled. On est très motivés avec mon staff, on peut réussir de très grandes choses dans le football si on est unis et qu’on a un état d’esprit remarquable. » On verra rapidement si le message est passé.