SANTEMalgré la fronde, le gouvernement baisse les tarifs des cliniques

Malgré la fronde, le gouvernement baisse les tarifs des cliniques

SANTECes tarifs entreront en vigueur samedi...
Illustration de personnels d'une clinique privée.
Illustration de personnels d'une clinique privée. - SAURA PASCAL/SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

L'épreuve de force continue: malgré la fronde des cliniques qui refusent d'accueillir les étudiants infirmiers en stage, le ministère de la Santé a baissé leurs tarifs pour 2014, tandis que ceux des hôpitaux vont rester stables.

Les sommes versées par l'Assurance maladie à chaque établissement de santé en fonction des actes qu'il réalise sont basées sur ces tarifs.

Fixés chaque année par le gouvernement, ils entreront en vigueur samedi, après la parution ce vendredi de plusieurs arrêtés tarifaires au Journal officiel.

Les établissements privés accueillent chaque année 35.000 élèves infirmiers

Les tarifs des cliniques privées vont baisser de 0,24% en 2014 (-0,21% en 2013) et ceux des hôpitaux vont se stabiliser (-0,84% en 2013).

Au total, les crédits supplémentaires affectés aux établissements de santé pour 2014 représentent 1,7 milliard d'euros, fait valoir le ministère, qui évoque un «effort important dans le contexte des finances publiques que l'on connaît».

Se disant régulièrement maltraitées par le gouvernement par rapport au public, les cliniques avaient anticipé la baisse des tarifs en annonçant qu'en réaction, elles n'accueilleraient plus les étudiants infirmiers en stage à partir de samedi.

«On continue notre résistance», a réagi auprès de l'AFP Lamine Gharbi, responsable de la FHP-MCO, branche des établissements de médecine-chirurgie-obstétrique de la Fédération de l'hospitalisation privée, à l'origine du mouvement.

«La FHP sacrifie les étudiants»

Dans un communiqué, la FHP-MCO a dénoncé vendredi un «pacte d'irresponsabilité», estimant que cette baisse «menace un secteur entier d'étouffement économique».

Les établissements privés accueillent chaque année 35.000 élèves infirmiers en première, deuxième ou troisième année. Les stages sont obligatoires pour valider le diplôme en soins infirmiers.

Evaluant à 7.000 le nombre d'étudiants privés de stages, le ministère de la Santé a indiqué que près de 90% d'entre eux avaient trouvé une solution.

D'autres structures - hôpitaux publics, établissements privés à but non lucratif, centres de lutte contre le cancer - les accueillent.

Pour la Fédération des étudiants en soins infirmiers (Fnesi), reçue jeudi par la ministre de la Santé Marisol Touraine, la «crise actuelle» résulte «d'un conflit politique entre la gauche et la droite» dont les étudiants «sont les victimes».

La FHP «sacrifie les étudiants sur l'autel des campagnes électorales en cours», selon elle.

Malgré les efforts du ministère pour replacer les stagiaires, «la question de la qualité des stages se pose, certains risquent de se retrouver à 10 dans un même service», a dit à l'AFP Bastien Herry, secrétaire général de la fédération, précisant que les situations étaient «très disparates» selon les régions et le poids local de l'hospitalisation privée.

Au compte-gouttes

La Fnesi doit décider samedi d'éventuelles actions à venir et n'écarte pas la possibilité d'une manifestation nationale. Plusieurs happenings ont été organisés vendredi dans les instituts de formation, comme à l'hôpital Sainte-Anne à Paris.

«Nous avions anticipé et demandé à notre centre hospitalier (public) d'augmenter ses capacités d'accueil. C'est un peu le bazar. C'est au compte-gouttes», a témoigné le directeur de l'Institut de formation en soins infirmiers d'Orthez, Patrice Millet.

Dans le même institut, Solène Garrigue, 24 ans, déléguée des étudiants de première année, a le sentiment «que les étudiants ont été pris en otage».

Les cliniques «se voient appliquer un dispositif de reprise progressive du bénéficie du Crédit d'impôt compétitivité (CICE) ainsi que le gouvernement l'avait annoncé», a expliqué le ministère.

Contrairement aux hôpitaux, les cliniques bénéficient du CICE, ce qui leur permet d'être exonérées de charges à hauteur de 140 millions d'euros.

Pour gommer cet avantage par rapport au secteur public, le gouvernement compense en agissant sur les tarifs. Cette campagne tarifaire «s'inscrit dans le cadre du redressement des comptes publics», qui prévoit une économie de 577 millions d'euros en 2014 dans les hôpitaux, a rappelé le ministère.

L'évolution des dépenses d'assurance maladie (ondam) pour 2014 devra être limitée à +2,3% pour les établissements de santé.

La Fédération hospitalière de France, qui représente les hôpitaux, a constaté pour sa part «avec satisfaction» les tarifs 2014 étaient construits «sur des règles plus équitables».