Coupe du monde de rugby: Le Japon réussit son entrée face à la Russie
RUGBY Les Japonais, hôtes du Mondial, ont inauguré la compétition par une victoire (30-10) contre la Russie, malgré une entame difficile
A Tokyo,
Comme un songe d’une soirée de fin d’été tokyoïte. Avant même la victoire de l'hôte japonais face à la Russie (30-10), cette Coupe du monde avait commencé sous les meilleurs auspices, avec de la bière coulant à flots dans le Stade de Tokyo, une cérémonie d’ouverture qui nous a transporté dans le mythe, la culture de l’Archipel et l’histoire du rugby nippon, convoquant un Mont Fuji au milieu du terrain, des danses populaires, un discours du prince héritier Akishino, frère de l’empereur, et même un survol du terrain par la Force aérienne d’autodéfense japonaise.
Et puis, les volutes de fumée à peine dissipées, on a passé quasiment toute la première mi-temps à se dire que les acteurs de Kabuki apparus pendant la cérémonie nous auraient peut-être offert un meilleur jeu s’ils s’étaient attardés sur la pelouse. « On a fait beaucoup d’erreurs, a reconnu le coach nippon Jamie Jones, c’était un match difficile et les gars étaient nerveux. » Il est vrai qu’avant le match, son adjoint avait déjà fait un laïus en conférence de presse sur la difficulté à gérer la pression pour ce premier match face à la Russie. Les « Brave Blossoms » ont pourtant gagné six de leurs sept rencontres face à cet adversaire classé au 20e rang mondial, qui de son côté en avait fait des caisses sur la supériorité technique nipponne.
Mais cette supériorité n’était pas encore sur le terrain quand dès la 5e minute, les Russes ont profité d’un ballon aérien mal contrôlé pour inscrire le premier essai du Mondial. Avec la petite stat qui va bien : c’est l’essai marqué le plus rapidement lors d’un match d’ouverture dans l’histoire de la Coupe du monde. Les Ours russes, dont c’est seulement la deuxième participation à la compétition (après un passage en 2011), seront au moins assurés de laisser leur marque.
« C’était peut-être à cause du vent, ou de la pression, ou peut-être qu’on ne regardait pas assez le ballon », a reconnu le capitaine des Blossoms, Michael Leitch, interrogé après le match sur cette première mi-temps de flottement. Cinq minutes plus tard, l’essai revanchard des Japonais, suivi d’une transformation manquée, a obligé des Nippons fébriles à courir derrière la Russie quasiment jusqu’à la pause. Avant de réussir, enfin, à enchaîner, bien encouragés par une marée de rayures rouges et blanches dans les tribunes, qui finalement semblait préférer le rugby au kabuki.
Ça va se corser contre l’Irlande
« Aah, Matsushima, ah ! », dit le célèbre haïku de Basho. Le poète japonais du XVIIe siècle faisait, certes, plutôt référence aux îlets recouverts de pins du nord-est du Japon, considérés comme l’une des trois plus belles vues du pays. Mais ce soir, le public aurait aussi bien pu le déclamer en l’honneur de Kotaro Matsushima, l’ailier de 26 ans auteur de 3 essais et de 15 des 30 points japonais du jour. « Il attendait cette opportunité, a souligné Jamie Joseph. Si on peut lui créer des occasions, il a montré qu’il pouvait les conclure. »
A la fin de la séquence de la cérémonie d’ouverture sur l’histoire du rugby au Japon, les lumières se sont rallumées avant qu’on ait pu connaître le sort réservé aux Brave Blossoms – qui visent les quarts – dans cette Coupe du monde. Seule certitude : leur prochain match, contre l’Irlande, sera beaucoup plus compliqué.