Taxe à 75%: «Si on voulait tuer le foot français, on ne ferait pas autrement», estime Bernard Caïazzo
Il n’y aura donc pas de matchs de L1 et L2 le dernier weekend de novembre. Les présidents de clubs ont décidé d’organiser une «journée blanche» pour exprimer leur mécontentement par rapport à la taxe à 75% qui pourrait les toucher. Une première, dont le président de Saint-Etienne Bernard Caïazzo se félicite.
Vous avez donc décidé à l’unanimité de ne pas jouer le dernier week-end de novembre. Le public est-il prêt à comprendre votre ras-le-bol?
Oui. Si tous les clubs se mobilisent, c’est qu’il y a une situation d’urgence. Tout Français aimerait que son entreprise participe à ses impôts. C’est injuste et inadmissible vue la situation financière de notre football. On veut arriver à fin novembre avec cette journée blanche. Il n’y aura pas de match, mais les stades seront ouverts. On pourra fêter le football. On pourra avoir des enfants et des joueurs au stade. on veut protéger notre passion.
Vouliez-vous mettre la pression sur François Hollande avant le rendez-vous de la semaine prochaine?
Non parce que ça a été décidé avant la prise de position. Je suis assez optimiste quand même pour ce rendez-vous. Le président de la république doit comprendre qu’on ne peut pas taxer des entreprises en déficit comme c’est le cas dans d’autres secteurs d’activité. Au contraire, on aide les entreprises. C’est pas parce qu’on est dans le football! Il n’y a pas que le football de Zlatan, de Falcao. Il y a aussi le football d’en bas. Il y a un football qui vit difficilement et fait très attention à ses dépenses. Nous sommes le pays le pays le plus fiscalisé en Europe. On est obligé de vendre régulièrement des joueurs. A partir de là, le niveau diminue. On veut lutter contre cela.
Vous semblez dénoncer une méconnaissance du gouvernement concernant le milieu du foot?
Je lis des débats à l’Assemblée nationale… On dit que quand on paye des transferts 100 millions d’euros, on peut payer 5% sur cette taxe. Mais où avez-vous vu des joueurs transférés 100 millions d’euros dans les clubs moyens français? Vous voyez Zlatan, Falcao. Tant mieux. Mais la classe moyenne du football à Saint-Etienne, Lyon, Lille et même Marseille, est en difficulté. Au mieux dans un léger équilibre. Mettre une taxe de 5% sur des entreprises déjà en déficit, c’est un non sens économique. Si on voulait tuer le foot français, on ne ferait pas autrement. On pousse ce cri du cœur parce qu’on n’a pas envie de décliner, vivre ce que Le Mans ou Sedan on vécu. Cette taxe va envoyer par le fond le foot français ou nous renvoyer aux années 60. Là, vous avez quelqu’un qui est malade et vous lui donnez un bon coup sur la tête.
Et s’il n’y a pas de consensus au terme de votre entrevue avec le président?
On ne peut pas l’imaginer une seule seconde. Comment un gouvernement peut envoyer des subventions en Bretagne pour aider une filière d’un côté, et de l’autre côté vouloir surtaxer des clubs de football en grande difficulté. C’est inadmissible.