VIDEO. JO 2018: Martin Fourcade était «potentiellement le meilleur» (sic), et pourtant, il s'est sacrément vautré au tir... Voilà pourquoi

BIATHLON Ouh le « fail » ! Martin Fourcade termine 8e du sprint. Et il ne peut pas dire que c'est la faute du vent, selon son entraîneur de tir...

Jean Saint-Marc
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Martin Fourcade a fait trois erreurs (pour ceux qui n'y connaissent rien : c'est énorme).
Martin Fourcade a fait trois erreurs (pour ceux qui n'y connaissent rien : c'est énorme). — AFP
  • 8e du sprint, ce dimanche, le porte-drapeau Martin Fourcade a complètement loupé son entrée en lice aux Jeux.
  • C’est l’Allemand Arnd Peiffer qui, à la surprise générale et grâce à un sans-faute, remporte l’or.
  • Martin Fourcade a manqué trois balles au tir couché (c’est énorme), en raison d’un souci de réglages sur le pas de tir, estime son entraîneur Franck Badiou.

De l’un de nos envoyés spéciaux à Pyeongchang,

« Je suis le meilleur. » Martin Fourcade  vient de faire huitième du sprint des Jeux olympiques, trois fautes en dix tirs, et pourtant, il parvient à prononcer ces mots. Avec un « potentiellement » au milieu et un « peut-être » aussitôt après, précisons-le. Et citons Martin directement dans le texte, tiens, tant qu'à faire :

J’étais prêt pour aller chercher un titre. Mais une course, ça se regarde sur une liste de résultats, pas sur un potentiel. Aujourd’hui, potentiellement, j’étais peut-être le meilleur athlète (sic). Mais au final, il y en a trois qui montent sur le podium. Et moi, je les regarde en vous parlant. »

Pas bien longtemps, d’ailleurs. Face à la presse écrite, Martin Fourcade n’a répondu qu’à trois questions. Une minute et 41 secondes de Fourcade sur notre valeureux dictaphone, qui résiste mieux que nos doigts aux -11 degrés en zone mixte. -21 degrés ressentis : conséquence du vent, évidemment. « Les conditions sont difficiles à gérer », nous rassure Quentin Fillon-Maillet - nous ne sommes pas des pleureuses. « Le tir est déjà compliqué en temps normal, mais là, avec le vent et le froid aux doigts, ça devient très dur », reprend le 48e de ce sprint olympique.



Alors, est-ce le vent qui explique cette contre-performance de Martin Fourcade ? Le porte-drapeau n'en sait rien (en tout cas, c'est ce qu'il nous dit) :

Peut-être que Franck (Badiou, son entraîneur de tir) vous le dira mieux que moi. Moi, à chaud, je ne comprends pas. J’avais super bien abordé cette course. C’est la grande course que j’ai le mieux gérée d’un point de vue émotionnel dans toute ma carrière. J’étais prêt, mais ça ne bascule pas de mon côté. »

Il n’en dira pas plus. Mais il nous a donné un bon conseil, alors on est allés voir Franck Badiou. On l’a retrouvé tout près du bus de l’équipe de France, la clope au bec pour faire passer la déception. Il n’a pas encore débriefé la course avec Fourcade (« c’était pas le moment pour ça »), mais il accepte volontiers de le faire avec nous, avec une très pédago et très précise explication technique. Pour ne pas trop vous paumer, en voilà sa substantifique moelle, avec des jolies couleurs.

>> Non, ce n’était pas « la loterie. » Franck Badiou refuse de se cacher derrière l’excuse du vent. La course a failli être annulée, certes… Mais les bourrasques s’étaient calmées pendant le sprint. « Ce n’était pas la loterie, non ! On avait un vent plus ou moins fort, mais souvent dans le même sens. Et le pire – et ça arrive ici – c’est quand il est faiblard et qu’il se retourne. Il se retourne sur tes deux dernières balles, tu les loupes… Tu lèves la tête de la carabine, le fanion est déjà dans l’autre sens… Et le gars se dit : « c’était quoi ça ? »

>> Mais Martin Fourcade a mal analysé la situation. Les fanions… Nous y voilà. Ils étaient (sans doute) au cœur de toutes les conversations, dans le bus qui a ramené l’équipe de France au village olympique. C’est grâce à eux que les biathlètes analysent le vent, pour « corriger » leurs réglages, faits avant le départ. Franck Badiou : « Martin a eu sous les yeux les indices, il a pu les évaluer. Et moi je pense sincèrement que c’est juste une estimation de ce qu’il avait. Il s’est dit « ça rentre dans ma fourchette, je le tente ! » C’est peut-être l’effet JO, on est trop prudent, on se dit « ne change rien, joue ta partition. » »

Une partition qu’il faut corriger d'urgence : la poursuite, c'est déjà demain (lundi, 13 heures). Vous êtes inquiets pour Martin Fourcade ? Pas son coach de jeunesse. « Pour moi, il reste le favori demain. Il a fait trois fautes, c’est rarissime, avec seulement deux fautes il gagnait, tant il était rapide», assure Denis Boissière à 20 Minutes. Et le vent, et les fanions, et les réglages, alors ? « Une de ses grandes forces, c’est de corriger le tir. C’est le cas de le dire, d’ailleurs. »