RC Lens-PSG : Friteries, bars, guichets… Quel est le manque à gagner ?

LIGUE 1 Lens reçoit le PSG ce jeudi (21h) dans un stade quasi-vide et une ambiance dans les rues forcément morose

François Launay
Jean-Paul Dambrine, le roi de la frite nordiste
Jean-Paul Dambrine, le roi de la frite nordiste — F.Lo Presti/AFP
  • Lens reçoit le PSG jeudi soir (21h) en match en retard de la 2e journée de Ligue 1.
  • Ce qui aurait dû être une grande fête du foot sera gâchée par le contexte sanitaire.
  • Club, patrons de bar et gérants de friterie, ils expliquent le manque à gagner

Dans le monde d’avant, ça aurait dû être une belle fête. Imaginez un Lens-PSG dans un Bollaert à guichets fermés et des bars remplis à ras bords autour du stade pour fêter le retour des Sang et Or en Ligue 1. Sauf qu’avec l’épidémie de Covid-19, le rêve n’aura pas lieu. Jeudi soir, seules 5.000 personnes seront autorisées à franchir les grilles d’un stade qui aurait dû normalement en accueillir 38.000.

Un manque à gagner aux guichets de « plusieurs centaines de milliers d’euros » comme le reconnaît le club artésien. Entre les tribunes mais aussi les salons VIP, le RC Lens s’assoit clairement sur l’une de ses plus belles recettes de l’année au vu du pedigree de l’adversaire.


« Tout était là pour vivre en temps normal une super soirée de foot »

« Il n’y aura que 3.800 abonnés [tous issus de la tribune Marek] sur les 23.000 que compte le club. Et il n’y aura que 800 partenaires VIP sur les 2.800 à 3.000 qu’on aurait pu avoir pour un match contre le PSG. C’est un vrai coup dur car tout était là pour vivre en temps normal une super soirée de foot. Mais bon, on va quand même essayer de faire en sorte que ce soit un bon moment malgré tout », espère Fabrice Wolniczak, directeur commercial, communication et marketing au RC Lens.

Mais il n’y a pas qu’à Bollaert que les pertes seront énormes. D’ordinaire remplis les jours de matchs, les cafés autour du stade ne feront pas le plein ce jeudi soir. Et le manque à gagner s’annonce énorme.

Pour un patron de café, « y’a rien qui va »

« On perd 70 % du chiffre d’affaires habituel pour un match de ce genre. En temps normal, il y a 40.000 personnes au stade. Toute la ville, toute une région, tout un peuple se déplacent. C’est une grande fête. Mais là, ça va être un très gros manque à gagner. On attendait des matchs de Ligue 1 à Bollaert depuis dix ans et on se retrouve avec le Covid et une jauge limitée à 5.000 personnes. On ne s’attendait pas du tout à ça. C’est très difficile », se lamente Muriel, patronne du célèbre bar « Chez Muriel » situé à deux pas du stade.

Même sinistrose du côté du Mac Ewans, un autre établissement nocturne de Lens où l’horaire du match et le respect des gestes barrières vont faire automatiquement baisser la fréquentation. « D’habitude, quand on diffuse des matchs du Racing dans le café, il y a trois rangs de personnes debout mais là, ce n’est plus possible. Je ne peux pas accueillir plus que les personnes assises autour des tables. Et puis, l’horaire du match ne nous arrange pas. C’est un jeudi, les gens travaillent le lendemain et ne vont donc pas rester longtemps. Y’a rien qui va », se lamente Eric, le patron du café.

Des quantités de frites divisées par dix

La déprime, Jean-Paul Dambrine la vit aussi. Depuis le mois de mars et le début de la crise sanitaire, le roi de la frite régionale, créateur des célèbres friteries Sensas, a perdu 90 % de son chiffre d’affaires global avec l’annulation des grands événements régionaux. Et forcément, les matchs de foot ne sont pas épargnés.

Pour ce Lens-PSG, il n’y aura que trois friteries au lieu de quatre habituellement autour du stade. Surtout, les quantités de frites ont été divisées par dix. « On aura 200 kg de frites par baraque alors que d’habitude, on dépasse largement la tonne. Mais avec seulement 5.000 personnes au stade, les gens vont arriver plus tard car il y aura moins d’embouteillages. Or, quand on arrive plus tôt, on mange et on boit un coup. Ce ne sera pas le cas pour ce match », regrette Jean-Paul Dambrine.

Une victoire pour éviter la sinistrose

Par rapport à un match normal, le patron de Sensas va perdre 70 % de sa recette et n’aura besoin que de quatre salariés au lieu de huit. « J’espère bien que ça ne va pas durer des mois et des mois. Il faut se battre mais ça ne dépend pas de nous ».

Club de foot, gérants de bars, roi de la frite, tous espèrent que la situation va revenir rapidement à la normale pour éviter la catastrophe économique. Heureusement, dans ces nuages d’incertitude, il reste encore de l’espoir… sportif. « J’espère au moins qu’on va gagner », sourit Muriel, la patronne de bar. Le seul moyen de mettre un peu de baume sur des cœurs blessés.