Saint-Malo : « Un navire de l’enfer »… Le plus gros chalutier du monde crée des remous
Pêche au gros•Plusieurs organisations appellent à un rassemblement ce jeudi contre le navire-usine « Annelies-Ilena », dans lequel la Compagnie des pêches de Saint-Malo a investi quinze millions d’eurosJ.G. avec AFP
C’est un véritable monstre des mers. Mesurant 145 mètres de long pour 24 mètres de large, l’Annelies-Ilena est considéré comme « le plus grand chalutier pélagique du monde. » Actuellement au large des côtes sud de l’Angleterre, ce navire-usine est capable d’avaler 400 tonnes de poissons chaque jour dans ses filets et d’en stocker 7.000 tonnes. Il cible principalement le merlan bleu qui est transformé à bord en pâte à surimi.
Une unité de production dans laquelle la Compagnie des pêches de Saint-Malo a investi 15 millions d’euros pour remplacer son vieux chalutier Joseph Roty II, le seul navire armé pour la production de surimi en Europe jusqu’alors. Battant pavillon en Pologne et propriété d’un puissant armement néerlandais, l’Annelies-Ilena n’est pas inconnu en Mauritanie où les pêcheurs locaux l’ont baptisé « navire de l’enfer » en raison « de ses pratiques de pêche destructrices ».
Pour dénoncer « ce pillage des océans », les associations Bloom et Pleine Mer vont manifester ce jeudi en fin de matinée devant la sous-préfecture de Saint-Malo, non loin du siège de la Compagnie des pêches qui compte 350 collaborateurs et trois navires. Un rassemblement qui débutera avec une chaîne humaine « représentant la taille démesurée du filet de l’Annelies Ilena, 600 mètres, soit deux fois la taille de la Tour Eiffel. »
Selon Laetitia Bisaux de l’association Bloom, ce méga-chalutier va « complètement à l’encontre de la politique pour soutenir la pêche artisanale » et menace toute la filière de la pêche côtière. « Après la course au gigantisme des navires marchands, la course des navires pilleurs des Océans est en route. Devrons-nous aussi la subir ? », s’interroge pour sa part Mor Glaz, association bretonne de défense de la mer et des marins.
La Compagnie des pêches répond aux critiques
Face aux critiques, la Compagnie des pêches de Saint-Malo a réagi dans un communiqué en indiquant qu’elle « n’exploite pas le navire en propre et n’en est pas propriétaire » et que son investissement dans ce chalutier géant n’augmentera pas son volume de production. « La part de quota de merlan bleu qui va être apportée au projet correspond à celle du Joseph Roty II », précise-t-elle, assurant qu’« aucun quota ne va être récupéré au détriment d’un autre navire ou d’un autre armement. »
Des arguments balayés par les opposants au navire géant qui réclament au gouvernement français « d’interdire immédiatement les navires industriels de plus de 25 mètres dans les eaux côtières françaises. »
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