Judo : Dans la préparation de Teddy Riner avant son « dernier voyage » vers les JO de Paris
JUDO Le judoka Teddy Riner va disputer son premier combat de l’année, ce dimanche au Grand Slam de Paris, à un peu plus d’un an des Jeux olympiques de Paris 2024
- Le judoka français Teddy Riner va disputer son premier combat de l’année 2023, lors du Grand Slam de Paris ce dimanche.
- Ce tournoi s’inscrit dans sa préparation des prochains Jeux Olympique de Paris, en 2024, qui pourraient être les derniers du double champion olympique.
- Avec son équipe, ils ont décidé d’anticiper davantage la préparation que lors des JO de Tokyo, alors que Teddy Riner s’était sérieusement blessé à un genou quelques moins avant d’y remporter une médaille de bronze.
Le double champion olympique et décuple champion du monde de Judo, Teddy Riner, va combattre pour la première fois de l’année ce dimanche lors du Grand Slam de Paris. Un retour sur les tatamis après sa défaite contre le Géorgien Guram Tushishvili lors de son dernier combat en novembre dernier, et surtout à un peu plus d’un an des Jeux olympiques de Paris, qui devraient être « le dernier voyage de Teddy, ou presque », selon son manager sportif Laurent Calleja.
Plus cette compétition approche - elle pourrait marquer la fin de carrière du champion-, et plus il craint une éventuelle blessure. « S’il y a bien un événement qu’on ne peut pas louper, ce sont ces JO à la maison, donc je fais attention. Tout le staff est focalisé là-dessus. La vérité, c’est que quand je monte sur un tapis, j’ai peur. [Lors de mon stage de préparation] au Kazakhstan, j’ai eu très peur de me blesser, parce qu’il fallait voir les gabarits en face », a admis Teddy Riner en début de semaine.
Et pour cause, lors des derniers Jeux olympiques de Tokyo, en 2021, Teddy Riner était arrivé diminué après sa blessure au ligament postérieur du genou survenu en février au Maroc. Il avait tout fait pour d’abord la cacher, avant de tout donner pour revenir à son niveau, mais le champion olympique en titre de l’époque avait dû se contenter d’une médaille de bronze, plus limité qu'il ne l'aurait voulu.
Stratégie totalement différente de celle avant Tokyo
Avec son staff composé entre autres de Laurent Calleja, son manager sportif, Julien Corvo, son préparateur physique et Brieuc Gobé, son diététicien, ils ont donc décidé d’en tirer les conséquences, et d’opérer de profonds changements pour se préparer aux Jeux olympiques de Paris 2024, chez lui. « Notre stratégie est différente de celle des Jeux Olympique de Tokyo, parce que nous voulons nous présenter à un grand nombre de compétitions d’ici les JO de Paris, avec beaucoup de combats pour retrouver la dynamique de la compétition. Teddy aime le changement, et il ne peut pas passer les quatre mêmes années de préparation. Ce sont peut être ses derniers Jeux olympiques, donc on veut qu’il prenne du plaisir dans ces deux dernières années. C’est un combattant qui aime la compète, il est né pour ça », détaille son manager sportif.
Après les JO de Rio, le champion olympique avait fait une pause de deux ans, avant de se relancer dans une intense et douloureuse préparation avant ceux de Tokyo. « La donne est la même pour tout le monde, la préparation est de fait passée de quatre ans à trois ans. Teddy avait tellement souffert pour retrouver le niveau pour Tokyo, qu’on n’a pas voulu réitérer la même chose. On a préféré lisser la préparation sur trois ans, plutôt que deux, pour faire un peu moins d’efforts au quotidien, sur son poids, son niveau physique et son cardio. On maintient l’équilibre », confie Laurent Calleja.
Après Tokyo, Teddy Riner ne s’est octroyé que trois semaines de pause, avant de rapidement reprendre l’entraînement. « On l’a fait de manière progressive, juste pour qu’il bouge, qu’il évite de trop s’encrasser, et reprendre de façon moins brutale », explique Brieuc Gobé, son diététicien. Avec la prise en considération de toute la complexité de l’individu, au-delà de l’athlète, qui est par exemple devenu père de famille, en plus d’être très sollicité. « Tout son environnement impact son état physique et émotionnel, donc on prend tout ça en considération, avec une approche globale plus complexe », ajoute-t-il.
Malgré les douleurs, Teddy Riner « kiffe »
Teddy Riner et son équipe prévoient par exemple de couper toutes sollicitations liées à ses sponsors avant les prochains Jeux olympiques, parce qu’à 33 ans et après 16 ans de compétition, le corps de Teddy Riner « en chie ». « Je n’ai plus de cartilage. J’attends que la science trouve comment on peut reconstruire un cartilage. Je suis obligé de faire des injections pour pas que ça se bloque [il montre ses doigts]. Donc oui, j’en chie. Mais j’ai un staff médical qui m’aide, je fais de la prévention, du renforcement des avants bras pour justement palier à ça. Quand je dis j’ai tout changé, c’est vrai, j’ai tout changé pour être meilleur, que je sente moins mon corps ».
Ce qui ne veut pas dire ne plus l'écouter : « Quand il y a une information qui dit "aujourd’hui, on est moins bien", et bien on lève le pied, ce n’est pas grave. Autrefois j’aurais dit "C’est être faible que de lever le pied, il faut continuer". Non, aujourd’hui on fait de la qualité », confie le judoka.
Résultat, Teddy Riner vient de passer la « meilleure saison de toute sa vie », comme il le confiait à 20 Minutes en septembre dernier. « Je suis entouré d’un staff que je connais, dédié à mon projet, où on passe des temps de qualité sur le tapis, en dehors pour la préparation physique », savoure-t-il. De quoi reprendre du plaisir, et s’imaginer pousser un peu plus loin que les Jeux olympiques de 2024. « Et si ça continue, pourquoi pas 2028 ? J’attends d’être lassé, dégoûté du judo, pour partir. Aujourd’hui je kiffe, quand je vois comment je prends les mecs qui gagnent toutes les compètes et que je me sens bien, j’ai envie de continuer ». Pour cela il faudra déjà commencer par gagner, lui le compétiteur jamais assoiffé de victoire, et ce dès ce dimanche, avant les prochains championnats du Monde Doha, en mai prochain et un onzième titre mondial possible. Avant une troisième médaille d’or olympique à Paris ?