Mondiaux de Moscou: Pierre-Ambroise Bosse est resté «le pote à qui il n’est rien arrivé d’exceptionnel»

Marc Nouaux
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Le Français Pierre-Ambroise Bosse lors des séries du 800m lors des Mondiaux de Moscou, le 8 août 2013.
Le Français Pierre-Ambroise Bosse lors des séries du 800m lors des Mondiaux de Moscou, le 8 août 2013. — KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP

 Ce mardi soir à 19h10, Pierre-Ambroise Bosse vivra sa première finale mondiale du 800 mètres. Qualifié dimanche après avoir terminé deuxième de sa demi-finale, il peut même espérer monter sur le podium en l’absence de quelques grands noms de la discipline. Dans son club de Gujan-Mestras, sur le Bassin d’Arcachon, où il a évolué entre 10 et 17 ans, on ne s’attendait pas forcément à ce qu’il atteigne ce niveau. «On n’aurait jamais imaginé ça, reconnaît Jean-Jacques Germaneau, le président du club de Gujan. C’est incroyable ce qu’il est devenu m’a d’ailleurs dit son premier entraîneur, Salvador Carreras, il y a quelques jours. On a rapidement vu ses qualités hors du commun, on savait qu’il était fort, mais pas au point de le voir en finale de championnats du Monde.»

«Il a été tout de suite au-dessus du lot, se souvient Arthur Ruty, qui a couru avec lui dès l’âge de 11 ans. En cross, il mettait des branlées à tout le monde. C’était lui et les autres. Mais il n’a jamais clamé qu’il serait un champion. Il souffrait comme tout le monde mais était déjà un énorme compétiteur dans l’âme. On le voit aujourd’hui, il souffre à mort mais c’est devenu son plaisir.»

«Comme un pote à qui il n’est rien arrivé d’exceptionnel»

Parti à 17 ans en sports-étude à Talence puis deux ans plus tard à l’INSEP, Pierre-Ambroise Bosse n’a pas oublié d’où il vient. Chaque fois qu’il est en Gironde, il ne manque pas d’aller saluer son club. «L’exemple type, ce sont les interclubs qu’il y a eu en mai, raconte le président gujannais. Il revenait d’un stage à Los Angeles. Il a vite pris un autre avion de Paris, puis, depuis Bordeaux, sa voiture pour aller à Libourne. Il voulait être là pour encourager ses copains. Il était d’ailleurs comme un fou à leur crier dessus au bord de la piste.»

Mais la complicté de Bosse avec ses anciens camarades ne s’arrête pas à l’athlétisme. Ses copains sont toujours les mêmes une fois qu’il a rangé les pointes. «Il nous envoie un message dès qu’il revient, explique Arthur Ruty. On sort ensemble, comme un pote à qui il n’est rien arrivé d’exceptionnel. C’est le mec qui a la tête sur les épaules. Il vient chez nous, fait sa soirée, balance des vannes et il fait beaucoup d’auto-dérision. Il n’a vraiment pas pris la grosse tête. Il a tout pour lui!»

La petite galette en fin de course 

Ce mardi soir, tous ses potes, anciens dirigeants et entraîneurs, seront donc comme des fous devant leur écran de télévision pour supporter la fierté du club de Gujan-Mestras. Et le président l’assure, «Pierrot» saura gérer la pression liée à l’enjeu de l’évènement. «Je pense qu’il sera prêt mentalement et psychologiquement, rassure-t-il. Il a fait une bonne campagne de meetings où il a déjà côtoyé les meilleurs du monde. Ce que je crains le plus, c’est l’accumulation des courses. Trois en cinq jours, il n’y est pas habitué.

Mais selon Jean-Jacques Germaneau, il en aurait gardé sous le pied. «L’explication est assez simple… il vomit à chaque fin de course lorsqu’il s’est donné à fond. On remarque qu’il s’isole toujours quelques instants après l’arrivée. Après sa demi-finale, il ne l’a pas fait. Cela veut dire qu’il était bien et qu’il lui reste encore quelques réserves.» Donc ne vous inquiétez pas si Pierre-Ambroise Bosse disparaît de votre écran de télé ce soir après sa finale. C’est une question d’habitude.