TikTok : Pour protéger leurs données, les institutions européennes veulent interdire l’application à leurs personnels

Suspension Les employés de la Commission européenne ont jusqu’au 15 mars pour désinstaller l’application de leurs appareils professionnels

20 Minutes avec agences
Les employés de la Commission européenne doivent désinstaller TikTok de leurs appareils professionnels (illustration).
Les employés de la Commission européenne doivent désinstaller TikTok de leurs appareils professionnels (illustration). — Martin Meissner/AP/SIPA

L’objectif est de « protéger les données » de l’institution. La Commission européenne a interdit ce jeudi l’usage de TikTok sur les appareils professionnels de son personnel. Les autres instances de l’UE devraient aussi adopter cette mesure. La « suspension » provisoire du populaire service de partage de vidéos « vise à protéger la Commission contre les cybermenaces (…) Il est de notre devoir de réagir le plus tôt possible aux cyberalertes potentielles », a indiqué l’exécutif européen dans un communiqué.

Les fonctionnaires et employés de la Commission ont jusqu’au 15 mars au plus tard pour désinstaller l’application de leurs appareils professionnels (smartphones, tablettes…), a précisé un porte-parole de l’institution. Ils devront également supprimer TikTok de leurs appareils personnels si ces derniers contiennent des applications validées pour une utilisation professionnelle (messagerie électronique, applications de visioconférence).

Surveillance des Occidentaux

Des mesures similaires seront prises par le Conseil européen, l’instance des États membres, a indiqué son porte-parole. Le Parlement européen a pour sa part précisé que ses services vont examiner l’avis de la Commission avant de formuler des recommandations. L’interdiction décidée par la Commission survient alors que TikTok, dont la société mère ByteDance est chinoise, fait l’objet d’une surveillance croissante des Occidentaux en raison de craintes que Pékin puisse accéder aux données des utilisateurs à travers le monde.

Bruxelles emboîte ainsi le pas à Washington. Aux États-Unis, une loi ratifiée par le président Joe Biden début janvier interdit le téléchargement et l’utilisation de TikTok sur les appareils des fonctionnaires de l’État fédéral américain. Une vingtaine d’États américains a pris une mesure similaire pour leurs propres employés. Certains législateurs au Congrès tentent d’interdire totalement à TikTok d’exercer aux États-Unis, l’accusant d’être un outil d’espionnage et de propagande au service de la Chine, sur fond de tensions entre Pékin et Washington.

Une suspension « malavisée » pour TikTok

Dans l’Union européenne, ByteDance fait l’objet d’une enquête de l’autorité irlandaise de protection de la vie privée. Celle-ci le soupçonne d’enfreindre la législation européenne sur la protection des données (RGPD) en matière de traitement des données personnelles des enfants et de transferts de données vers la Chine. TikTok avait reconnu en novembre que certains employés en Chine pouvaient accéder aux données d’utilisateurs européens. La société avait aussi admis un mois plus tard que des employés avaient utilisé ces données pour traquer des journalistes. Mais le groupe nie farouchement tout contrôle ou accès du gouvernement chinois à ses données.

« La Commission a, dès le début de son mandat, mis l’accent sur la cybersécurité, la protection de ses collaborateurs et de tous ceux qui travaillent » pour l’institution, a déclaré jeudi à la presse le commissaire à l’Industrie Thierry Breton. Sans livrer de détails : « Nous ne sommes nullement contraints de donner les raisons pour lesquelles nous prenons [de telles] décisions », a-t-il insisté.



Pour TikTok, « cette suspension est malavisée et fondée sur des conceptions fondamentalement erronées. Nous sommes surpris que la Commission ne nous ait pas contactés directement, ni ne nous ait donné l’opportunité de nous expliquer », a déploré l’entreprise dans un communiqué. « Nous avons sollicité une réunion afin de rétablir la vérité et expliquer comment nous protégeons les données de 125 millions d’utilisateurs à travers l’Europe », ajoute la plateforme.