France – Portugal : Mais au fait, quelqu’un avait-il vraiment l’intention de le gagner ce match ?
LIGUE DES NATIONS La France et le Portugal ont eu chacun leur mi-temps, sans vraiment briller
Au Stade de France,
Que les détracteurs des combats de boxe se taisent à jamais. Dimanche soir, on a attendu dix minutes – soit deux fois plus de temps qu’il n’en fallait au vent du Stade de France pour nous glacer le bout des doigts – avant de voir un semblant de situation dangereuse. Ça fait long le round d’observation. Et encore, dix minutes, on est gentil : il ne s’agissait que d’un timide débordement de Nelson Semedo converti en centre-tir inoffensif pour Hugo Lloris. Si on voulait se montrer un peu plus sévère, on parlerait plutôt du sacrifice de Lucas Hernandez devant Cristiano Ronaldo dans la surface à la 24e comme du point de départ de ce France-Portugal une nouvelle fois décevant.
Une triste pièce
Pause. Il faut en parler, de ces 24 minutes. Car c’est de là que partent toutes les intentions des 22 acteurs de la triste pièce qui s’est jouée dans le nord de Paname et du nul qui allait en découler. On a vu chez les uns et les autres de la peur. « En première mi-temps on avait tendance à reculer, peut-être par crainte », disait à chaud Lloris au micro de M6. Peur de rater un contrôle, peur d’aller au pressing, ou de trop monter au risque de laisser l’autre, on ne sait pas trop. Ces craintes en cachant d’autres, peut-être encore plus grandes : celle d’un nouvel affront contre son bourreau de 2016 d’une part, ou de succomber à une France revancharde qui n’hésiterait pas à se servir d’un succès pour ternir celui d’il y a quatre ans, ou, tout simplement, peur de l’élimination en phase de poules de Ligue des nations. Ouais, non, c’est sûrement pas ça…
A lire entre les lignes les discours des deux sélectionneurs, cet excès de politesse réciproque n’était pas prémédité et le manque d’audace de leurs joueurs semble les avoir un peu déçus. Il est vrai qu’on était en droit d’attendre autre chose d’une équipe qui venait d’atomiser l’Ukraine et de son adversaire, meilleure attaque de du groupe 3.
Fernando Santos (à A Bola) : « C’était un match très équilibré, entre deux équipes qui ont été trop prudentes. Il ne me semble pas que c’était un excès de respect mais le match a manqué de rythme. Il a manqué une dynamique plus agressive dans la recherche du but. Nous attendions que notre créativité ressorte davantage. »
Didier Deschamps : « Il n’y a pas eu beaucoup d’étincelles. On a un bon équilibre, mais on doit être capable d’être plus dangereux offensivement. C’est un match plus statique, plus verrouillé aussi, avec peu d’occasions. Le système nous a permis d’avoir la possession mais sans créer suffisamment de danger. Mais c’est sans doute aussi dû à cette équipe du Portugal. »
« Pas là pour marquer des buts »
Il y a consensus sur ce dernier point. Les deux équipes reconnaissent la valeur de leur adversaire du soir pour mieux se dédouaner du vide intersidéral technique observé sur le terrain. Santos, à nouveau : « la France est une grande équipe, il y a des grands joueurs, ce n’est pas toujours possible de se créer des occasions. » Dans le genre élogieux, Lloris n’est pas non plus en reste : « en face, il y a un adversaire de très grande qualité. » C’est sympa de préciser, Hugo, on connaissait pas trop cette équipe.
« On se contentera de ce point-là »
Bref, il dit quoi d’autre, le capitaine des Bleus ? « C’est une performance solide, on aurait préféré gagner, mais on se contentera de ce point-là. » AH ! Breaking news, on en sait désormais un plus sur le pourquoi de ce match soporifique, les deux équipes étaient venues chercher un nul. En version portugaise, ça donne une phrase comme « on n’a pas marqué de but, mais on n’était pas là pour marquer des buts » signée Santos. A ce niveau on peut parler d’art contemporain. « Il reste trois matchs, conclut le sélectionneur. On doit battre la Suède à la maison, et le match retour contre la France sera très important. » Comme quoi en fait, si, les deux sélections veulent aller loin dans cette Ligue des nations, sacrebleu.