Ryder Cup: «Fédérer le public français derrière l'équipe européenne», la mission de Grégory Havret
GOLF Le golfeur tricolore fera partie du staff de l'équipe européenne lors du rendez-vous parisien cette semaine...
Grégory Havret écume le circuit depuis plus de 20 ans. Aujourd’hui 569e mondiale, il n’a jamais eu la chance de disputer une Ryder Cup comme Thomas Levet ou Jean Van de Velde, même si ses résultats lui ont parfois permis de s’approcher du rêve. Il a tout de même été choisi par le capitaine européen Thomas Bjorn, avec son compatriote Raphaël Jacquelin, pour faire partie du staff élargi de l’équipe européenne. Son rôle,assurer le lien avec les fans tricolores privés d’un Victor Dubuisson ou d’un Alexandre Levy sur le parcours et aider les joueurs de la « Team Europe » à déjouer les pièges du Golf National face aux Etats-Unis.
Votre présence dans l’équipe européenne ressemble à un cadeau de consolation pour le golf français. Comment avez-vous appris votre intégration dans le staff ?
Thomas Bjorn nous a prévenus très tôt avec Raphaël, au mois de janvier, en nous disant qu’il tenait absolument à ce qu’on intègre cette aventure et qu’on la vive de l’intérieur, avec l’équipe. On est sur le circuit depuis longtemps, on est de la même génération que Thomas, et il voulait que les deux golfeurs français, on va dire historiques, participent à la première Ryder Cup de l’histoire en France. C’était à la fois inattendu et touchant.
Quel sera votre rôle lors de cette semaine ?
On sera là pour assister les vice-capitaines et les capitaines pendant toute la semaine, en gros. On connaît extrêmement bien le parcours. Je joue sur le golf National depuis 25 ans, donc si les joueurs ont une question sur un choix tactique, une option de jeu, on sera là pour les conseiller. Mais ça peut aussi être de la logistique, des petites choses à droite à gauche, peu importe, on est là pour rendre service.
Aurez-vous un rôle particulier à tenir vis-à-vis du public tricolore qui n’aura pas de golfeur à suivre sur le parcours ?
C’est sûr qu’on sera un peu l’ADN tricolore de cette compétition. Il va y avoir un peu plus de 40 % de spectateurs français sur les 50 000 personnes attendues chaque jour. C’est bien que sur le départ du trou n°1, ces personnes puissent s’accrocher tout de suite à l’équipe européenne. S’il y a besoin de rappeler qu’on est chez nous et qu’on n’est pas là pour supporter Tiger Woods, on sera présents pour fédérer les spectateurs !
Quelque part au fond de vous, existe-t-il un regret de ne pas disputer la compétition en tant que joueur ?
C’est sûr qu’il y a une part de déception infime. J’en rêve encore de jouer une Ryder Cup vous savez. Même si les temps sont durs, même si le golf est un sport avec des hauts et des bas, tant que je serai pro, ce sera une sorte de Graal pour moi. Bien sûr, si j’ai le choix entre gagner un Grand Chelem [Havret avait failli réaliser l’exploit en terminant 2e de l’US Open en 2010 alors qu’il n’était même pas dans les 300 premiers mondiaux] et participer à la Ryder Cup, je choisis le bonheur individuel, mais les deux vont souvent ensemble.
L’Europe a souvent déjoué les pronostics grâce à son implication collective lors de l’épreuve. Sera-ce encore le cas à Paris ?
Thomas pense à cette compétition depuis des mois, je suis sûr qu’il a déjà tout préparé pour mettre tous les joueurs à l’aise. Il doit faire en sorte que 12 mecs qui ont l’habitude de jouer pour eux entrent en symbiose et créent un collectif en peu de temps. Quelles paires former le vendredi ou le samedi pour qu’elles soient le plus complémentaires possibles, de façon à battre une paire supérieure sur le papier ? Dans quel ordre faut-il envoyer au feu les joueurs le dimanche ? Des tauliers comme Poulter, McIlroy et Garcia en premier, et des bourreaux comme Justin Rose en finisseurs qui savent résister à la pression ? C’est Bjorn qui va décider.
Pourquoi les Etats-Unis n’arrivent plus à gagner sur le sol européen depuis 25 ans ?
Les Américains n’ont pas toujours abordé cette compétition dans le bon état d’esprit ces dernières années. Ils ont rarement réussi à créer une osmose collective comme les joueurs européens, peut-être parce qu’ils pensaient être meilleurs intrinsèquement et que ça suffirait. Ça commence à changer. A Paris, j’ai l’impression qu’il y aura une vraie bande de copains en face, avec une nouvelle génération de golfeurs comme Spieth, Thomas, ou Finau qui ont un vrai comportement d’équipier. Cela rendra la tâche de l’équipe européenne d’autant plus difficile.
Il n’y aura pas de Francais mais il y aura Tiger Woods. Sa présence va-t-elle changer le visage du week-end ?
La présence de Woods est un cadeau incroyable. Personne ne le pensait capable d’être présent à Paris, et il arrive en miraculé du golf après ses multiples opérations du dos. C’est un plus d’exposition indéniable pour tout le monde, surtout pour le public non initié qui va suivre la compétition. Il va générer beaucoup d’attention, c’est certain. Mais attention, s’il ne réalise pas une bonne Ryder Cup et qu’il se plante le premier jour, on va vite passer à autre chose, tout Tiger Woods qu’il est.