Formule 1 : Imbroglio Piastri, départ d’Alonso et quatrième place… Laurent Rossi et Esteban Ocon font le bilan d’Alpine

FORMULE 1 L’écurie française de F1, Alpine, a rempli son objectif en terminant quatrième du classement des constructeurs, non sans difficultés, notamment en matière de fiabilité

Adrien Max
L'écurie française de Formule 1, Alpine, a atteint son objectif fixé pour la saison 2022 en terminant à la 4e place du classement des constructeurs.
L'écurie française de Formule 1, Alpine, a atteint son objectif fixé pour la saison 2022 en terminant à la 4e place du classement des constructeurs. — Renault SAS
  • Alpine, l’écurie française en Formule 1, a rempli son objectif fixé en début de saison en terminant quatrième au classement des constructeurs.
  • En coulisses, elle a dû faire face au départ de Fernando Alonso et au refus de son jeune pilote, Oscar Piastri, de rouler pour elle.
  • Sur la piste, les batailles entre Alonso et Ocon ont donné quelques sueurs froides à Laurent Rossi, le patron d’Alpine, et à ses équipes.

Un épisode qui a aussi servi d’apprentissage pour Laurent Rossi, en matière de gestion des pilotes sur la piste : « On les a laissés courir autant qu’ils le voulaient l’un contre l’autre, jusqu’à ce que ça crée des dommages pour l’écurie, qu’on se retrouve lésé. Ce qui était inacceptable, ils l’ont su, ils l’ont entendu. Ça nous servira de précédent. » Et sûrement d’entraînement, avant l’arrivée de Pierre Gasly pour piloter au côté d’Esteban Ocon, dès le GP de Bahreïn, le 5 mars 2023. tant que pilote, c’est quelque chose que je n’avais jamais vu par le passé, autant de pièces, de voitures différentes entre les courses, c’était impressionnant. »

Le sentiment du devoir accompli pour le patron d’Alpine, Laurent Rossi, sans pour autant pavaner : « Cette saison est juste dans mes espérances, on atteint notre objectif, donc c’est bien. C’est une belle saison et je suis fier de ce que les membres d’Alpine ont réalisé. Les perspectives sont bonnes car on a une monoplace rapide et une équipe qui fonctionne bien. Se satisfaire d’être quatrième, c’est bien, mais ce qui est le plus important c’est que ce n’est que le début d’une marche qui va être de plus en plus difficile », prédit-il.

Une quatrième place, donc, devant le concurrent McLaren qui les avait devancés la saison dernière, mais sans podium ni victoire, contrairement à 2021 et le Grand Prix de Hongrie remporté par Esteban Ocon. « Un petit manque » pour le pilote normand, « même si la saison a été meilleure et solide dans sa globalité. On y travaille, et on y remontera [sur le podium] rapidement », espère-t-il.

Des faiblesses au départ, un développement inédit

Un Esteban Ocon sûr des forces futures de son écurie, à la vue du travail engagé au cours de la saison, plus que sur le développement de la nouvelle monoplace durant l’hiver dernier. « La voiture a énormément progressé, c'est ce que j’ai dit à l’équipe lors de la dernière course, rappelle-t-il. On a commencé avec une voiture qui était plus loin que celle de l’année dernière, mais la différence, c’est que l’équipe s’est donné les moyens d’amener des pièces, des nouveautés, des idées. En tant que pilote, c’est quelque chose que je n’avais jamais vu par le passé, autant de pièces, de voitures différentes entre les courses, c’était impressionnant. »

Un avis partagé par son patron, « on a trouvé des innovations à Enstone et on les a amenées en piste, la performance s’est accrue, c’est assez rare, mais on a été, avec Mercedes, l’écurie qui a le plus progressé durant toute la saison ». Sans pour autant se voiler la face sur « des choses à adresser », ou autrement dit, à régler. Sur la fiabilité, et notamment les pompes à eau, « vraiment un des points noirs de la saison ».

Piastri, « l’épisode le plus douloureux »

Mais le plus douloureux pour Alpine cette saison se situe plutôt autour de la gestion des pilotes et du management. L’écurie française a dû essuyer un véritable affront lorsque Oscar Piastri, couvé depuis les catégories inférieures, a publiquement désavoué Alpine, pour finalement rejoindre McLaren. Et ce, quelques heures après l’annonce du départ de Fernando Alonso chez Aston Martin.

« Le départ de Fernando, c’est quelque chose qui nous a fait de la peine parce que c’est un pilote qu’on apprécie, mais que dans le fond tout le monde comprend : pour des raisons contractuelles et la loi du marché. C’est un grand champion et je le regretterai parce que c’est quelqu’un d’incroyablement performant. Mais ça fait partie de ce qui se passe dans les intersaisons, on passe à autre chose », évacue Laurent Rossi. A la différence du cas Piasti.

Oscar, c’est beaucoup plus difficile en vérité, c’était beaucoup plus décevant. Parce que ça a mis en lumière une certaine naïveté et une faiblesse dans nos contrats. Mais qui est, quelque part, un peu une sorte de naïveté collective, et c’est pour ça que des gens comme Toto Wolff [Directeur de Mercedes] ou Christian Horner [Directeur chez RedBull] se sont un peu inquiétés du précédent que cela crée. Oscar est le premier pilote, à ma connaissance, formé – ou en tout cas supporté dans les moments qui comptent par une académie, une école ou une filière – à ne pas y retourner et ne pas accepter les conditions qu’on lui fait. C’était l’épisode le plus douloureux et le plus frustrant.

Ocon soulagé du départ d’Alonso

En plus de la gestion de ses pilotes pour l’année prochaine, Laurent Rossi a également dû faire face à une fin de saison houleuse entre Esteban Ocon et Fernando Alonso, ponctué d’une touchette entre leurs deux monoplaces lors de la course sprint au Brésil, et de quelques noms d’oiseaux échangés entre les deux pilotes. Mais surtout de la part du double champion du monde espagnol, au tempérament bien trempé. « Bien sûr j’ai été déçu par ses propos, qui sont sortis plus dans la presse qu’en interne. Je préfère quand ça reste en privé et qu’on s’explique d’homme à homme. Je garderais toujours le respect envers lui, mais c’est bien qu’il parte chez Aston Martin et qu’on fasse notre bout de chemin », préfère évacuer le pilote français, tout en se satisfaisant d’avoir fini devant son coéquipier au classement des pilotes.

Un épisode qui a aussi servi d’apprentissage pour Laurent Rossi, en matière de gestion des pilotes sur la piste : « On les a laissés courir autant qu’ils le voulaient l’un contre l’autre, jusqu’à ce que ça crée des dommages pour l’écurie, qu’on se retrouve lésé. Ce qui était inacceptable, ils l’ont su, ils l’ont entendu. Ça nous servira de précédent. » Et sûrement d’entraînement, avant l’arrivée de Pierre Gasly pour piloter au côté d’Esteban Ocon, dès le GP de Bahreïn, le 5 mars 2023.