France-Argentine : Dix salopards et un Messi, la prophétie albiceleste s’est réalisée

FOOTBALL Annoncée favorite, l’Argentine a remporté une Coupe du monde qui lui était promise. De la seule manière possible : avec vice et talent

William Pereira
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Messi et son garde du corps Paredes
Messi et son garde du corps Paredes — CHINE NOUVELLE/SIPA

De notre envoyé spécial en enfer,

C’était écrit. Un peu trop, diront les mauvais perdants et autres amateurs de pétitions en ligne. L’Argentine sur le toit du monde pour la 3e fois, 36 ans après l’épopée de Maradona, portée par un Lionel Messi en bout de route. The Last Dance, comme on dit dans le monde du ballon orange. Pas tout à fait, d’ailleurs. Le Parisien n’a pas tardé à annoncer au micro de Tyc Sports que, tout compte fait, il prolongerait bien l’aventure, que, bon, la troisième étoile sur le maillot a été si difficile à décrocher, autant flamber un peu avec avant de partir.

« Je veux continuer de jouer pour l’Argentine pour faire honneur au titre de champion du monde. C’est le titre qu’il me manquait et le voilà. C’est fou. Il s’est fait attendre. J’ai hâte d’aller le fêter au pays pour voir la folie là-bas. »

Bain de foule à Doha parmi les Argentins… et les Indiens

La Pulga et ses coéquipiers se sont offert un petit échantillon du feu d’artifice qui les attend à Buenos Aires en paradant dans les rues de Doha au milieu d’une foule acquise à leur cause. Une autre raison de croire ce Mondial leur était promise. Loin devant l’inexistante équipe qatarie et au côté du Maroc, l’Argentine jouait à domicile. Encore dimanche, à Lusail, les trois quarts des tribunes étaient couleur albiceleste, et qui sait combien d’enceintes il aurait fallu bâtir pour accueillir tous les supporters argentins de Doha. Et pas qu’Argentins. Révélations du tournoi, les supporters indiens n’ont eu que le nom de Messi dans la bouche pendant un mois, ajoutant un peu plus de poids à un soutien déjà massif, quitte à frôler l’overdose.



L’histoire se rappellera que tout aurait pu mal finir, pour les hommes de Lionel Scaloni, après un début à l’envers face à l’Arabie saoudite. Défaite historique et pas dans le bon sens du terme. C’était hier. L’équipe argentine, honteuse, à la file indienne en zone mixte. Pas un pour regarder autre chose que la moquette, surtout pas Di Maria, tapi derrière Dibu Martinez pour mieux fuir les questions. Un fiasco salutaire, « qui nous a fait grandir » dira Messi. « Après ça, on a dû jouer cinq finales », diront tous les autres. Pratique avant de disputer la vraie. Avec un scénario déjà parfaitement travaillé en quarts de finale contre les Pays-Bas. Mener 2-0, se faire reprendre au buzzer, puis gagner aux tirs au but en étant détestables. Travaillé en laboratoire par des professionnels.



Gagner sale, l’ADN argentin

En mettant de côté le succès tranquille face aux Croates, les Argentins n’ont eu aucun match facile. Tout a été grinta, souffrance et « roublardise » pour paraphraser Deschamps. Leur campagne aura été un bel hommage à l’idée que l’on se fait de cette équipe depuis la main de Dieu en 1986 : un savant mélange de vice et de talent à vous rendre taré. On a d’ailleurs un temps été touchés par le « gagner sale » de ces types portant sur leurs épaules les espoirs d’un peuple aux portes du fanatisme et prêts à tout pour les concrétiser. Amusés aussi : Messi en bad boy face à Van Gaal, Leandro Paredes ou De Paul en éternels fouteurs de merde, Martinez qui mange le cerveau des Oranje, niveau entertainment, ça se place là.

Après la finale, tout a changé. Aucune mauvaise foi française. Enfin si, sans doute un peu, la même qui nous fait dire que l’Albiceleste a obtenu trois fois trop de penaltys au long du tournoi, en comptant celui de dimanche. Mais il y a eu trop de grossièretés, et pas assez d’esprit Coubertin dans la manière d’accueillir la troisième étoile. Et c’est d’autant plus rageant que Deschamps, Varane et Lloris, ont tous trois félicité l’Argentine pour sa victoire finale « sans se chercher d’excuses ». Pas pour autant que Dibu Martinez a eu pitié de nos Bleus en zone mixte.

« On contrôlait le match et ils ont égalisé avec deux tirs de merde, a balancé l’étrange gardien de l’Albiceleste en zone mixte. C’était notre destin de souffrir car on a marqué le but du 3-2, puis l’arbitre leur a donné un autre penalty. » L’hôpital et la charité, vous connaissez la chanson.

Mbappé sifflé jusqu’au bout

Si encore, il ne s’agissait que de ça. L’infernal gardien d’Aston Villa, dont le QI est probablement égal au nombre d’étoiles sur le maillot de son équipe nationale, s’est fendu d’un geste obscène en mondiovision au moment de recevoir son trophée de meilleur gardien. Moment choisi pour nous rappeler que Diego Simeone, qui jadis avait fait pareil geste face caméra, est également argentin. Filiation logique. Bref, pour clore le chapitre Martinez, sachez que ce génie a réclamé à ses partenaires dans le vestiaire une minute de silence pour Kylian Mbappé. Le même qui venait de lui planter un triplé, avec un supplément pénoche pendant la séance de tirs au but. Le culot à son paroxysme.

La palme de la connerie revient hélas aux supporters argentins. Ces derniers n’ont pas pu s’empêcher de siffler Mbappé à la mort au moment où l’attaquant des Bleus traînait sa peine sur le podium pour récupérer un trophée de meilleur buteur dont il se contrecarre. L’Argentine aurait pu s’élever par la mansuétude de ses applaudissements, elle s’est abaissée à la puérilité de ses huées. Qu’ils fêteraient le Mondial dans le mauvais esprit, ça aussi, c’était écrit.