Coupe du monde: Rajevac, l'inconnu des quarts

MONDIAL2010 Milovan Rajevac, l'entraîneur du Ghana, sort de nulle part. Ou presque...

Antoine Maes
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Le coach du Ghana, le Serbe Milovan Rajevac, lors de la Coupe du monde en Afrique du sud, en juin 2010. 
Le coach du Ghana, le Serbe Milovan Rajevac, lors de la Coupe du monde en Afrique du sud, en juin 2010.  — Reuters

De notre envoyé spécial à Johannesburg,

Ce type est un jeu de piste à lui tout seul. Il a 56  ans, il s’appelle Milovan Rajevac, il est Serbe, et c’est peut-être lui  qui va emmener une équipe africaine pour la première fois de l’histoire  en demi-finale d’une Coupe du monde. Joueur, il a porté le maillot de  l’Etoile Rouge de Belgrade, mais aussi des moins connus FK Borac Cacak,  Vojvodina Novi Sad et Sloboda Uzice. A chaque fois ou presque, il y est  revenu sur le banc. On a parlé d’une carrière de footballeur en salle  aux Etats-Unis, mais c’est en suivant suivre Bora Milutinovic sur un  banc du Qatar qu’il s’est formé au métier d’entraîneur. Pour en savoir  plus, on a misé sur du local. «Je ne peux pas vous aider, je l’ai  découvert comme presque tout le monde lors du mondial. Au pays, il a une  petite notoriété», explique à 20minutes.fr le Montpelliérain Nenad  Dzodic

«Faire quelque chose de grand»
Difficile d’expliquer comment Rajevac s’est retrouvé  sur le banc d’un candidat au dernier carré. Ce qui est certain, c’est  que la réputation du foot serbe a joué à plein au pays d’Abedi Pelé. En  2006, son compatriote, Ratomir Dujkovic, a emmené le Ghana en 8e de  finale. «Je dois le remercier, car les Ghanéens cherchaient  spécifiquement un entraîneur serbe», explique le bonhomme, qui a succédé  à Claude Le Roy à la tête des Black Stars. Cravate mal ficelée, barbe  de trois jours, on lui trouve un look de sergent de police usé par le  service dans un polar américain. Suivi comme son ombre par son  interprète anglais, Rajevac tient bon depuis deux ans. Peu avant le  début de la compétition, le pays le voyait comme un doux dingue. «Si les  joueurs font ce que je leur demande, s’ils respectent les consignes,  nous ne partirons pas simplement pour participer mais pour faire quelque  chose de grand», avait-il promis. Aujourd’hui, le parcours remarquable  de ses troupes en Afrique du Sud a fini de lui assurer un soutien sans  faille à Accra. 

Forfaits et concurrence
Pour ça, il n’a pas ménagé sa peine. Quand certains  «sorciers blancs» se contentent de quelques coups de fil pour bâtir leur  équipe, Rajevac, lui, a mouillé la chemise. «Il aurait pu se limiter à  l’équipe A. Mais il a dirigé l’équipe locale pendant le Championnat  d’Afrique des Nations (la CAN des joueurs évoluant en Afrique)», loue  Kwesi Nyantakyi, le président de la fédération ghanéenne. Il a aussi  réussi à imposer une vraie concurrence, même pour les stars comme  Muntari ou Appiah, pas toujours au niveau. C’est plus facile de leur  dire de poser leur auguste fessier sur le banc quand la génération qu’il  a sous la main a remporté le championnat du monde des -20 ans l’année  dernière. Aujourd’hui, «l’énergie des plus jeunes est contrebalancée par  l’expérience des plus anciens», explique André Ayew. C’est aussi  tactiquement qu’il a fini par faire taire son vestiaire, et tout le pays  avec. « Parfois, il peut faire des choix curieux que vous avez du mal à  comprendre en tant que joueur. Mais une fois sur le terrain, les choses  se passent comme il l’avait prévu», promet Gyan. Contre l’Uruguay, ce  sens tactique devra encore faire des miracles. Le buteur rennais, touché  à la cheville, est forfait. En défense, les deux Mensah et Vorsah  seront eux aussi absents.