JO de Paris 2024 : Le projet de loi olympique et ses caméras avec algorithmes largement adopté par le Sénat

VIDEOSURVEILLANCE Son article phare permet l’expérimentation de caméras dotées d’algorithmes pour détecter des mouvements de foule suspects

N.C. avec AFP
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Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin dans un centre de vidéo surveillance à Beauvais, en mars 2021.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin dans un centre de vidéo surveillance à Beauvais, en mars 2021. — AFP

« Cheval de Troie » d’une vidéosurveillance généralisée pour les sénateurs écologistes et communistes, mesures « incontournables » pour sécuriser les JO 2024 de Paris pour les autres, le projet de loi olympique très axé sur la sécurité a été largement adopté mardi par le Sénat. Le texte a été voté par 245 voix pour et 28 voix contre. Examiné en procédure accélérée (une seule lecture par chambre) il va être transmis à l’Assemblée.

Débattu la semaine dernière, son article phare permet l’expérimentation de caméras dotées d’algorithmes pour détecter des mouvements de foule suspects ou éviter des « goulets d’étranglements dans les transports ». Ce dispositif va « contribuer à la sécurisation des Jeux » et servira pour « évaluer en temps réel les mérites de cette technologie », s’est félicité la sénatrice LR Agnès Canayer dont le groupe a voté pour.

« Nombreuses garanties »

Ces caméras d’un nouveau type pourront être déployées dès l’entrée en vigueur de la loi et pourraient donc être testées pour la Coupe du monde de rugby dans huit mois, avant d’aider à la sécurisation des JO de Paris et notamment sa cérémonie d’ouverture inédite sur la Seine le 26 juillet 2024.

Dans le rétroviseur, le fiasco de la finale de la Ligue des champions fin mai 2022 avec des spectateurs bloqués à la sortie du RER, d’autres sans billets escaladant les grilles du Stade de France, des familles aspergées de gaz lacrymo ou se faisant agresser. C’est « un jalon indispensable dans notre préparation aux JO », s’est satisfait après le vote la ministre des Sports et des JO, Amélie Oudéa-Castéra.



« En fait de vitrine, nous aurons une France sous cloche », s’est au contraire plaint l’écologiste Guy Benarroche, dont le groupe a voté contre. Même vent de colère chez les communistes qui voit dans ce projet une dérive sécuritaire. « On ne balaie pas ainsi les droits fondamentaux, vous entachez la popularité des JO », a accusé Eliane Assassi. Quant au groupe socialiste, il s’est abstenu car le gouvernement « n’a pas levé les doutes », a expliqué Jérôme Durain.

Face à ces critiques, le gouvernement a assuré que l’expérimentation des caméras, dites « augmentées », était entourée « de très nombreuses garanties ». Il a répété qu’il excluait la reconnaissance faciale. Le projet avait été retouché après l’avis du Conseil d’Etat et celui de la Commission nationale informatiques et libertés (Cnil). Celle-ci avait considéré d’ailleurs comme un « tournant » l’utilisation de l’intelligence artificielle dans les caméras de surveillance.

Des caméras pour pallier le manque d’agents de sécurité ?

L’association La Quadrature du net ne décolère pas, pointant le fait qu’une fois les JO passés, ces mesures seront pérennisées. Parmi les autres mesures liées à la sécurité, figure la possibilité d’utiliser des scanners corporels, qui jusqu’à présent ne sont utilisés que dans les aéroports français.

Ceux-ci pourront peut-être un peu pallier l’insuffisance d’agents de sécurité privée qui se profile. En effet, tant l’Etat que les organisateurs des JO craignent de ne pas avoir les quelque 20.000 agents nécessaires au minimum, parce que cette profession morcelée et mal payée a été mise à mal par la crise du Covid.

Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, n’a pas exclu une intervention de l’armée pour prêter main-forte pendant les JO, tout en minimisant cette éventualité. « Si, à la fin des fins des fins des fins, il manque un certain nombre de personnes, nous regarderons ce que nous pourrons faire. Mais nous pensons qu’un grand pays comme la France est capable de répondre à cet enjeu de sécurité privée », a-t-il assuré aux sénateurs.