High tech: Foxconn, sous-traitant d’Apple, n'a pas révisé les conditions de travail de ses ouvriers
Le géant taïwanais de l'électronique Foxconn continue de faire travailler ses salariés dans des conditions inquiétantes, estime une ONG de défense des droits des travailleurs, alors que les investisseurs redoublent d'attention sur ce point après une controverse aux Etats-Unis.
Le sous-traitant d'Apple, qui assemble ses iPhone et iPad en Chine où il emploie près d'un million de salariés, a été mis en cause aux Etats-Unis lors de la retransmission d'une partie de la pièce de l'acteur Mike Daisey intitulée «Agonie et extase de Steve Jobs» dans l'émission de radio «This American Life», le 6 janvier.
La pièce et la publicité qui l'avait entourée avaient contribué à faire pression sur Apple pour autoriser la venue de contrôleurs indépendants dans les usines de ses sous-traitants chinois, la plupart propriété de Foxconn.
Les producteurs de l'émission avaient désavoué l'épisode la semaine dernière, affirmant qu'il contenait «de nombreuses inexactitudes». Foxconn a déclaré lundi qu'il n'envisageait pas de porter plainte conte la radio, même si l'émission lui avait fait beaucoup de tort.
Le producteur exécutif de l'émission avait cependant affirmé peu après que la plupart du contenu retransmis était véridique et corroboré par des enquêtes indépendantes.
Les inexactitudes sont, selon lui, liées au compte-rendu que l'acteur Mike Daisey a fait de son voyage en Chine, comme lorsqu'il affirme que les vigiles de Foxconn sont armés, alors que seuls les militaires et les policiers sont autorisés à porter une arme en Chine.
Foxconn n’a pas amélioré ses pratiques
Pour Simon Liu, responsable adjoint des investissements au sein du groupe Polaris à Taipeh, par ailleurs actionnaire de Foxconn, «le désaveu (de la radio) n'a pas entièrement dédouané Foxconn. A partir de maintenant, les médias et les investisseurs vont surveiller de près la façon dont Foxconn traite ses salariés.»
«Apple commence visiblement à demander à Foxconn de traiter correctement ses salariés chinois», a-t-il ajouté.
Les militants des droits des travailleurs critiquent Foxconn depuis des années pour ce qu'ils décrivent comme des conditions de travail difficiles.
Une série de suicides de jeunes ouvriers salariés de Foxconn avait placé l'entreprise sous le feu des projecteurs en 2010 et mis au jour ses pratiques. En juin, trois de ses salariés étaient morts dans une explosion à Chengdu, au centre-ouest du pays.
Pour Geoffrey Crothall, porte-parole de l'ONG China Labour Bulletin, basée à HongKong, les ouvriers de Foxconn travaillent toujours dans de mauvaises conditions: horaires extensibles, management très strict qui frôle parfois le harcèlement et pratiques dangereuses dans certaines usines.
«Tout celà existe encore. Je ne pense pas qu'il y ait eu des améliorations au cours des derniers mois. Je ne pense pas que Foxconn ait vraiment fait quoi que ce soit», a-t-il déclaré.