Guillaume Decugis: «La curation réinjecte de l'humain dans le Web»

INTERNET Guillaume Decugis, fondateur de Scoop.it, explique pourquoi la curation peut faire du bien au Web...

Propos recueillis par Laurent Bainier
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Capture d'écran du site scoop.it
Capture d'écran du site scoop.it — DR

Lancé fin novembre 2010, Scoop.it permet de créer une page où collecter et commenter les articles qui nous semblent pertinents sur un sujet. De faire de la curation, en somme. Mais la curation, c'est quoi? Le fondateur du site (déjà fondateur de Goojet), Guillaume Decugis, décrypte ce concept.

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Un curator, ça sert à quoi?

En anglais, curator désigne le conservateur d’un musée. Transposé dans le domaine du Web, le curator devient celui qui sélectionne des infos, les assemble et les commente. Un site de curation, comme scoop.it, invente un nouveau moyen d'expression. Il nous permet de devenir rédacteur en chef de notre propre magazine, consacré au sujet qui nous intéresse.

En quoi est-ce différent  du blogging?

Le Web 1 donnait à lire à tous sur tout. Le Web 2.0 permettait à tout le monde d'écrire sur tout. La curation permet à tout le monde de devenir rédacteur en chef. Ecrire un blog, c’est faire le travail d’un journaliste. Ça demande du temps et des qualités d’écriture. Avec la curation, on blogue sans bloguer: on se contente de sélectionner des infos et de les commenter. C’est plus simple de contextualiser un contenu que de le produire, ou pour le dire autrement d’être rédacteur en chef plutôt qu'un rédacteur.

Vous prêchez un converti. Mais ça apporte quoi au Web?

Il y a une profusion de contenus sur Internet. Des sites comme Google utilisent des algorithmes pour les trouver et les présenter. Cela donne souvent des résultats approximatifs. La curation, elle, réinjecte de l'humain dans le Web. Elle s’appuie sur les choix d’internautes pour faire des découvertes grâce à la richesse des médias sociaux. Ce Web « humain » nous semble plus performant.

Finalement, quand on élimine un contenu ou qu'on en poste un autre sur son profil Facebook, on fait de la curation sans le savoir?

D'un point de vue mécanique, c'est le même principe. Mais il existe un biais sur Facebook: celui de l'amitié. Facebook est l'endroit où l'on veut plaire à tout le monde. Je suis fan de jeux en ligne, ce qui n'est pas le cas de l'immense majorité de mes amis. Si je les inonde via mon profil de vidéo de Wow, je risque de passer pour un affreux nerd.

Ils peuvent simplement cacher vos infos...

 Oui mais ce choix est binaire: caché ou faire apparaître, être ami ou ne pas l'être. Grâce aux outils de curation, on peut gérer nos différents centres d'intérêt. Sur Scoop.it, on ne suit pas une personne mais ses «topics», les sujets dont il est curator.

 Et le curator, il y gagne quoi?

 Le plaisir d’informer les autres, de s’exprimer. Et aussi d’être reconnu par ses pairs comme un référent sur un sujet.