Coupe du monde: Rajevac, l'inconnu des quarts
MONDIAL2010 Milovan Rajevac, l'entraîneur du Ghana, sort de nulle part. Ou presque...
De notre envoyé spécial à Johannesburg,
Ce type est un jeu de piste à lui tout seul. Il a 56 ans, il s’appelle Milovan Rajevac, il est Serbe, et c’est peut-être lui qui va emmener une équipe africaine pour la première fois de l’histoire en demi-finale d’une Coupe du monde. Joueur, il a porté le maillot de l’Etoile Rouge de Belgrade, mais aussi des moins connus FK Borac Cacak, Vojvodina Novi Sad et Sloboda Uzice. A chaque fois ou presque, il y est revenu sur le banc. On a parlé d’une carrière de footballeur en salle aux Etats-Unis, mais c’est en suivant suivre Bora Milutinovic sur un banc du Qatar qu’il s’est formé au métier d’entraîneur. Pour en savoir plus, on a misé sur du local. «Je ne peux pas vous aider, je l’ai découvert comme presque tout le monde lors du mondial. Au pays, il a une petite notoriété», explique à 20minutes.fr le Montpelliérain Nenad Dzodic.
«Faire quelque chose de grand»
Difficile d’expliquer comment Rajevac s’est retrouvé sur le banc d’un candidat au dernier carré. Ce qui est certain, c’est que la réputation du foot serbe a joué à plein au pays d’Abedi Pelé. En 2006, son compatriote, Ratomir Dujkovic, a emmené le Ghana en 8e de finale. «Je dois le remercier, car les Ghanéens cherchaient spécifiquement un entraîneur serbe», explique le bonhomme, qui a succédé à Claude Le Roy à la tête des Black Stars. Cravate mal ficelée, barbe de trois jours, on lui trouve un look de sergent de police usé par le service dans un polar américain. Suivi comme son ombre par son interprète anglais, Rajevac tient bon depuis deux ans. Peu avant le début de la compétition, le pays le voyait comme un doux dingue. «Si les joueurs font ce que je leur demande, s’ils respectent les consignes, nous ne partirons pas simplement pour participer mais pour faire quelque chose de grand», avait-il promis. Aujourd’hui, le parcours remarquable de ses troupes en Afrique du Sud a fini de lui assurer un soutien sans faille à Accra.
Forfaits et concurrence
Pour ça, il n’a pas ménagé sa peine. Quand certains «sorciers blancs» se contentent de quelques coups de fil pour bâtir leur équipe, Rajevac, lui, a mouillé la chemise. «Il aurait pu se limiter à l’équipe A. Mais il a dirigé l’équipe locale pendant le Championnat d’Afrique des Nations (la CAN des joueurs évoluant en Afrique)», loue Kwesi Nyantakyi, le président de la fédération ghanéenne. Il a aussi réussi à imposer une vraie concurrence, même pour les stars comme Muntari ou Appiah, pas toujours au niveau. C’est plus facile de leur dire de poser leur auguste fessier sur le banc quand la génération qu’il a sous la main a remporté le championnat du monde des -20 ans l’année dernière. Aujourd’hui, «l’énergie des plus jeunes est contrebalancée par l’expérience des plus anciens», explique André Ayew. C’est aussi tactiquement qu’il a fini par faire taire son vestiaire, et tout le pays avec. « Parfois, il peut faire des choix curieux que vous avez du mal à comprendre en tant que joueur. Mais une fois sur le terrain, les choses se passent comme il l’avait prévu», promet Gyan. Contre l’Uruguay, ce sens tactique devra encore faire des miracles. Le buteur rennais, touché à la cheville, est forfait. En défense, les deux Mensah et Vorsah seront eux aussi absents.