Silence, ça tousseDes pompiers en grève alertent contre les cas de cancer qui flambent

Amiante, fumées… Des pompiers en grève alertent contre les cas de cancer qui flambent

Silence, ça tousseA l’appel de la Fédération autonome, des pompiers conduisent depuis le 8 février une grève à bas bruit pour une meilleure reconnaissance des maladies professionnelles
Cette grève s'exprime discrètement, avec de l'affichage sur des véhicules ou les tenues, à la manière des soignants.
Cette grève s'exprime discrètement, avec de l'affichage sur des véhicules ou les tenues, à la manière des soignants. - P. Hertzog / AFP / AFP
Alexandre Vella

Alexandre Vella

L'essentiel

  • A l’appel de la Fédération autonome, leur syndicat majoritaire, les pompiers mènent une grève discrète, malgré les réquisitions.
  • Ils demandent une meilleure reconnaissance des maladies professionnelles, notamment les cancers, auxquels ils sont exposés.
  • Des études récentes établissent que les pompiers ont plus de trois fois plus de risques de mourir de certains types de cancers que la population générale.

Ils ne bloquent pas les autoroutes, n’occupent pas d’administration et ne mènent pas d’actions coup de poing, mais tentent de se faire entendre malgré leur obligation de service public et les réquisitions. A l’appel de la Fédération autonome, leur premier syndicat, des pompiers conduisent depuis le 8 février un mouvement de grève à bas bruit pour une meilleure reconnaissance des maladies professionnelles auxquelles ils sont exposés.

« Aujourd’hui, seul le cancer du nasopharynx est reconnu comme maladie professionnelle », débute Guillaume Civray, 45 ans. « Mais il y a des cancers dans la profession qu’on suppose rattachables à notre métier », poursuit le pompier Toulonnais, délégué de la Fédération autonome, le syndicat majoritaire. Son organisation a déposé au niveau national un préavis de grève depuis le 8 février et jusqu’au 31 mars. « Le mouvement est suivi, assure à 20 Minutes Guillaume Civray, mais on est maintenu en service par des réquisitions ».

Le métier de pompier classé « cancérogène pour l’homme »

Ainsi, cette grève s’exprime discrètement, avec de l’affichage sur des véhicules ou les tenues. A la manière des soignants. Et le pompier ne comprend pas pourquoi ce sujet n’avance pas, à l’inverse de la recherche sur les risques cancers de la profession et des législations d’autres pays. Une étude publiée en 2022 du Centre international de recherche sur le cancer, basé à Lyon, classe le métier de pompier comme « cancérogène pour l’homme ». Une autre étude de 2023, Britannique cette fois-ci et rapportée par The Guardian, établit que les pompiers ont plus de trois fois plus de risques de mourir de certains types de cancers que le reste de la population.

« Nous sommes exposés à de nombreuses fumées toxiques, notamment lorsqu’on intervient sur des sites contenant de l’amiante ou issues de la combustion de matériaux composés de retardateurs de flammes, que l’on trouve dans les peintures et l’essentiel du mobilier des habitations ou de dérivés de produits pétroliers », résume le pompier du Var.

« Nous devons réorganiser notre profession »

Pourtant, d’autres pays ont fait évoluer leur législation, à l’image du Canada récemment. « Au Canada, le cancer est responsable de plus de 85 % des décès de pompiers liés à leurs fonctions », explique l’introduction au texte de loi. Et au-delà de cette demande de reconnaissance des maladies professionnelles, le syndicaliste estime aussi qu’il est temps de faire évoluer la profession. « Les pompiers viennent de plus en plus compenser les manques de l’Etat sur d’autres secteurs. Lorsque des urgences sont fermées, c’est nous qui devons conduire plus loin les patients et compenser les carences du système ambulancier. »

Les incendies représentent 20 % des interventions des pompiers contre 80 % de secours aux personnes. « Nous devons réorganiser notre profession sur ces deux filières », conclut Guillaume Civray.

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