Girondins de Bordeaux : En attendant King Street, la mairie est sollicitée par de potentiels repreneurs

INFO 20 MINUTES Alors que l’avenir du club reste flou, certains investisseurs ont fait connaître leur intérêt pour les Marine et Blanc auprès de la mairie

Clément Carpentier
Les Girondins vont-ils encore changer de propriétaire ?
Les Girondins vont-ils encore changer de propriétaire ? — NICOLAS TUCAT / AFP
  • Alors que la mairie de Bordeaux attend toujours de rencontrer les dirigeants de King Street, ces derniers ont décidé de mettre tout en stand-by d’ici le passage devant la DNCG.
  • Faute de réponse du fonds d’investissement américain toujours pas officiellement vendeur, de possibles repreneurs ont frappé à la porte de l’hôtel de ville ces derniers temps.
  • Certains ont retenu l’attention de la municipalité comme Olivier Létang l’ancien président du Stade Rennais.

C’est une lettre de quelques lignes mais elle a son importance quand on connaît la situation des Girondins. Une lettre avec en en-tête le logo de King Street, le fonds d’investissement propriétaire des Marine et Blanc et non celui du club. Un détail pas neutre. Elle est d’ailleurs signée de la main de Daniel Ehrmann, directeur du management de l’entreprise américaine en charge du dossier bordelais.

Cette lettre le maire de Bordeaux, Nicolas Florian (LR), affirme l’avoir reçue « le 25 ou 26 mai » en réponse à son gros coup de gueule sur la situation actuelle du club et à sa demande rendez-vous auprès de King Street. Son contenu a dû lui paraître assez familier. En effet, 20 Minutes a pu prendre connaissance de celle-ci et le discours reste le même du côté du propriétaire des Girondins :

  • King Street va respecter ses engagements notamment devant la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG).
  • Le fonds d’investissement renouvelle sa confiance à Frédéric Longuépée (Pdg du club)
  • Un nouveau rendez-vous avec la municipalité sera possible en fonction de l’évolution de l’épidémie de Covid-19

Mais personne n’est dupe dans les couloirs du Palais Rohan, « c’est juste le discours officiel dans cette lettre », glisse un proche du maire. En réalité, l’avenir du club semble beaucoup plus flou à court terme et c’est pour cette raison que ce collaborateur rappelle que Nicolas Florian « veut rencontrer Brian Higgins (le milliardaire cofondateur de King Street) et non Frédéric Longuépée ou Daniel Ehrmann pour savoir ce qu’il veut vraiment faire du club ».

Tout est en stand-by jusqu’au passage devant la DNCG

Si au niveau opérationnel Frédéric Longuépée tient aujourd’hui toujours la barre avec son bras droit Antony Thiodet, qui n’a jamais envisagé de démissionner, le fonds d’investissement américain semble de son côté de plus en plus s’inquiéter de  la situation notamment économique du club. En effet, les Girondins ont beau avoir vendu depuis le 1er juillet 2019 pour près de 60 millions d’euros avec le récent transfert de Paul Bernardoni à Angers (pour seulement 7.5 millions d’euros d’achat puisque le transfert de Rémi Oudin n’a pas encore été payé), le déficit reste très important. Selon les informations de 20 Minutes, les dirigeants bordelais, qui ont arrêté les comptes, s’apprêtent à se présenter devant la DNCG avec un déficit autour de 42 millions d’euros.

Un chiffre attendu mais qui n’a pas empêché Daniel Ehrmann d’exprimer son énervement auprès du club ces dernières semaines. En retour, le fonds d’investissement va ordonner dans les prochains jours à la direction de « tout geler » jusqu’à début voire la mi-juillet avec en ligne de mire le passage devant la DNCG. Devant le gendarme financier du football français, le propriétaire va comme il y a un an se porter garant des dettes en revanche une recapitalisation du club est, pour l’instant, exclue.


Au niveau sportif, tout est donc en stand-by. Le mercato dans le sens des arrivées bien sûr. Le recrutement du nouveau directeur technique du centre de formation est lui aujourd’hui suspendu alors que certains éducateurs en fin de contrat ne savent toujours pas de quoi sera fait leur avenir.

Faute de retour de King Street, certains s’adressent à la mairie

En attendant donc d’en savoir plus sur les véritables intentions de King Street, les rumeurs vont bon train sur un possible nouveau rachat des Girondins de Bordeaux. En l’absence de démenti formel du fonds d’investissement, elles courent même très vite dans les rues bordelaises. Parfois, jusqu’à la mairie de Bordeaux pour les plus fondées. Aujourd’hui, le seul candidat connu publiquement est Bruno Fievet, un chef d’entreprise amoureux des Girondins mais pour l’instant son dossier n’a retenu ni l’attention de King Street, ni celui de la mairie : « Sa surface financière est limitée, c’est bien de vouloir s’appuyer sur le tissu local mais ici en ce moment tout le monde cherche avant tout à sauver sa peau avant d’envisager investir dans un club de football. Difficile d’y croire. » Lui continue de construire son dossier et se dit toujours prêt à reprendre le flambeau alors que la municipalité n’a jamais répondu à ses sollicitations.


Selon nos informations, les équipes du maire sont bien plus attentives à deux autres projets. Le premier mène à Olivier Létang, l’ancien président du Stade Rennais. Révélé par le journaliste Manu Lonjon, 20 Minutes peut confirmer qu’il y a bien un intérêt de sa part pour les Girondins comme pour Toulouse il y a quelques semaines. « Bordeaux, c’est un club formidable dans une magnifique région. Il y a un gros potentiel mais vous savez, il est approché par beaucoup de clubs ou d’investisseurs. Une chose est sûre, il choisira ses actionnaires car il ne veut plus se retrouver dans la même situation qu’à Rennes », explique l’un de ses proches. Si la mairie envisage déjà de le rencontrer pour échanger, il n’y a à ce jour aucune discussion entamée avec King Street, « un actionnaire qu’il faut respecter », selon ce proche.

Le président du Stade Rennais Olivier Létang, ici en septembre 2018.
Le président du Stade Rennais Olivier Létang, ici en septembre 2018. - C. Allain / 20 Minutes

Un autre possible repreneur est venu frapper récemment à la porte de Nicolas Florian ces dernières semaines. Pour l’instant, il n’y a eu qu’une prise de contact mais la mairie en espère beaucoup. Pourquoi ? Parce que c’est notamment un ancien dirigeant qui joue le rôle d’entremetteur : « C’est un projet très sérieux mais complexe. Ces gens veulent être discrets car c’est le standard dans le business surtout quand on en est à un stade aussi embryonnaire », explique un proche du dossier. D’ailleurs là aussi, il n’y a pour le moment pas la moindre discussion avec King Street. Patience donc. Mais ces approches montrent bien que si le club vit une grave crise institutionnelle qui ternit son image, il attire toujours autant les investisseurs.