VIDEO. Supporters belges: «Maintenant, on peut dire qu’on sait comment vivent les Brésiliens des favelas»
REPORTAGE Le camp de base des supporters des Diables Rouges, à Rio, n’est pas exactement comme ils l’attendaient…
De notre correspondant à Rio de Janeiro
Cela ressemble à une blague belge. Planqué à près de deux heures en bus des zones touristiques de Rio, bienvenue à «Devillage», le camp de base officiel des supporters des Diables Rouges au Brésil. Sur le papier, le camping privatisé de l’Union belge, la fédération belge de football, faisait rêver : plage à deux pas, tentes de luxe, écran géant, wifi, bière belge…
Mais quand nous arrivons sur place, par jour de pluie intense, c’est la gadoue et des mines défaites. La plupart des 500 supporters belges qui ont pris une tente au Devillage pour un séjour coûtant pas moins de 4.000 euros - comprenant voyage, logement en demi-pension et transferts vers les stades où jouent la Belgique, mais sans le ticket pour le match - veulent, après seulement un jour sur place, poursuivre l’Union belge en justice, quand d’autres font déjà leurs valises.
Prestations catastrophiques
«On a fait confiance», dit Tony qui a dépensé jusqu’à 5.000 euros avec les places pour les matchs de la Belgique. Mais rien ne ressemble à ce qu’on leur a vendu : pas de wifi, pas d’électricité (même dans les tentes dites «de luxe»), pas de lait pour le café du matin (sacré chez les Belges, selon Tony), des sanitaires déplorables (où il est demandé de ne pas jeter le papier dans les toilettes), des urinoirs «pour nains de jardin» (très proches du sol) et une dizaine de douches à peine, sans eau chaude pour la plupart. «Ma femme a failli finir comme Claude François!» s’étrangle Yves après que son épouse eut reçu une décharge électrique en prenant sa douche.
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«Pour le rapport qualité-prix, c’est lamentable», juge Michou, supportrice numéro un du club d’Anderlecht, connue par tous les Belges. «Je suis dans une tente de luxe, on est à trois dans 15 m² avec un lit superposé, on ne peut pas bouger à cause des valises», décrit-elle, furieuse. Mais Michou, contrairement à d’autres ne veut pas perdre du temps à déménager à l’hôtel. Ce qu’elle veut, c’est un dédommagement, comme tant d’autres.
«Pour 2.200 euros, les supporters algériens ont la même chose que nous, mais logés à l’hôtel. Si la fédération algérienne peut leur payer cela, je ne vois pas pourquoi l’Union belge ne le peut pas», souligne Yves qui dénonce «un manque flagrant de respect pour le supporter belge de base». Conscients du préjudice, les organisateurs, de l’Union belge au sous-traitant néerlandais en passant par le camping d’accueil brésilien, se renvoient la balle de la responsabilité.
Même pas de Jupiler
Quand on interroge les bénévoles de l’Union belge (qui se sont payés eux-mêmes le billet pour le Brésil), les avis divergent. Pour la néerlandophone Stephanie, qui comprend leur frustration, les supporters belges «devraient être heureux d’être là au Brésil». Pour le francophone Stan, «c’est juste la merde»: «Le montage des tentes a été catastrophique, il a fallu repeindre les sanitaires et il manque des volontaires, c’est normal que les gens soient énervés par rapport à ce qu’ils payent.»
«Maintenant, on peut dire qu’on sait comment vivent les Brésiliens des favelas», s’amuse quand même Alain qui nous fait visiter les lieux. Heureusement, la «salle des fêtes» tient ses promesses avec tables, chaises, bar et écran géant. «Il n’y a qu’ici qu’on est bien», poursuit le supporter. La salle est en effet comble et la bière coule à flot. Sauf que ce n’est pas non plus la Jupiler promise par l’Union belge. «Elles sont bloquées à la douane», explique Tony. Quand ça ne veut pas.
Les supporters mécontents vont finalement recevoir une indemnité de 50 euros par nuit et par personne. «Certaines choses n'ont pas fonctionné et nous essayons de résoudre les problèmes aussi vite que possible», a déclaré un porte-parole d'Oranjecamping, la société responsable de l'organisation du site. Mais les Belges devront patienter. Les remboursements ne débuteront qu'en novembre 2014.