Fifa 16: Laure Boulleau répond à toutes les questions que vous vous posiez sur l’intégration des équipes féminines
JEUX VIDEO Vous pouvez désormais jouer avec l’équipe de France femmes…
« Il a voulu prendre l’aile, mais il s’est fait couper l’aile. » Désolé Hervé Mathoux et Franck Sauzée, mais il va falloir réenregistrer vos commentaires pour la nouvelle version de Fifa en y ajoutant quelques accords féminins. Le plus célèbre jeu vidéo de foot sort sa version « 2016 » jeudi et présente en effet une grande nouveauté : l’intégration, pour la première fois, d’équipe de filles. Laure Boulleau, latérale du PSG et de l’équipe de France, répond à toutes les questions que vous vous posiez sur ce que l’on peut considérer comme une petite révolution.
Est-ce important pour le sport féminin ?
Commençons par le commencement. Avant de parler notes, « gameplay », impressions visuelles et buts du milieu de terrain, prenons un peu de hauteur. Petite révolution, ce n’est pas forcément trop fort : pour le football féminin (et le sport féminin en général), cette date va compter dans l’hyper-rapide développement du nouveau sport préféré des Français. Ce n’est pas simplement une option dans un jeu vidéo, c’est un atout majeur pour la popularisation du football féminin.
L’avis de Laure Boulleau : « Je pense que c’est une grosse marche. On a franchi un paquet de marches médiatiques depuis quatre ans, mais celle-là est peut-être un peu plus haute que les autres. Fifa est un gros vecteur. C’est vrai que si on m’avait dit il y a dix ans que des filles seraient dans le jeu, je n’aurai pas misé de l’argent dessus. C’est génial, et il y a une vraie fierté à faire partie de tout ça. »
Peut-on faire faire des matchs mixtes ?
Nope. Comme il n’y a rien de plus dégradant pour le sport féminin que de constamment chercher à le comparer au masculin, l’éditeur EA Sports a décidé de ne pas donner la possibilité d’opposer équipe de filles contre équipes de garçons. Les équipes féminines sont donc à part – il n’y a que les sélections nationales, pas de clubs – et ne peuvent s’affronter qu’entre elles.
L’avis de Laure Boulleau : « C’est très bien car dans la vie ça ne se fera jamais. Et je le dis souvent, le foot masculin et le foot féminin, on a un tronc commun qui est énorme mais c’est un football vraiment différent. On est génétiquement totalement différent, chacun joue avec ses armes. Notre jeu est fait de plus de passes, de préparation. Ca aurait été une erreur : au final, les gens auraient pris les équipes féminines pour chambrer : ''ouais regarde je t’ai battu avec une équipe de fille'' quand l’adversaire a une équipe de garçon. Ça aurait été dévalorisant. »
Comment les joueuses sont-elles notées ?
Comme les équipes féminines sont donc « à part », les joueuses ont été notées comme les garçons. C’est-à-dire avec une note globale sur 100 calculée en faisant la synthèse de tout un paquet de caractéristiques (vitesse, dribble, passes, etc.). L’Américaine Carly Lloyd, considérée comme la meilleure joueuse du monde, pointe à 91, là où Messi présente 94 par exemple. Une seule française figure dans le Top 20 : Louisa Necib, avec un joli 90.
L’avis de Laure Boulleau : « Des filles ont des notes équivalentes à celles de Lionel Messi car elles ont ce statut-là avec les femmes. Carly Lloyd, elle va probablement être Ballon d’or et a marqué trois buts en finale de la Coupe du monde, dont un du milieu de terrain. Après, ça manque un peu de Françaises en toute objectivité. Amandine Henry aurait mérité mille fois d’être dans le top 20, tout comme Eugénie Le Sommer. »
Le jeu ressemble-t-il à la réalité ?
Plus les années avancent, plus le moteur graphique permet d’améliorer les ressemblances physiques et techniques entre la réalité et le virtuel. C’est aussi le cas pour les matchs d’équipes féminines. Les visages (relativement peu nombreux puisqu’il n’y a que les sélections) ont été soignés, tout comme le « gameplay » légèrement modifié pour ressembler au jeu (moins direct) des filles.
(L’Anglaise Houghton sous Fifa à gauche, dans la réalité à droite)
L’avis de Laure Boulleau : « Les joueuses sont assez ressemblantes au niveau des visages mais par exemple j’ai vu Elodie Thomis sur l’écran, et elle est un peu fine. Faut la voir en vrai ! C’est une flèche, un avion, elle a de ses quadris… Je pense qu’ils ont pris un corps féminin un peu standard et fait les têtes par-dessus. Mais il y a des petites choses sympas : moi je joue habituellement avec les chaussettes basses et ils m’ont mis les chaussettes basses. »