VIDEO. Coupe du monde de kin-ball: Le ballon géant est dans le camp des Français
KIN-BALL Les Bleues et les Bleus vont tenter de conquérir leur premier titre dans ce sport atypique inventé au Québec...
De notre correspondant à Tokyo,
A trente ans passés, c’est un sport encore relativement méconnu. Le kin-ball, inventé au Québec en 1986 et considéré comme le plus « collectif » des sports collectifs, fait pourtant de plus en plus d’adeptes à travers le monde, dont les meilleurs s’affrontent cette semaine pour la Coupe du monde de la discipline, organisée à Tokyo.
Ce sport inhabituel, où trois équipes s’affrontent en même temps en tapant dans un ballon géant de 1,22m de diamètre, est largement dominé par les Canadiens et les Japonais, mais les Bleues et les Bleus s’invitent régulièrement sur le podium : ils ont terminé la dernière coupe du monde, en 2015, avec l’argent chez les hommes et le bronze pour les femmes. En très bonne place au classement à l’issue de la phase de poules de cette édition 2017, ils et elles vont tenter ce week-end de s’offrir leur premier titre.
Toute injure sur le terrain est sanctionnée
« Ça fait longtemps qu’on se connaît et qu’on s’entraîne ensemble. Le groupe est resté pratiquement le même depuis deux ans », explique Emmanuel Bilheude, joueur de la sélection et président du club de kin-ball de Rennes, le champion de France en titre. Importé dans l’Hexagone en 2001 par un Angevin qui étudiait au Québec, le sport y compte aujourd’hui 29 clubs et 555 licenciés, concentrés dans l’ouest du pays.
Le jeune homme de 25 ans dit avoir été séduit par l’aspect « atypique » de ce sport aux règles simples… sur le papier : l’équipe qui attaque crie le mot « omnikin », suivi de la couleur - en français - d’une des autres équipes, avant de taper dans le ballon. Si l’équipe ainsi appelée réussit à le rattraper avant qu’il ne touche le sol, elle devient attaquante à son tour. Sinon, les deux autres équipes marquent chacune un point. La victoire revient à la première équipe à remporter trois manches, qui se jouent en 13 points. « L’esprit est plus fun que d’autres sports, mais on sait être sérieux quand il le faut », insiste-t-il.
Comme lui, Sarah El Sayed, également sélectionnée pour le mondial, apprécie l’accent mis sur le fair-play et le respect : toute injure sur le terrain est sanctionnée et seul le capitaine d’une équipe a le droit de s’adresser à l’arbitre. Mais aussi l’importance donnée au collectif : le jeu demande une très bonne coordination entre les quatre joueurs, qui doivent tous être en contact avec le ballon au moment d’attaquer. « Ces notions sont présentes dans tous les sports collectifs, mais dans le kin-ball, c’est un niveau au-dessus », note la Nantaise.
Canada et Japon, les deux « poids lourds » du kin-ball
Sur leur chemin, les Français trouveront notamment le Canada, qui règne en maître sur « son » sport : filles et garçons se sont adjugé toutes les coupes du monde depuis la première en 2001 – elles ont lieu tous les deux ans –, à l’exception de la cuvée 2015, remportée chez les hommes par le Japon, l’autre poids lourd du kin-ball, abonné jusque-là à la deuxième place.
« On joue au kin-ball chez nous depuis 1997 », explique Akira Takami, le président de la fédération nipponne, pour qui « l’importance du travail d’équipe dans le jeu convient bien aux Japonais ». La discipline, très pratiquée dans les écoles et les universités nipponnes mais aussi par les seniors, compterait selon lui 100.000 pratiquants dans l’Archipel (la France en revendique moins de 20.000), qui aurait déjà dû accueillir la Coupe du monde en 2011. A cause du tremblement de terre et du tsunami du 11-Mars, la compétition avait été déplacée à Nantes.
Se méfier des petites équipes qui montent
« Les Japonais ont la vision la plus "pure" du kin-ball, pense Tuong-Huy Nguyen, le sélectionneur de l’équipe de France, car ils jouent traditionnellement sans "rapproché" », le joueur qui, quand l’équipe défend, se place au plus près du ballon pour le bloquer. « Mais ils commencent à s’adapter au jeu des autres équipes… »
Le coach français connaît bien son sujet : il y a quelques années, il est parti au Japon avec quatre joueurs pour observer les techniques locales et s’en inspirer. « En France, on a une vision du sport assez technique, on multiplie les exercices pour travailler la technique, mais les Japonais privilégient au contraire le jeu », relève-t-il. Autre atout nippon majeur : le fait de commencer à jouer dès l’école, quand « en France, les gens viennent souvent au kin-ball vers 23 ou 24 ans », explique Tuong-Huy Nguyen.
Malgré un bon départ dans la compétition, les Bleus gardent donc la tête froide en attendant le tirage au sort des phases finales, qui se joueront samedi et dimanche. « Il faut se méfier de toutes les équipes car certaines, comme la Chine, ont vraiment progressé depuis deux ans », note Emmanuel Bilheude. En 2015, ce sont les Tchèques qui avaient surpris leur monde chez les hommes en éliminant le Canada, une équipe jusque-là invaincue. Impossible donc de prévoir qui, cette année, pourrait secouer le petit monde du gros ballon.