VIDEO. Pourquoi la Fête de la VOD casse les prix en proposant des films à deux balles

CINE SUR CANAPE De jeudi à dimanche, la première Fête de la VOD brade les films à la location à 2 euros. Pour le public, c’est l’occasion de faire le plein de nouveautés et, pour le secteur, celle de convaincre de nouveaux spectateurs…

Christophe Séfrin
Jusqu'à dimanche, comme ici sur Filmo TV, toutes les nouveautés cinéma en vidéo à la demande sont à 2 euros.
Jusqu'à dimanche, comme ici sur Filmo TV, toutes les nouveautés cinéma en vidéo à la demande sont à 2 euros. — DR

300 millions d’actes locatifs, 40 plateformes, 70.000 œuvres disponibles dont 15.000 films : la vidéo à la demande (VOD) a réussi son pari, ou presque. Pour ses 10 ans, le secteur* s’offre une «  » pour davantage se faire connaître et apprécier : dès ce jeudi 6 octobre et jusqu’à dimanche, toutes les locations de longs-métrages sont à 2 euros. Pas forcément intéressant pour les anciens films (souvent déjà à ce tarif), mais plutôt enthousiasmant pour les nouveautés, comme   ;   ;  ,   ou   traditionnellement en location à 4,99 euros.

« 35 % à 40 % des téléspectateurs et internautes ont déjà essayé la VOD et consommée de manière régulière. Mais ce n’est pas à la hauteur de nos espérances », confesse à 20 Minutes Marc Tessier, le Président du SEVAD (Syndicat des éditeurs de vidéo à la demande). « Deux tiers des Français n’ont jamais essayé la VOD. Nous sommes très en retard par rapport à d’autres pays européens comme l’Allemagne. En 2015, le secteur a généré 300 millions d’euros de recettes. Il devrait être à des niveaux bien supérieurs », confirme Bruno Delecour, fondateur de Filmo TV, une des 12 plateformes de VOD adhérentes au SEVAD*. Alors, qu’est-ce qui cloche ?

Le prix des locations est-il trop élevé ?

« A 4,99 euros la nouveauté, il est presque anecdotique », selon Pascal Lechevallier, président de what’s Hot, société de conseil média. A ce tarif, le spectateur peut louer un long-métrage récent, le regarder lorsqu’il le désire durant 30 jours après son acte locatif, et le visionner autant que désiré durant 48 heures après le lancement de son premier visionnage.

Surtout, depuis deux ans maintenant, il peut en profiter sur tous ses écrans : téléviseur, tablette, smartphone, ordinateur. L’ordinateur ? Sans doute l’un des grands coupables quant au manque d’ardeur des spectateurs à se précipiter sur la VOD.

 

« A l’époque où l’on ne pouvait regarder des films en VOD que sur un PC, nombreux sont ceux qui ont connu une mauvaise expérience. Mais la technique a terriblement évolué », rassure Bruno Delecour.

Le piratage est-il l’ennemi à abattre ?

Pas seulement. Selon l’Alpa (Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle), 30 % de Français ont utilisé au moins une fois par mois un site de piratage de séries ou de films en 2015. Mais les autres verrous restent nombreux. « L’offre télévisuelle très riche ou le  font de l’ombre à la VOD. Tout comme la fermeture de la fenêtre locative au bout de 10 mois pour que les nouveautés puissent être diffusées en télévision », note Pascal Lechevallier. La SVOD (la VOD sur abonnement, comme   ou  , NDLR) est-elle un frein ? « Nous ne sommes pas ennemis, il s’agit même du secteur qui se développe le plus actuellement en termes de volumes », constate Marc Tessier à la SEVAD. Et, comme le constate Bruno Delecour de Filmo TV qui pratique autant la VOD à l’acte que la SVOD (avec 200.000 abonnés) : « Du fait de la chronologie des médias – la VOD propose des films 4 mois après leur sortie en salles ; la SVOD 36 mois après, NDLR-, il y a une complémentarité entre les deux. »

Alors, y a-t-il trop de plateformes VOD ?

Nos interlocuteurs s’en défendent. Le mythe de l’opérateur unique existe dans la VOD depuis l’origine. Certes, les FAI qui proposent directement sur leur box Internet leur propre plateforme VOD n’invitent pas forcément à aller voir ce que font leurs concurrents. Reste que l’offre française est plurielle et c’est ce qui en constitue la richesse. Comme avec  qui privilégie le cinéma indépendant ou   qui propose près de 5.000 documentaires…

« Ce qui manque justement, c’est plus de plateformes indépendantes, innovantes, pour mettre en avant la richesse de la production audiovisuelle », pense Pascal Lechevallier de what’s Hot. Reste que les gros consommateurs de films en VOD sont des boulimiques de cinéma qui n’hésitent pas, depuis une bonne année, à également acheter des films en téléchargement définitif pour en profiter n’importe où, n’importe quand, depuis le cloud. D’après nos informations, ces nouveaux usages représenteraient déjà près d’un quart des revenus du marché. « C’est un public qui aime le cinéma et qui est prêt à payer pour du cinéma », confirme Bruno Delecour.

Aves leurs nouveautés à 2 euros au lieu de 4,99 euros jusqu’à dimanche, les plateformes de VOD espèrent élargir leur clientèle et fidéliser de nouveaux spectateurs. Pas sûr cependant qu’elles parviennent à convaincre ceux pour lesquels le gratuit a toujours eu meilleur goût.

*Arte VOD ; Canalplay VOD ; FilmoTV ; FnacPlay ; FranceTVPluzzVAD ; Imineo ; MyTF1VOD ; Nolim ; Orange Vidéo à la Demande ; SFR Club Vidéo ; Univerciné ; VidéoFutur ; VodeoTV.