Coupe du monde: «On a perdu contre une équipe qui joue à rien», ça se passe bien la mauvaise foi chez les Belges?

FOOTBALL Certains joueurs de la Belgique ont estimé à chaud que la France n’avait rien proposé et qu’elle n’était pas la meilleure équipe sur le terrain…

Julien Laloye
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Vincent Kompany (à gauche) et Thibaut Courtois après la défaite de la Belgique face à la France, en demi-finale de la Coupe du monde.
Vincent Kompany (à gauche) et Thibaut Courtois après la défaite de la Belgique face à la France, en demi-finale de la Coupe du monde. — GABRIEL BOUYS / AFP

De notre envoyé spécial à Saint-Pétersbourg,

On va mettre ça sur le compte de la mauvaise foi. Ou de la déception légitime après être passé si près du rêve de disputer une finale de Coupe du monde. Certains joueurs belges, pas tous, n’ont pas forcément apprécié la manière : les Bleus leur ont fait à l’envers en jouant, selon leurs dires, à onze derrière tout le match. Le premier à partager son courroux ? Thibaut Courtois, immédiatement après le coup de sifflet final au micro de la RTBF

C’était un match frustrant, la France a joué à rien, a joué à défendre avec onze joueurs à 40 mètres de leur but, a joué en contre-attaque avec Mbappé qui est très rapide. C’est leur droit, ils savent que quand [l’adversaire] joue très bas, c’est là qu’on a eu des problèmes. […] La frustration est là car on perd contre une équipe qui n’est pas meilleure que nous, on a perdu contre une équipe qui joue à rien, qui défend. Contre l’Uruguay, ils ont mis un but sur coup franc et un autre sur une erreur du gardien. Aujourd’hui, un corner. C’est le foot, chacun joue avec ses qualités. Mais c’est dommage pour le foot qu’aujourd’hui la Belgique n’ait pas gagné. »

Restons-en aux faits. La Belgique a eu le ballon la plupart du temps, c’est vrai (64 %), mais elle n’en a pas fait grand-chose après la 20e minute, alors qu’elle avait réalisé la meilleure entame sous l’impulsion d’Hazard, qui a eu le temps de se lancer dans le don d’organes avec les reins de Pavard.

Ensuite, le sambodrome s’est vite calmé, et quelque part entre cette fameuse 20e minute et le but d’Umtiti, on a compté une série de neuf tirs à zéro pour les Bleus (19 à 9 au final). Et encore, ces derniers traduisent mal la sérénité défensive des Tricolores qui ont tranquillement joué avec les Playmobil rouges d’en face lors de la dernière demi-heure.


Une Coupe du monde favorable aux équipes qui délaissent le ballon

Les hommes de Deschamps n’ont fait que confirmer la tendance majeure de cette Coupe du monde : les équipes qui s’en sortent le mieux sont celles qui s’embarrassent le moins avec la possession et qui font le plus mal sur les phases de transition. « Je pense qu’on a été peut-être la plus belle équipe de la Coupe du monde, se désolait Eden Hazard. On tombe contre une équipe solide, l’équipe de France, qui ne pratique peut-être pas le plus beau jeu, mais qui est solide défensivement et qui marque quand ils ont une ou deux occasions ».


Un peu plus d’une ou deux Eden, et surtout largement autant que la Belgique. Vincent Kompany était un peu plus objectif à l’heure de reconnaître « un match entre deux équipes qui se valaient. On a perdu une demi-finale sur une phase arrêtée, très peu de différences entre les deux équipes. La France était assez heureuse de se replier et de partir de cette organisation défensive, on n’a pas vraiment affronté des équipes qui voulaient défendre comme la France l’a fait aujourd’hui. »

Et sinon, votre deuxième mi-temps contre le Brésil, on en parle ?

Un point pour les Belges : ils finiront sans doute meilleure attaque du Mondial loin devant tout le monde. Mais les hommes de Martinez joueront un jour avant les Français, ce qui n’est jamais bon signe quand on parle du dernier week-end d’une Coupe du monde. Par ailleurs, nos amis du plat pays ont la mémoire courte : contre le Brésil, en quarts, ils ont terminé sur les genoux à demander grâce et à prier pour que la VAR ou Courtois n’empêchent le drame. Donc venir jouer les rageux parce que l’équipe d’après leur sert la même limonade pour garder le score, c’est se ficher du monde.


Le mot de la fin pour le toujours très sage Hugo Lloris, interrogé sur le ressentiment du voisin : « Dans le football, il n’y a pas une seule manière de jouer, je suis bien placé pour le savoir. A Tottenham [son club], on a eu une culture offensive qui laisse beaucoup d’espaces dans le dos et qui demande de jouer autrement. Il n’y a pas de vérités dans le football, la seule vérité, c’est celle du résultat. » Sur ce plan, la France gagne presque à tous les coups. On ajoutera même que joueurs et suiveurs compris, tout le monde prend un malin plaisir à voir l’équipe de France être devenue une sorte de machine à dégoûter l’adversaire du foot. Il n’y a pas si longtemps, c’était nous qui venions pleurer au micro qu’on était plus forts et que la vie était injuste. Ça fait du bien de revêtir le costume du grand méchant loup, pour une fois.