Report des matches: Il y a du rififi entre la Ligue et la Fédé, mais cette guerre ne date pas d'hier

RUGBY La guerre est ouverte entre la LNR et la FFR...

Aymeric Le Gall
Bernard Laporte au moment de l'élection de président de la FFR
Bernard Laporte au moment de l'élection de président de la FFR — FRANCK FIFE

Le projet de fusion, très vite tué dans l’œuf, entre le Racing 92 et le Stade Français n’en finit plus de faire des vagues dans le petit milieu du rugby français. Mercredi,l’affaire a même pris un nouveau tournant en mettant aux prises les deux principales instances, la LNR et la FFR.

Alors que la Ligue publiait le calendrier des matches reportés entre le Stade Français et Castres d’un côté, et entre le Racing et Montpellier de l’autre (22 et 23 avril prochain), la FFR est venue remettre un coup de pied dans la fourmilière…


En annonçant leur volonté de réformer cette décision, les dirigeants de la Fédé ont clairement montré leur opposition à la LNR. Finalement, ce que montre cette affaire, au-delà des simples désaccords à propos du report, c’est que le problème est bien plus profond entre les deux gérants du rugby français. Et bien plus ancien, aussi.

Opposées sur de nombreux sujets – citons pêle-mêle l’imbroglio à propos de l’instauration des contrats fédéraux, le calendrier des prochaines saisons de Top 14 et de Pro D2, l’horaire et le jour de diffusion du match du dimanche – la Ligue et la Fédé ont baissé encore un peu plus le thermomètre de leurs relations déjà bien glaciales.

De lutte feutrée à guerre ouverte

Si les observateurs affirment que c’est l’arrivée de Bernard Laporte et de son équipe à la tête de la FFR qui a véritablement lancé les hostilités, on peut cependant nuancer un chouïa le propos.

« Un bras de fer avait été entamé avec la LNR depuis déjà longtemps, corrige Thomas Lombard, le consultant rugby de Canal +. C’était déjà le cas avec l’ancienne équipe autour de Pierre Camou. Après, c’est vrai que cette guerre s’est intensifiée et aujourd’hui on est extrêmement proche du point de rupture. »


Les points de discordes, nombreux, ne datent pas d’hier et si aujourd’hui tout le monde a les yeux rivés sur cette guerre ouverte, et plus généralement sur l’état peu glorieux du rugby français en ce moment, c’est surtout parce qu’il y a, toujours selon Lombard, « une succession d’évènements dans un laps de temps très court et du coup on a l’impression que tout part un peu à vau-l’eau. »

Et si on calmait le jeu ?

Dans cette lutte ultra-médiatisée, où les passions s’exacerbent plus que de raison, difficile de dire qui de Bernard Laporte ou de Paul Goze est le plus légitime dans son combat. « Chacun défend son projet, chacun défend son institution, c’est normal », répond l’ancien international du XV de France.


L’ex joueur du Stade Français et du Racing se mouille : « On a l’impression d’assister à une remise en question totale des pouvoirs qui avaient été accordés à la LNR par la Fédération. Après il y a aussi une volonté de la part de la FFR qu’il faut prendre en compte, c’est celle de faire évoluer les choses. Or le rugby français a vraiment besoin de réfléchir à son évolution. » Mais pour ça, il faudrait déjà que tout le monde mette de l’eau dans son vin.

« Il faut un retour au calme, acquiesce Lombard. Ce n’est pas celui qui tapera du poing le plus fort sur la table qui aura forcément gain de cause. »

A l’heure où tout le monde semble gravement touché par le fléau du défaitisme aigu, notre témoin du jour préfère de son côté voir le verre à moitié plein : « Le rugby professionnel français est obligé aujourd’hui de se réinventer. C’est possible que la crise qu’on traverse actuellement soit la meilleure opportunité qui nous ait été donnée de redéfinir notre modèle. » Voilà qui fait du bien à entendre.