JO Tokyo 2021 : « Tu sens tout de suite que ça va pas le faire »… Vincent Luis rate encore son rendez-vous olympique

TRIATHLON Le double champion du monde, contrarié en fin de préparation, ne s'est jamais senti au niveau pour accrocher une médaille olympique ce lundi

Nicolas Camus
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Vincent Luis (au premier plan) n'a jamais été dans le coup pour la gagne lors du triathlon des JO de Tokyo, le 26 juillet 2021.
Vincent Luis (au premier plan) n'a jamais été dans le coup pour la gagne lors du triathlon des JO de Tokyo, le 26 juillet 2021. — Loic VENANCE / AFP
  • Vincent Luis, favori du triathlon ce lundi aux JO de Tokyo, n'a pris que la 13e place de la course.
  • Une nouvelle déception olympique pour lui après Rio, où il espérait déjà monter sur le podium.
  • Perturbé par un improbable faux-départ et pas à son meilleur niveau, il n'a pas tardé à sentir que cette course lui échappait.

De notre envoyé spécial à Tokyo,

Comme un goût de déjà-vu. De l’extérieur, en tout cas. Favori du triathlon des JO de Tokyo couru très tôt ce lundi matin, Vincent Luis a terminé loin, très loin du podium. Treizième à plus d’une minute du vainqueur norvégien Kristian Blummenfelt, il n’est donc pas parvenu à effacer la déception de Rio, où il avait pris la 7e place après avoir attaqué la course à pieds en tête. Ses deux titres de champion du monde acquis depuis (2019 et 2020) avaient encore renforcé ses ambitions, mais « les Jeux, il y a une date et il faut être prêt. Je ne l’étais pas », reconnaît-il.

On était pourtant persuadés du contraire, alors qu’en 2018, Luis avait opéré un virage à 90 dans sa façon de s’entraîner et qu’il n’avait jamais semblé aussi fort depuis. C’est justement ce qui lui fait relativiser cet échec, après avoir pris tout de même de longues minutes pour digérer. « A Rio, il me fallait une médaille pour changer ma carrière, transformer ma vie. Elle n’aurait pas été de refus aujourd’hui bien sûr, mais je vais continuer à aller à l’entraînement avec plaisir. J’ai une philosophie de vie et d’entraînement plus positive, plus motivante. »

« A mon rythme, en espérant peut-être ramasser les morts »

Tourné à bloc vers les Jeux, il était tout de même censé tout casser. Mais une déchirure au mollet contractée début juin – sans que personne ne soit trop au courant de sa gravité – a contrarié ses plans. Arrivé en manque de repères et avec une fin de préparation bâclée, il ne s’est jamais senti dans le coup pour la gagne. Pas une surprise pour lui.

« Je sentais bien ces dernières semaines que je n’étais pas au niveau qu’il fallait pour une médaille olympique. Et aujourd’hui, il me manquait une vitesse pour jouer avec ceux devant », débriefe-t-il, fataliste. La course s’est mal emmanchée dès le départ, en fait, avec l’improbable irruption d’un bateau au moment du coup de feu qui a obligé les athlètes, après un violent effort, à faire demi-tour pour repartir en bonne et due forme.


« Un faux départ, c’est la première fois que ça arrive dans ma carrière. C’est un peu dur pour les meilleurs nageurs, comme moi, parce qu’on essaie toujours de faire les premiers 50-75 mètres à 110 % pour se détacher et sortir ceux moins à l’aise de notre vague. J’avais réussi à le faire. Le deuxième départ a été plus compliqué pour moi, j’ai mis du temps à retrouver l’avant de la course. Les sensations n’étaient pas terribles d’entrée. »

Après avoir fait illusion au vélo, où il a tenté de durcir la course, Luis a pris un éclat dès le début des 10 kilomètres de course à pied. « Tu sens tout de suite que ça va pas le faire, décrit-il. Je me suis mis à mon rythme, en espérant peut-être ramasser les morts et voir ce qu’il se passe. » Peine perdue, la tête de course n’a jamais faibli. Son compatriote Dorian Coninx en était lors des 3-4 premières bornes, avant de voir la lumière s’éteindre d’un coup. « J’étais dans mon allure, je passe en tête à un moment, je me dis "putain, c’est un bon jour". Mais c'est trompeur avec cette chaleur. Derrière, un gars passe, et j’ai commencé à sauter. Le reste a été une longue descente », racontait-il à l’arrivée, livide.

Dix-septième sur la ligne, il n’a devancé que de peu le troisième tricolore en lice, Leo Bergère, asphyxié par la chaleur et resté aux portes du top 20. Au final, une belle claque pour les Bleus, qui étaient tous venus pour autre chose. « Défaillance collective, le terme est peut-être un peu fort, estime le DTN Benjamin Maze. Mais on ne met personne dans les huit, c’est un fait. On espère terminer la course des filles (mardi) et le relais (samedi) avec moins d’amertume que celle-là. »