JO 2016: Comment Airbnb va profiter à mort des Jeux de Rio

JEUX OLYMPIQUES Le site propose 35.000 logements dans la ville brésilienne à des prix souvent exorbitants...

Romain Baheux
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Airbnb propose 35.000 logements à Rio.
Airbnb propose 35.000 logements à Rio. — YASUYOSHI CHIBA / AFP

A Rio,

On connaît quelques foyers londoniens où ça va râler sévère devant ces Jeux olympiques de Rio. Probablement pas à cause des résultats britanniques, quoique les sujets de sa Majesté auront du mal à être aussi performants qu’à domicile en 2012, mais davantage en songeant à leur compte bancaire. Menacés de plus de 23.000 euros d’amende s’ils s’amusaient à louer leur logement sur Airbnb pendant les précédents JO estivaux, les particuliers anglais ont appris avec plaisir que les Brésiliens ne seraient pas traités de la même manière.

Mieux, ils sont encouragés à s’y inscrire, et de manière officielle s’il vous plaît. En mars 2015, le comité d’organisation de l’événement annonce la signature d’un contrat de partenariat, dont le montant est resté confidentiel, avec le site d’hébergement entre particuliers. Une première pour les JO, davantage habitués à s’appuyer sur le réseau local hôtelier pour accueillir les visiteurs. Problème, il est dans ce cas précis insuffisant pour garantir un lit aux 500.000 étrangers attendus pour les Jeux, la faute au retard du secteur touristique brésilien.


« Longtemps, nous n’avons pas eu conscience de l’opportunité que représentait ce secteur de l’économie pour un pays comme le nôtre, souligne Vinicius Lummertz, président de l’Office du tourisme du Brésil. On a beau avoir construit des hôtels à Rio, notamment à Barra da Tijuca (le quartier du parc olympique), on s’est tournés vers Airbnb car on a vu ce qu’ils étaient capables de faire pendant la Coupe du monde de football. A Curitiba, ils nous avaient trouvé 10.000 chambres en trois mois. »

Un aperçu des locations proposées par Airbnb à Rio de Janeiro.
Un aperçu des locations proposées par Airbnb à Rio de Janeiro. - Capture d'écran Airbnb

De 2012 à 2016, le site de locations entre particuliers est parvenu à faire bondir son catalogue à Rio, passant de 900 à 35.000 logements disponibles. La cité maritime est devenue le quatrième plus gros marché d’Airbnb derrière des mastodontes comme New York, Londres et Paris. Plombés par les difficultés économiques du pays, de nombreux Brésiliens y ont vu un moyen de ne pas basculer dans le rouge dès le 10 du mois.


« J’augmente mon prix de moitié, j’avais déjà fait ça pour le Mondial, raconte Téo, loueur d’une chambre à 77 euros la nuit dans le quartier de Botafogo. Rio devient une destination touristique, on subit nous aussi l’inflation de certains biens. Je ne vois pas pourquoi je ne me rattraperais pas ailleurs. » Dans certains quartiers, les JO ont vraiment fait péter les prix. Pour suivre les deux semaines de compétition, comptez plus de 3.000 euros pour un T3 à proximité du parc olympique.

Le client typique Airbnb de ces Jeux ? Un Brésilien une fois sur deux (contre seulement 6 % lors de la Coupe du monde), qui lâche 150 euros par nuit. Pour l’instant, l’entreprise annonce plus de 55.000 réservations sur la période des Jeux olympiques. « Ça montre l’utilité de ce partenariat, glisse Vinicius Lummertz. C’est une nouvelle réalité, et on s’y est adapté. » Et encore désolé les Londoniens.