Droits des femmesJulie Gayet salue l’arrivée de #MeToo dans le cinéma français

Julie Gayet donne son avis sur le #MeToo du cinéma en France

Droits des femmesL’actrice, réalisatrice et productrice félicite Judith Godrèche, Isild Le Besco et Anna Mouglalis pour leur prise de parole
Julie Gayet évoque la tempête qui secoue le cinéma français
Caroline Madjar (Cover Media)

Caroline Madjar (Cover Media)

Les accusations de Judith Godrèche, qui a porté plainte pour « viol sur mineur » contre Benoît Jacquot et Jacques Doillon, ont fait l’effet d’une bombe dans le cinéma français. Pour Julie Gayet, qui outre ses activités d’actrice, réalisatrice et productrice, est également membre du Collectif 50/50 et de la Fondation des Femmes, celles qui parlent sont « très courageuses », d’autant plus qu’elles « ont individuellement plus à perdre qu’à gagner ».

« Elles se retrouvent sous le feu des médias et risquent leur carrière. Mais leur courage nous permet de faire avancer les choses, de faire en sorte que cela n’arrive plus », explique-t-elle dans LeJournal.info.

« Double peine »

L’épouse de François Hollande donne un exemple concret : les deux actrices qui ont témoigné contre le réalisateur Jean-Claude Brisseau, condamné pour agression sexuelle en 2005, honoré par la Cinémathèque en 2018 et décédé en 2019, « n’ont plus jamais travaillé dans le cinéma ».

« C’est une industrie très violente pour celles qui parlent. Cela nous renvoie à la question des lanceuses d’alerte qui prennent la parole. Elles encourent la double peine : victimes de leur agresseur, victimes du milieu, qui n’aime pas que ces affaires soient rendues publiques », ajoute Julie Gayet.

La comédienne a également partagé sa propre expérience, comme à ses débuts, lorsqu’un agent l’a mise en garde. « Souvent on dénude (les jeunes actrices) et, pour certains hommes, c’est de "la chair fraîche". Il appelait cela le syndrome du "petit cochon" », explique-t-elle, abondant ensuite dans le sens de Judith Godrèche, qu’elle soutient. « Ces agresseurs sont aussi le produit d’une mentalité, d’une manière d’être, d’un système de représentation qui minimise leurs agissements », et non « des monstres », car ce serait « oublier le phénomène général, l’esprit ambiant, qui prépare et autorise les agressions ».

Changer les mentalités

Pour Julie Gayet, « l’important est que le cinéma se remette en question », et non procéder à un « lynchage public » de quelques-uns. Changer les mentalités prendra du temps, car, comme elle le note, si sa « génération estime que ces agressions doivent cesser et que c’est aux hommes de changer leur comportement », elle se retrouve entre deux feux : la génération précédente, qui « considérait que tout cela n’était pas vraiment un problème », et « la jeune génération » où « les vieux clichés perdurent ».

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